jeudi 20 juin 2013

Déambulations à Moscou (suite et fin...)

Churchill, qui avait un goût évident pour la formule disait : « La Russie est un secret, enveloppé d’un mystère qui dissimule une énigme ! ».

Aujourd’hui, on peut s’étonner qu’après avoir dominé le monde pendant un demi-siècle, la Russie, malgré les incroyables ressources naturelles et l’incontestable qualité académique de sa population, soit encore relativement peu intégrée au commerce mondial.

Un observateur, a d’ailleurs proclamé : « C’est le seul peuple au monde qui s’achemine résolument vers le XIXème siècle ». C’est probablement sévère, mais il faut chercher d’éventuelles frottes de frottement dans cette double tension qui anime l’histoire russe depuis plusieurs siècles : l’occidentalisme, plus perméable, plus ouvert aux idées européennes, caractérisé par Saint Petersburg et le slavophilisme plus national et plus présent à Moscou. D’un côté le regard est tourné vers l’Ouest, de l’autre vers l’Orient avec des milliers de kilomètres de profondeur.

Au niveau économique, la Russie souffre d’un sacré handicap qui est son très faible taux de natalité (1,3 par femme). Malgré son immense territoire, la population russe vieillit et diminue, ce qui est probablement aussi un indicateur de doute dans l’avenir.

Cinq jours à Moscou ne suffisent bien évidemment pas pour approcher ce mystère mais nous visitons cette immense ville dans les meilleures conditions. Il fait beau et chaud. Les routes sont très larges, les enfants peuvent enfin courir, les voitures respectent le code de la route, ils sont silencieux… No stress !

Idéalement situé sur la Moskova, la ville a été plusieurs fois incendiée et détruite (notamment par les Mongols et par la Grande Armée de Napoléon, qui a été bien punie puisqu’elle a été décimée pendant cette campagne où elle a perdu 90% de ses effectifs !).

En 1712, le tsar Pierre le Grand transfère sa capitale à Saint Petersburg mais après la prise de pouvoir par les Bolcheviks, Moscou est redevenue la capitale de la Russie mais aussi de toute  l’U.R.S.S. Elle a été un des centres du monde pendant près de 50 ans !

Staline voulait en faire une ville à la gloire du communisme. Il a profondément remodelé cette ville. Il fit donc raser la plupart des bâtiments anciens, monastères, églises, cathédrales pour y construire de gigantesques bâtiments, de larges avenues, des gratte-ciels et un métro recouvert de marbre.





Pour nous donner une idée de l’influence qu’a exercée cette capitale, nous courons à l’université de Moscou, gigantesque campus qui héberge… 40 facultés. Cette université, dominée par un immense gratte ciel a accueilli et formé une bonne partie des leaders du XXème siècle et notamment beaucoup de tiers-mondistes.





La visite du Kremlin demande une demi-journée pour profiter de ces trois incroyables cathédrales : la cathédrale de l’Assomption qui abrite les patriarches russes ; la cathédrale de l’Archange qui a couronné tous les tsars et qui accueille leurs tombes et enfin la cathédrale de l’Annonciation qui était la « cathédrale privée » de la famille des tsars. Toutes les trois ont des iconostases différents et d’une richesse inimaginable. Il faudrait des heures pour mesurer et apprécier chaque icône… Nous passons comme tous les autres touristes beaucoup trop vite…

On se demande pourquoi, Terminator Staline, n’a rien détruit de tout ce patrimoine religieux, alors qu’il logeait et gouvernait à quelques mètres ? Mystère de l’histoire !

Nous prenons le temps d’apprécier la très riche galerie Tretiakov qui regroupe la plus grande collection d’icônes russes dont la très célèbre « Trinité » de Roublev. Il s’agit d’une collection qui a été acquise par un particulier pour en faire don au pays. Sacré mécénat !

Les enfants marchent sans se plaindre… pendant que Maguelone continue à composer son Brevet des Collèges pour son deuxième et dernier jour ! Le soir, nous offrons aux filles le Ballet du Kremlin bien mérité pour un merveilleux Giselle. Les filles sont épatées par le nombre de musiciens et de figurants dans ce ballet classique. Belle initiation à la danse dans ce cadre.

Le lendemain, nous allons au fameux cirque Nikoline de Moscou, du nom d’un célèbre clown russe Les numéros sont assez classiques, sauf un incroyable final avec des éléphants. L’ambiance est dans la salle pleine. Les russes aiment vraiment le cirque. Nous aussi !

Entre temps, les parents se sont offert le fameux café Pouchkine, le meilleur de la gastronomie russe, dans un cadre majestueux, sur plusieurs étages et notamment au milieu d’une splendide bibliothèque.

Avant de quitter cette Russie que nous avons tant appréciée, papa part visiter à une cinquantaine de kilomètres de Moscou, le « Vatican orthodoxe russe », le monastère de Serguïev Possad.
Ce fabuleux complexe a été fondé en 1340 par le saint le plus vénéré du pays, Saint Serge de Radonège qui a contribué à la victoire définitive contre les Tatars. Il est depuis le saint patron de la Russie. Les cours intérieures sont pleines d’orthodoxes venus prier et intercéder et de touristes… venus les photographier ! L’ambiance n’est pas vraiment au recueillement !


Ce soir, nous prenons le train, en 3ème classe, pour Tallinn… avec une furieuse envie d’approfondir cette culture et la découvrir à d’autres moments de l’année.