mardi 28 mai 2013

Cinq jours merveilleux dans une famille d’éleveurs de l’Arkanghai

Sur la route de l’Arkanghai, à 500 kilomètres à l’ouest de Oulan Bator, nous nous arrêtons à Sand dunes, surnommé le « Petit Gobi », une petit désert de sable qui sort étonnamment de la steppe aride… Les enfants redécouvrent les joies du « bac à sable » gigantesque et dévalent ces dunes avec énergie. Là encore, nous sommes les premiers touristes de la saison…le camp est à nous… Maguelone, très consciencieuse, enchaine les annales pour préparer son Brevet des collèges qu’elle doit passer à Moscou et les autres s’enfoncent dans les dunes….


Le lendemain, nous découvrons l’ancienne capitale de l’empire Mongol, Kharkhorum. Qui n’aura été capitale qu’une quarantaine d’années, avant que le petit-fils ne transfère sa capitale à Khambalik... aujourd’hui Pékin !

Nous découvrons avec bonheur les restes du monastère Erdene Zuu Khiid, fondé en 1586 qui était le plus grand monastère du pays, jusqu’à 1937, date des purges qui ont fermé tous les monastères et massacré plusieurs dizaines de milliers de moines bouddhistes. Le monastère est aujourd’hui classé au Patrimoine Culturel de l’Humanité, espérons que ces vestiges échapperont ainsi à la folie dévastatrice des hommes !




Le communisme a détruit cet unique héritage du bouddhisme tantrique, ne laissant sur place que trois monastères sur la centaine qui existait. Une fois encore, après la folie des khmers rouges et l’hystérie de la Révolution Culturelle, nous nous questionnons sur la nécessité pour « construire  un nouveau monde » de faire un « tabula rasa » si irréversible et impitoyable.




Nous arrivons finalement à Tsetserleg, dans une superbe guest house et sa boulangerie, Fairfield Guest House, un des meilleurs hébergements de tout notre périple. Après une dizaine de nuits sous les yourtes spartiates, nous apprécions particulièrement cette qualité d’accueil, moquette, couette, lumière tamisée, douche chaude, le luxe !

Lucile en profite pour se faire réparer un bout de dent par un dentiste local, qui travaille avec les moyens du bord !

Nous découvrons surtout avec beaucoup d’intérêt le projet AVSF (http://www.avsf.org/) mis en œuvre en partenariat avec le GERES (http://www.geres.eu/) et animé avec talent et conviction par Lolita et Maxime.


Toute la famille a vraiment apprécié ces deux jeunes, avec lesquels, nous passerons d’autres soirées et après-midi, si enthousiastes et si appréciés de la Coopérative et de la Fédération des éleveurs qu’ils accompagnent.

Maxime est en charge du projet et tout particulièrement de la composante élevage. Engagé, agréable, attentif, solitaire mais très social, il aime vraiment son métier et souhaite s’y engager durablement ici ou ailleurs. Il regorge de projets à mettre en place ici ou ailleurs. Nous serons vraiment curieux de suivre sa trajectoire professionnelle dans les années à venir.


Le Waz, 4 x 4 russe increvable mais... souvent en panne !
Lolita intervient sur les questions maraîchères  Elle accompagne, entre autres activités, les éleveurs dans un projet de serres solaires qui permettent de rallonger la culture des rares légumes de quelques mois. Pétillante, enthousiaste, dynamique, impliquée, fille d’une figure du théâtre de rue (fondateur de la troupe de « l’illustre famille Buratinni » - http://illustrefamilleburattini.fr/http___www.illustrefamilleburattini.fr/Accueil.html), sa personnalité se conjugue parfaitement avec celle de Maxime pour un tel projet de renforcement institutionnel de la Coopérative et de la Fédération.

Ces deux jeunes que nous retrouverons en fin de semaine, accompagnés de leur ami Antonin, cameraman autodidacte, nous rappellent nos belles années de travail dans les associations humanitaires où nous avons recruté et accompagné de telles personnalités entières, créatives, réellement engagées et tellement séduisantes. Bel exemple pour les enfants qui poursuivront avec eux la soirée autour d’une guitare, au bord d’une rivière.



Avec la Fédération et son énergique président, ils organiseront notre super séjour dans une famille d’éleveurs.

Notre chauffeur, Ganaa, nous lâche pour d’obscures raisons mais nous sommes finalement heureux de découvrir les joies du Waz, fourgon 4 x 4 russe d’un autre âge… Evidemment, on nous avait prévenus, ça tombe souvent en panne et après un premier départ et une sacrée panne, nous rentrons au bout de quelques kilomètres à Tsetserleg. Finalement, le lendemain, nous repartons avec un autre Waz et un autre chauffeur, très intrépide mais tellement sympathique.



Avec ce moyen de locomotion d’un autre âge, nous allons traverser des paysages sublimes, canyons, steppes qui se verdit, montagnes enneigés, immense lac de Terkhiin Tsagaan Nuur et coulées de lave. Ca passe partout en consommant 20 litres au 100 km ! A ce rythme, nous  expérimentons évidemment la panne d’essence et aussi la solidarité entre conducteurs ! Evidemment, nous pensons à nos années haïtiennes, et notamment au Far Ouest, où arriver à destination dans des délais raisonnables tenait de l’improbable, voire du miracle !

L’accueil par la famille de Lagva Dondov est exceptionnel. Ils nous laissent leur unique yourte pour s’entasser dans une petite maison voisine. Le foyer se compose d’un couple âgé, super dynamiques, d’un petit enfant de l’âge de Timothée et de deux personnes qui viennent aider. Le papa est super réactif à tous les projets : poulets, serres, pisciculture et amélioration de son cheptel. Le site est fabuleux, au creux du canyon, le long d’une rivière glacée et protégé en partie du vent qui peut être vraiment fort et glacial. Une vingtaine de chevaux profitent du printemps clément en face du campement. Les nuits seront fraiches et nous allons épuiser leur maigre stock de bois de chauffage !

Le matin, après un débarbouillage dans la rivière fraiche et ensoleillée, nous participons chez le fils, à quelques activités d’éleveur : traite de la centaine de  chèvres, nettoyage de la bergerie pour récupérer le fumier, peignage des yaks pour en récupérer le précieux duvet qui est désormais commercialisé en Europe, aussi doux que le cashmere de chèvres et qui est à découvrir. www.http:/fairtradewool.wordpress.com et www.teixidor.com

L’après midi, nous poursuivons les quelques leçons du CNED qui nous restent. Les garçons bravent le froid pour se partager un petit tricycle tout cassé et courir après les animaux. Maguelone s’essaye à nouveau au galop. Justine et Guillemette, toujours créatives, inventent des jeux de plein air…

Ce sont vraiment des moments merveilleux de partage et de découverte de la vie d’une famille d’éleveurs. A cette période, ils travaillent beaucoup : traite des chèvres, agnelage et suivi des petits agneaux, peignage du duvet des yaks, préparation des campements d’été, maraichage, récolte des pommes de terre, sarclage des plus belles terres, suivi des chevaux et préparation du long hiver.

Ca nous parait rude, exigeant et pourtant il s’agit de la saison la plus agréable et « facile » au niveau des conditions climatiques. En hiver, par froid sec à des températures pouvant atteindre – 40°, les hommes doivent rassembler et surveiller leur bétail et notamment les chevaux qui peuvent s’éloigner de plus de 50 kilomètres.

Justine, qui s’est découvert une vocation de fermière, confirme après ces quelques jours son souhait et les frères et sœurs lui confient déjà quelques chevaux, yaks, ovins ou bovins à garder. A suivre…


Nous rentrons, dans ces paysages hallucinants, sur Tsetserleg pour passer un dernier après-midi avec nos jeunes amis français. Nous festoyons au bord d’une rivière, un feu de camp allumé pour déguster à l’occasion de nos 9 mois de voyages la fameuse charcuterie corse cadeau des cousins et les marrons. Merci Agnès !

Le lendemain, lundi 27 mai, nous rentrons en bus sur la capitale… Huit heures de bus pour 500 km sous… la neige bien épaisse… et deux heures d’embouteillages pour quelques hectomètres dans la capitale. Nous sommes hébergés par Haliun, une amie mongole, responsable du projet ASPO, qui ouvre pour la première fois sa toute nouvelle Guest House, située au cœur de la capitale, avec vue sur le palais présidentiel et le Parlement. Nous inaugurons ainsi cet hébergement et nous lui souhaitons une bonne continuation dans ce pays qui s’ouvre et qui décolle !

Notre séjour mongol touche malheureusement à sa fin. La Mongolie sera par ses paysages grandioses une de nos plus belles et reposantes étapes. Nous sommes déjà dans la nostalgie avec une réelle envie de revenir pour certains enfants… Maguelone « prospecte » les opportunités de stage !

Au-delà de son sous-sol si riche - qui attire quelques investisseurs plus ou moins scrupuleux - ce pays, qui sort d’une longue hivernation politique et climatique, a beaucoup à offrir aux visiteurs : paysages préservés, vie nomade, découverte rurale, solidarité, joie de vivre et simplicité des mongols. Ca va devenir à la mode pour nos civilisations à la recherche d’authenticité et de grands espaces…



Nous espérons que l’explosion constatée du tourisme s’inscrira dans une démarche de développement durable. Merci vivement à Cédric, Quentin, Lolita, Maxime, Mantra, Haliun et tous les autres de nous avoir facilité cette découverte !

mardi 21 mai 2013

A la rencontre des chevaux de Prezewalski


Après une nuit sur Oulan Bator, le temps de se ravitailler en produits fris opur compléter les repas de viande mongols, nous partons, toujours avec notre guide Ganaa, plein ouest. Nous avons prévu de visiter deux parcs naturels, l’ancienne capitale des petits fils de Gengis Kahn, le plus grand monastère du pays et ensuite de passer quelques jours sur le programme d’AVSF, excellente ONG qui intervient sur les questions d’agriculture et d’élevage et que nous avions connu et apprécié en Haïti.

Le séjour à Oulan Bator de papa a d’ailleurs permis de rencontrer les deux personnes qui nous ont vraiment beaucoup aidés dans la préparation de ce séjour mongol : Quentin, expatrié belge, récemment marié à une mongole et qui vit depuis 4 ans ici, il nous a trouvé le chauffeur et nous a conseillé sur un itinéraire et Cédric, responsable de ce projet mis en œuvre par cette ONG et dont il parle avec beaucoup de convictions, qui va organiser notre séjour dans l’Argankhaï auprès d’éleveurs qu’il connait bien. Merci à tous les deux qui ont consacré du temps pour organiser notre superbe séjour.

Tous les  deux revenaient d’ailleurs d’un trek de 10 jours, hors des sentiers battus, sur des routes et chemins peu fréquentés. Superbe de rencontrer ces deux expatriés, toujours fascinés après 4 ans, par ce pays. Ces discussions nous ont permis de découvrir la vie du peuple mongol en plein hiver ! C’est dur, long, glacial ! Il faut des ressources intérieures, une sacrée santé et quelques… bouteilles pour survivre !

Après une centaine de kilomètre, dans un froid et un vent vilent, nous arrivons ous la neige dans le Parc Naturel de Khustain. A cette période de l’année, la météo peut changer dramatiquement en quelques minutes. A Oulan Bator, nous avons expérimenté une tempête alors qu’il faisait un ciel bleu et 25° pendant toute la journée. Au Khurstain, nous avons aimé et marché dans la neige alors que le lendemain, le soleil brillera toute la journée.

Nous descendons, dans un campement de yourte, bien géré, à l’entrée du parc. Nous savons désormais, qu’il faut s’organiser pour résister au froid de la nuit : stockage de bois et de charbon, eau chaude pour le lendemain… Les nuis mongoles sont bonnes, silencieuses, longues et nous hibernons avec plaisir…

Dans la soirée, nous affrontons le froid pur aller découvrir un petit troupeau de chevaux de Prezewalski, seule race encore sauvage de chevaux sur le globe… Leur histoire mérite d’être contée.

En 1969, un berger mongol a aperçu au loin un cheval dit de Prezewalski, appelé du nom d’un colonel de l’armée russe qui les avait découverts en 1878. Cette découverte unique, car peu de spécimens, vivaient encore en Mongolie a convaincu un groupe de naturistes de se consacrer à la reproduction de l’espèce.

Au loin, les chevaux de Prezewalski
A l’époque, en 1990, on comptait seulement 1.500 chevaux de Prezewalski dans le monde, dispersés dans les zoos. La réintroduction a été faite en Mongolie entre 1992 et 2004. Il y en a aujourd’hui environ 340 sur deux parcs. Il s’agit de l’une des plus importantes opérations de réintroduction d’espèces jamais réalisées.

Les chevaux de Prezewalki est la dernière espèce de cheval sauvage dans le monde. Ils apparaissent sur les murs des grottes françaises qui les présentent comme les ancêtres des chevaux domestiques. Etonnamment, ils ont deux chromosomes de plus que tous les autres chevaux…

Rare histoire où la volonté des hommes a permis de sauver une espèce considérée comme presque éteinte…

…et troisième mariage des parents (encore ensemble !)


Lors d’un dîner familial en Birmanie, Maman et Papa avaient décidé de se… « remarier » (encore ensemble !).


Une cérémonie similaire avait déjà eu lieu, il y a cinq ans, à la naissance d’Augustin, dans notre petit village aveyronnais d’Ambouls. La cérémonie avait alors été animée par notre ami Norbert qui nous avait déjà mariés et qui avait baptisé nos cinq enfants ! A cette occasion, maman avait remis sa robe de mariée, papa avait ressorti la cravate et les enfants s’étaient réjouis de nous asperger de riz ! Augustin, qui venait de naître  était encore accroché au sein maternel pendant le renouvellement des promesses du mariage !

Cette fois-ci, les enfants ont préparé et ils ont imaginé, avec la complicité de Franck, un scénario : Maman a été habillée d’un drap blanc dont Timothée et Justine tiennent la traîne  elle arrive aux bras de Augustin – tout ému - papa l’accueille sur une petite estrade et la cérémonie commence…

Dans un premier temps, Franck questionne les enfants sur le mariage… La réponse la plus spontanée est celle d’Augustin. Franck « Les enfants, c’est quoi pour vous le mariage ? » Augustin réclame la parole et déclare : « Et ben, d’abord c’est les bisous puis après, le monsieur et la madame, partent se cacher derrière pour faire l’amour (sic !) ! »…

Après cette entrée en matière… Franck rappelle et questionnent les parents sur les quatre spécificités du mariage chrétien : libre consentement, indissolubilité, procréation et volonté d’élever les enfants dans la foi chrétienne. Les parents répondent, très émus, à ses questions.

Puis après une lecture de l’Evangile, commenté par Franck, les enfants posent les questions classiques du rituel liturgique… Les parents reformulent, avec beaucoup d’émotion et de certitude, leur engagement… Puis vient le temps des échanges d’alliances… et enfin… le temps du bisou, tellement attendu par les enfants… Le baiser plusieurs fois répété et bien cadré pour les photos J ! Timothée et Augustin se voilent les yeux de pudeur !


Maguelone et Guillemette ont sélectionné la chanson « les plaisirs démodés » d’Aznavour qui a le mérite d’alterner le slow puis le rock dans la même chanson !

Les filles font pêter les bouchon de champagne et de vin - qui seront bus d’une seule traite par les rares mongols présents… Franck allume son cigare légendaire… Mission accomplie… Il peut repartir le lendemain pour la France… Un nouveau mariage pour son press book de marieur ! Et la fête peut commencer !

La nuit de noce attendra… puisque papa et Franck doivent rentrer sur Oulan Bator en fin d’après midi !

Quinze années de bonheur et le renouvellement de la promesse du mariage devant ses enfants, témoins, tellement blagueurs et aussi émus. Deo Gracias !

La fin du voyage – les deux derniers mois - sera donc un voyage de noce… familial !



Sérénité et relecture des derniers mois de voyage…


Nous décidons de quitter le Terej, trop « peuplé » pour nous enfoncer un peu dans le Grand Est. 110 km en 5 heures sur la route et surtout sur des superbes pistes peu empruntées, qu’il faut deviner dans les montagnes. Le paysage des steppes est définitivement aride et parfois ingrat mais toujours magnifique. Il invite à la méditation et à une forme d’humilité…

Nous passons devant l’incroyable statue de Gengis Khan, la plus grande statue équestre du monde, qui accueille deux petits musées à sa gloire. Nous y montons pour dominer la vue incroyable avec un vent à décorner les yaks. Avec ces rafales… le cigare de Franck se consume en 10 minutes !

Guillemette fait l’expérience de porter un aigle, aux ailes géantes (une envergure de près de 2 mètres). La fauconnerie est aussi ancrée dans les traditions mongoles que l’équitation ou la lutte. Chaque année, plus de 2.000 faucons et aigles sont vendus aux émirats… Animal des grand steppes et des déserts. Quelle majesté te on comprend que quelques régimes dominateurs, se revendiquant de la force et de la puissance, l’ait choisi comme symbole !

Ces rapaces restent des heures, en vol, sans battre ailes, jouant avec les courants ascendants, inatteignables, ils dominent la nature et gare aux petits mammifères !

Finalement, après des heures de doutes, puisque le camp censé nous accueillir est encore fermé, nous arrivons dans un des rares camps de yourtes ouvert qui nous accueille. Nous sommes les premiers touristes de l’année. Nous sommes seuls, dans un paysage superbe, le long d’une rivière glaciale. Fabuleuse sensation…


Nous décidons donc d’y rester quelques jours, le temps du repos, de la réflexion, de méditation et de la prière. Une des rares frustrations des parents – pas des enfants qui trouvent souvent qu’on en fait trop J ! – est d’avoir peu de temps pour la prière. Ils vont rattraper le retard en Mongolie qui incite vraiment à la méditation !

Avec Franck, nous sollicitons les enfants pour relire leur mois de voyage et formuler des souvenirs, des acquis et de prochains engagements. La relecture est une tradition jésuite qui consiste à prendre le temps de contempler le passé et de le resituer dans un choix de vie. Il s’agit de faire une relecture chrétienne des événements, sensations et émotions, de rendre grâce et éventuellement de planifier et programmer le futur proche.

Entre deux discussions exigeantes, Justine et Guillemette, inventent le jeu de l’hélicoptère, qui consiste à essayer de résister le plus longtemps possible aux rafales fraiches de vent. Les deux garçons s’y essayent mais s’envoleraient !

Ils préfèrent finalement jouer à tirer des petites remorques qu’ils utiliseront des heures et des heures pendant ces quelques jours … Ils inventent des circuits dans ce camp et parcourent ainsi des kilomètres sans se fatiguer ! Le temps du repos, ils ne connaissent pas. Ils ne sont pas venus pour ça !

Le matin, c’est le moment de la douche dans la rivière glacée. Moment magiques. Qu’il est bon d’voir froid et de courir ensuite sous la yourte se réchauffer au feu de bois… Mais nous n’avons ni le courage ni la volonté des scandinaves qui sautent dans la neige pour se réfugier dans un sauna ! La toilette est assez courte !


Les enfants découvrent enfin les joies de l’équitation sur les petits chevaux mongols. Cette promesse parentale, depuis de nombreuses semaines, est enfin arrivée. Les filles, toujours sûres d’elles, exigent de monter seules… C’est plus compliqué et incertain qu’elles ne le pensaient ! Les mongols sont réticents à les laisser partir. A cette période de l’année, les chevaux sont épuisés par un long hiver –plus de six mois – et n’ont pas été montés pendant ces mois-ci. Il faut raisonner les filles, leur expliquer… Finalement, après quelques palabres et essais, elles se lancent. Guillemette est tétanisée au moindre écart. Justine se contente de l’allure du pas et les deux garçons sont tellement heureux d’être tenus ! La palme du courage (ou de l’inconscience) revient aux nombreux galops de Maguelone. Elle en redemande le lendemain et le surlendemain…Les parents, moins sûrs et plus peureux, s’y essayent aussi mais ils ont perdu leur souplesse et leur confiance, et bien sûr les chevaux le sentent !

Les enfants et Lucile resteront dans cet endroit merveilleux encore 48 heures pendant que papa retournera à Oulan Bator pour visiter un projet de développent urbain mis en place par une ONG française « Action solidaire – Pays oublié » dont il a entendu parlé par Aurélie et Florian, de bons amis rencontrés du Liban.

Voir le site de cette ONG : http://solidaritepaysoublies.org/

Dernières classes du CNED avant la préparation du Brevet...


jeudi 16 mai 2013

La Mongolie, en quelques dates et chiffres




  • Population : 3.000.000 habitants
  • Superficie : 1.566.500 km² (Trois fois plus grand que la France)
  • Densité : 2 habitants au km² ! (Une des plus faibles densités au monde)..
  • Nombre de têtes de bétail : 44.000.000 !
  • Religions : 80% bouddhiste Mahayana (tibétain), 10 athée et 5% de chrétiens
  • Système politique : démocratie parlementaire
  • PIB : 3.100 USD par habitant
  • Taux d’alphabétisation : 98%



Au cours des deux derniers millénaires, et malgré sa faible population, la Mongolie fut le berceau d’une histoire mondiale.

De ses espaces, déferlèrent des hordes de guerriers Xiongnu, Türks puis Mongols sur des petits chevaux, puissants et endurants.

Ils sont à l’origine d’empires transcontinentaux d’une ampleur géographique inégalée.

On comprend que la Chine, le fabuleux Empire du milieu, ait voulu s’en protéger, en construisant dès le 1er millénaire, la fameuse Muraille de Chine, renforcée à travers les âges… mais que les Mongols contourneront facilement. Inimaginable, mais de ces deux populations totalement inégales, c’est plus souvent la Chine, qui a pourtant inventé la poudre à canon et beaucoup d’armes modernes, qui subira les invasions des Mongols.

Les Xiongnu, connus pour être les ancêtres des Huns créent le premier empire des steppes en 209 avant Jésus-Christ. Cet empire couvrira toute la Mongolie, la Corée, le Lac Baïkal et au sud, une partie de la Chine. A la chute de cet empire, au IVème siècle, des tribus émigrent à la recherche de nouveaux pâturages et de nouvelles conquêtes. Au IV, l’une d’elle atteint l’Europe et fonde un empire de l’Oural à la Germanie. Ces archers, conduits par Attila, menacent Rome et ravagent une bonne partie de l’Occident. 1er empire transcontinental !

Gengis Khan

Au VIème siècle, un ordre nouveau s’installe en Mongolie avec l’émergence de tribus türks. Au-delà du pastoralisme, ils développent l’agriculture, construisent des villes et se lancent dans le commerce. Eux aussi, se répandent sur l’actuel territoire chinois et jusqu’au rives de la Méditerranée ! Second empire transcontinental !

Et puis, et puis… le célèbre Gengis Khan arrive ! Victime d’un rapt de sa femme, fervent adversaire des clans, Gengis Khan arrive à fédérer après de longues années de batailles, les nombreuses tribus mongoles. En 1206, il fonde l’empire mongol. Le nouvel Etat ne compte que un millions d’habitants. Avec sn armée (9 unités de 10.000 soldats) et sa garde personnelle de 10.000 membres, il parvient à l’emporter sur toutes les grandes puissances de l’époque et à soumettre des centaines de millions de personnes. On estime que l’empire mongol, à son apogée, regroupait, sous sa même autorité plus d’un terrien sur deux ! Du jamais vu !

Impitoyable dans le feu des batailles, Gengis Khan sera aussi un bon administrateur. Il accorde protection à ceux qui se soumettent. Il respecte la liberté de culte et encourage une propriété privée et le commerce transcontinental qui bénéficiera ainsi de nombreux relais (caravansérails) sur la Route de la Soie. A l’époque où les diplomates et ambassadeurs étaient passés par les armes, en cas de cas de conflit, il accorde la protection diplomatique aux représentants des autres nations et notamment les belligérants. C’est l’ancêtre de l’immunité diplomatique qui régit toujours les lois internationales. Sacré bonhomme qui sera nommé « Homme du Millénaire » par le très sérieux Washington Post. Son empire légué à ses descendants durera un peu plus d’un siècle.



Au XVème siècle, les Mongols s’allient aux Mandchous, pour conquérir à nouveau la Chie et fonder la dynastie Qing qui régnera près de 3 siècles.

En 1911, cette dynastie s’effondre et les Mongols se séparent de la Chine et forment un Etat indépendant dans les frontières actuelles. Il faut se souvenir aussi de l’épisode du Baron fou von Ungern-Sternberg merveilleusement décrit et dessiné par Hugo Pratt dans Corto maltese. Le XXème siècle va les voir passer sous influence chinoise jusqu’en 1921 puis sous influence russe jusqu’en 1990.

D’une certaine façon, on peut dire que la Mongolie n’a maintenu son indépendance que grâce à la rivalité entre les communistes russes et chinois. Chacun s’est satisfait de « tolérer » cet état-tampon qui limitait les ambitions de l’autre.

Au cours de la période communiste, la Mongolie a connu un développement social impressionnant (98% d’alphabètes), mais aussi des répressions impitoyables, aussi cruelles que els grandes purges soviétiques. En 1937, 27.000 personnes, soit 3% de la population, sont exécutées ou disparaissent. Près de 17.000 lamas, moines bouddhistes, sont tués et près de 700 monastères sont fermés.

En mars 1990, bravant des températures négatives, d’importantes manifestations réclament plus de démocratie. La transition est assez pacifique et une nouvelle constitution est rédigée. La Mongolie s’éloigne alors de la Russie et de son Comité Central qui lui dictait ses décisions. Aujourd’hui, la Mongolie est une des seules démocraties de la région qui respecte les droits fondamentaux des citoyens. Elle a développé des liens avec ses voisins mais aussi l’Europe, la péninsule coréenne et les Etats-Unis. Le pays a adopté un développement capitaliste et connaît une croissance économique régulière.

Cependant, le pays vit encore des moments difficiles avec une pauvreté rurale réelle, un exode rural important et un développement de quartiers urbains dans des conditions d’insalubrité. Le pays a de bons atouts, notamment de sacrés réserves minières dont un énorme gisement de cuivre et d’or dans le désert de Gobi. Après des années de faible gouvernance, le pays doit s’engager sur une stratégie de développent durable au service du plus grand nombre. 


Oulan Bator, capitale en mouvement pour un peuple nomade…


Nous sommes vraiment heureux et excités de nous retrouver dans ce train que nous attendions avec impatience. Nous aimons le mouvement, le bruit des wagons, les arrêts dans les gares reculées. Nous aimons bavarder simplement avec les autres voyageurs, lire allongés sur nos couchettes, jouer en famille…

Timothée et Augustin ont le droit d’escalader les couchettes et de se promener dans les wagons. Ils sont les coqueluches du train, mais le geste affectif n’est plus de pincer la joue, comme pour les 8 premiers mois, mais de toucher les cheveux. C’est plus agréable et acepté par les enfants ! Aucun risque qu’ils ne disparaissent puisque toutes les portes donnant sur la voie sont fermées à clef et que chaque wagon a au moins deux ou trois assistants. Le seul risque est de se bruler au « samovar » ancestral, alimenté au charbon et qui fournit de l’eau bouillante pour le thé et pour ces fameuses nouilles instantanées qui inondent toute l’Asie et que les filles aiment bien.

Nous avons une trentaine d’heure devant nous. Le train est toujours, pour nous, l’occasion d’une relecture des journées précédentes et une programmation des prochaines journées. Franck nous accompagne, nous questionne, entre deux cigares. C’est un plaisir de relire les dernières semaines avec lui, toujours disponible, drôle et simple.

Nous nous invitons aussi dans le wagon restaurant pour apprécier la bière locale ou nous offrir un repas. Comme d’habitude, les menus s’étalent sur plusieurs pages mais finalement, on est tous au même régime ! Sur le transmongolien, les wagons restent les mêmes (soit chinois soit russes), seul le wagon restaurant change en fonction du pays traversé ! A cette occasion, nous découvrons le chou… Mauvaise nouvelle pour les enfants, enfin heureuses de quitter les pays « épicés », ce légume peu apprécié va nous poursuivre à chaque repas jusqu’en Europe de l’Est !

Le passage de la frontière se fait en 4 heures, le temps de changer les « bogies », c’est-à-dire de porter chaque wagon et de le reposer sur d’autres essieux. Les russes (et donc les mongols) et les chinois utilisent un écartement des voies différent. Ils ont peur, l’un et l’autre, d’être envahi par l’autre ! Malheureusement, nous n’assisteront pas à la manœuvre mais les wagons sont portés par d’immenses grues et déposés sur d’autres essieux.

Le paysage mongol, à travers le désert de Gobi est… désertique ! Juste de la steppe, sèche et aride – on sort de près de 6 mois d’hiver. Il y voit beaucoup plus d’animaux (chevaux, chevaux et ovins) que d’hommes. Il y a un ratio de 13 chevaux par homme dans ce pays, qui semble avoir inventé l’équitation.

Parfois quelque yourtes et bâtiments autour de mines à ciel ouvert. Les soviétiques ont labouré ces étendues vierges pour en tirer toutes les richesses minières (charbon, or, cuivre). Il y a 300 mines dans le pays. Les russes ont aussi surexploité les terres, par des quotas de production. On estime à 70% les pâturages dégradés. 80% des espèces végétales auraient disparu.

Le train s’arrête dans des gares presque vides, frappées par un vent glacial… Des passagers en descendent. Mais où peuvent-ils aller ?

Le lendemain, en début d’après midi, nous arrivons à Oulan Bator, la capitale, la fameuse Urga qui est devenue la capitale au 1911. Initialement, les capitales mongoles suivaient le rythme des saisons et des déplacements des troupeaux. Chacin portait sa yourte (250 kg) sur ses chameaux. Urga s’est urbanisé au début du XXème siècle. A partir de 1930, les russes y bâtirent une ville dans un style soviétique (immeubles d’un bloc, théâtres et bâtiments administratifs gigantesques) autour de la place principale, la place Sükhbaatar.

Désormais, elle héberge 1.200.000 sur les trois millions de mongols et accueille un exode rural important. De nouveaux quartiers se créent. La ville et aussi victime d’embouteillages importants.

Nous logeons dans un appartement de Mantra, une amie de Haliun, responsable d’une ONG « pays oubliés », animés par un beau-frère d’un bon ami du Liban. L’appartement est parfait. Nous profitons d’avoir notre cuisine, notre salle de bains et pour les enfants… leur télé ! Augustin et Timothée font des courses à cheval sur des vélos et des jouets d’un enfant. L’appartement est situé en centre-ville. Génial…

Nous aimons Oulan Bator, très active avec de larges avenues, qui s’ouvre à toute vitesse à l’occidentalisation. La scène musicale et les soirées sont, parait-il, très animées mais très souvent… arrosées !

Bruno dépose ses demandes de visas russes dans une agence agréée, seule habilitée à nous faciliter cette dernière obtention de visa. En effet, les russes sont stricts – normalement, ils ne donnent le visa, que sous certaines conditions dans le pays d’origine. Evidemment, nous sortons des clous… donc nous sollicitions leur « bienveillance » ! Les services consulaires ruses sont très longs. Il leur faut 12 jours ouvrables pour délivrer un visa de tourisme et il faudra suivre, à la lettre, l’itinéraire prévu et déclaré…

Papa et Franck visitent le musée d’histoire mongole, très bien fait, qui retrace cette culture et histoire exceptionnelles et qui traite la période communiste de façon très lucide, informative et assez distante. Ils découvrent la richesse de cette culture mongole, nomade, qui a construit des empires inégalés.

C’est le dernier jour de l’année universitaire et on assiste ainsi à des groupes de centaine d’étudiants qui viennent célébrer sur la place centrale leur diplôme. Très agréable et amusant de voir cette population qui sort d’une forme « d’hivernation », en jupe très courte, vraiment très courte, pour profiter des premiers rayons de soleil.

Le soir, nous assistons à un superbe programme de danse et de chants, par une troupe mongole de grande qualité. Nous découvrons ainsi les incroyables diphonies mongoles (khöömii) ainsi que les danses traditionnelles et les contorsions inimaginables.

Le lendemain, nous faisons la connaissance trop rapide d’une famille hollandaise de quatre enfants qui rentrent, pendant 6 mois, en voiture d’Australie, où ils ont vécu 10 ans, jusqu’en Hollande. Famille vraiment épanouie et ouverte, ils nous confirment que le voyage en voiture a ses propres contraintes mécaniques et surtout administratives ! Il faut en effet avoir des permissions spéciales pour la voiture pour traverser les frontières. Ainsi ils privilégieront l’Asie centrale à la Russie, trop compliqué.

Nous partons avec deux voitures et notre guide, Ganaa, dans le Parc National du Terej que nous découvrons en weekend. Situé à moins de 50 km de la capitale, il attire un monde fou, le weekend. Superbe vallée, assez boisé, aux formations granitique incroyables.

Nous atterrissons dans un « geer camp » (camp de yourtes) que nous partageons avec des groupes de jeunes. Le lieu est agréable, dans une belle vallée, pas encore verte, mais boisée. Malheureusement, nous n’irons pas trop vers eux. Dès le matin, les hommes vident de nombreuses bouteilles de vodka qu’ils réalimentent au cours de toute la journée. Cris, bagarres et disputes sont fréquents. Impressionnant de voir ce peuple, aux visages si doux, aux attitudes si prévenantes et accueillante devenir des « guerriers » d’une rare agressivité. L’alcoolisme est une véritable plaie, résultat d’un long hiver, de longues journées et d’un réel ennui en province, comme en ville.

Nous passons notre première nuit glaciale sous la yourte. Evidemment, nous ne savons pas entretenir un feu qui s’éteint au milieu de la nuit. Au réveil, tout le monde a le nez rouge. Les lits sont réduits à une planche de bois et une mince couverture. Dur et froid ! Mais nous sommes heureux de découvrir cet espace circulaire et très convivial. Nous allons nous y habituer puisque nous devrions y dormir une vingtaine de nuits.


Le lendemain, dimanche, nous profitons d’une messe familiale, avec Franck. Ces moments de prières en famille, dans un paysage extraordinaires, sont émouvants. On mesure vraiment notre chance de pouvoir consacrer du temps dans un tel espace à l’essentiel. Deo Gracias !




vendredi 10 mai 2013

Réunion de famille sur la Place Tiananmen

Pékin s’est aussi et surtout l’occasion de retrouver les cousins germains, arrivant de France à 4, Agnès, Vincent, Eléonore et Louis-Grégoire. Ils ont laissé deux de leurs filles en France et à Rotterdam, Karen et Clémentine pour préparer leurs concours et finir Erasmus.

Ils viennent partager quelques jours notre route et aussi retrouver Clara, leur fille aînée, étudiante depuis 4 mois en Chine, à Shanghai.

Les retrouvailles se font, partiellement, au Temple des Lamas, plus grande temple bouddhiste tibétain, en dehors du Tibet, qui a été préservé par la Révolution Culturelle, probablement à cause du Panchen Lama, plus accommodant avec les autorités que le Dalaï Lama.

Puis, ensemble, en soirée, nous retrouvons Clara, sur la place Tiananmen… Tellement facile à reconnaître, même au milieu de milliers de touristes chinois, grande et blonde, elle est toujours précédée de son sourire… On entend déjà son rire à quelques stations de métro ! Filleule de Lucile et marraine d’Augustin, elle irradie de sa bonne humeur et de sa simplicité.

Nous retrouver tous sur la grande place de Tiananmen, personne n’aurait pu l’imaginer !

Nous pensons avec émotion, aux événements de Tiananmen, où une aspiration démocratique des étudiants fut réprimée sauvagement. Les autorités ont désormais installé un système de filtre, de barrage, de barrières et de contrôle qui en fait, certainement, l’un des lieux les plus surveillés de la planète ! Avec aucune possibilité de s’assoir… et de flâner trop longuement.

Le Mausolée de Mao trône au cœur de la place, rompant ainsi la splendide perspective de la plus grande place du monde. Combien d’années faudra-t-il pour que le Grand Timonier soit déchu de son trône et finisse conspué comme les autres dictateurs du siècle précédent ?

Avec les cousins, nous allons visiter les principaux spots de Pékin et de ses environs… A 12 dans un minibus, nous commençons par la Grande Muraille, majestueuse et inutile ! Comme notre ligne Maginot, elle n’aura retenu aucun conquérant !

Alors qu’elle s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres, tout au Nord du pays, nous la découvrirons avec… des milliers de touristes chinois ! Qu’importe, en marchant un peu, on s’éloigne des foules et on imagine ces soldats, en veille et alertes, à la manière du livre de Dino Buzatti, le « désert des tartares ».

Les enfants apprécieront vivement le télésiège pour monter et plus encore le toboggan pour redescendre… Là encore, tout est bien organisé, bien huilé.

Le lendemain, nous visitons la Cité Interdite, vidée de ses trésors par Chang Kai Tchek. Les bâtiments sont toujours là. Ils ont résisté au temps. On imagine Mao, sur la terrasse, supervisant les défilés de l’Armé Rouge. Cette Cité nous rappelle la richesse de la culture chinoise avec son histoire plusieurs fois millénaire. Au XIXè, la Chine était déjà la plus grande puissance du globe mais s’isolait des influences étrangères. Elle est en train de le redevenir, en s’ouvrant au monde.

En train de nuit, nous partons à Pingyao, petite ville à 500 km de Pékin, qui s’est développée, sous la dynastie Ming, lorsque des commerçants y ont créé les premières banques du pays. Préservé du remodelage cher au planificateurs communistes, classée par l’UNESCO au Patrimoine Mondial de l’humanité, Pingyao a été préservée et se tient tranquille sereine, autour de ses remparts. La ville vit autour de ses touristes mais elle a beaucoup à offrir. Nous descendons d’ailleurs dans une superbe Guest House TYK (Pinyao Tianyankui Hotel) aménagée dans plusieurs cours, comme les temples que nous visitons.

A Pingyao, nous récupérons, notre ami Franck, prêtre jésuite, rencontré par papa dans ses camps MEJ. Toujours positif, le cigare au bec, cette force tranquille et décontractée de 70 ans, sera le meilleur compagnon de jeux des enfants. A vélo, en bateau, choisi pour être aussi leur compagnon de dortoir, il est aussi assaillit par les câlins de Timothée, sans doute en manque de « grand-père »…

Nous quittons à Pingyao, les cousins que nous retrouverons pour une ultime après-midi et une soirée pékinoise avant notre départ. Ils partent sur Xian que nous n’avons pas inscrit sur notre parcours. Il faut toujours en garder pour avoir envie de revenir !

Après ces trois jours merveilleux sur Pingyao, nous rentrons avec Franck sur Pékin pour profiter une dernière fois de ses parcs et de son Palais d’été.

Nous assistons, en soirée, avec plaisir à un spectacle d’acrobaties chinoises, quelques contorsions inimaginables, et des numéros très créatifs et aériens en vélo, avec des ombrelles ou des chapeaux.

Papa et Franck profite de la matinée du lendemain pour visiter le Musée National sur la place de Tiananmen. Etonnant bâtiment, qui fait face au Parlement, de l’autre côté de la place, construit suivant les concepts communistes où l’homme est une poussière, écrasée par la structure de béton !

Ce musée, qui a été rénové, dispose de 5 étages immenses mais malheureusement un seul étage est consacré à la « Chine ancienne » ! Ce que le régime appelle la « Chine ancienne » débute au Paléolithique et s’achève à la veille de la prise de pouvoir communiste ! Plus de 5.000 ans sur quelques mètres-carrés !

Le « temps de la renaissance » qui couvre la période communiste dispose lui-aussi d’un étage de peintures, à la gloire du Grand Timonier. Malgré la propagande, on ne peut s’empêcher d’apprécier ces visages, ces poses de ces ouvriers et paysannes, en mouvement. Cet art, à la gloire du régime, sera un jour très apprécié et collectionné.

Mais malgré une culture chinoise d’une rare richesse, le musée est assez pauvre. Est-ce là encore le résultat de la Révolution culturelle, il nous semble qu’une telle culture mériterait plus d’espace et doit receler d’autres trésors que ceux exposés… L’Occident et la France, tout particulièrement, ont de la chance de bénéficier d’une culture de la préservation !

Nous sommes vraiment étonnés, voire choqués, de la manière de traiter le passé. Par exemple, il n’y a qu’une seule vitrine sur la religion ! (et encore, c’est la religion des occidentaux), juste une reproduction de la carte du jésuite italien Mattéo Ricci.

Il n’y que très peu de référence aux traditions religieuses à travers les âges dans ce pays qui héberge pourtant trois sagesses bien vivantes, le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Les vitrines mentionnent plutôt les échanges commerciaux, la littérature, les modes de vie… sans intégrer cette composante religieuse ou spirituelle. Très perturbant !

Après un dernier dîner entre cousins, nous embarquons avec Franck de la gare centrale de Pékin, à bord du mythique K3 – le Transmongolien qui part pour Moscou qu’il atteindra dans 6 jours. Nous nous arrêterons une vingtaine de jours en Mongolie… Mais nous sommes tellement heureux d’être arrivés à cette étape… qui était un des nombreux buts de notre périple. 






A l’assaut de la ville-Etat, Pékin…


Trente heures de train, supers moments bien reposants de préparation de notre dernière étape chinoise, Pékin. Timothée en profite pour faire une gastro carabinée !

Après ces 15 jours dans le désert et les grands espaces … à « bouffer » sable et poussière … Nous sommes heureux de revenir « en ville ». Nous restons des citadins, des « homos urbanicus » !

On nous avait prévenus que l’avenue des Champs Elysées était comme une ruelle à Pékin, mais effectivement, le plus grand de nos boulevards parisiens reste une petite impasse dans cette capitale de la démesure… Nous allons apprendre à gérer les distances entre deux stations de métro ou deux arrêts de bus… Nous ferons des kilomètres à pied !

Une fois de plus la météo est clémente. Pékin nous apparaît sous ses meilleurs jours entre la sortie de l’hiver assez long et l’arrivée de l’été chaud et humide. Il neige des flocons de saules et de bouleaux. Le printemps ne dure que quelques jours, le temps de fleurir les arbres et nous avons la chance d’y être à ce moment… en même temps que le milliard et demi de chinois qui profite du pont du 1er mai !

Dans ce pays si laborieux, les chinois travaillent le samedi et dimanche qui précèdent le 1er mai pour pouvoir s’offrir trois jours de congés ! Autres mœurs, autre approche du travail et des loisirs.

Ainsi, nous découvrirons les beaux spots pékinois avec… quelques dizaines de millions d’autres chinois… Mais ça nous a énormément plu de vivre à l’heure des loisirs chinois, tellement disciplinés, souriants et calmes. Nous imaginons les premières hordes de français en 1936 qui découvraient, avec le Front Populaire, les premiers « congés payés » !

D’ailleurs, on s’habitue assez rapidement à cette foule de personnes, tous armés d’appareils photos qui posent, qui mitraillent et qui rigolent… des millions de photos en quelques heures ! Mais où va-t-on sauvegarder ces milliards de millions de pixels ?

Etonnamment, cette capitale de plus de 15 millions d’habitants est active et relativement calme, surpeuplée mais vraiment aérée, congestionnée certainement mais peu d’embouteillages… Les autorités chinoises ont le sens de l’organisation et surtout le sens de la gestion des flux… Nous apprendrons qu’il faut de longues années avant de pouvoir acheter une voiture, même si on en a les moyens. Le nombre de nouvelles immatriculations étant limité et parfois tiré à la loterie chaque année. Chaque jour, un nombre limité de voiture peuvent circuler, en fonction de leur dernier numéro de plaques d’immatriculation. Certes, on y perd beaucoup en créativité mais on y gagne clairement en efficacité !

Les trottoirs sont larges, protégés. Les voitures roulent lentement et très peu de klaxons malgré un flot ininterrompu. Il y a très peu de chiens. Là aussi le Parti et la municipalité veillent à gérer la population canine… Il faut des autorisations et leur nombre est contrôlé !

En 25 ans, Pékin a profondément changé. Il y avait des files de vélos qui étaient alors prioritaires sur les rares voitures et qui roulaient par dizaines de milliers. Désormais, les vélos sont plus rares. Ils sont désormais « électriques » et fonctionnent sans bruit ni pollution…

A la descente du train, à Pékin, nous courons immédiatement à l’ambassade de Mongolie pour y déposer nos passeports pour les visas, finalement tellement faciles à obtenir. Il nous restera juste le visa russe à obtenir à Oulan Baator, où on nous souhaite beaucoup de courage et de patience… Mais nous avons le temps… et l’espérance… Finalement, tout au long de ce périple, le stress pour obtenir visa et extension auront été bien gérés, sans trop de contraintes. Là encore, il faut faire confiance à notre bonne étoile et ne pas trop lire les blogs des uns et des autres, toujours très inquiétants, stressant et alarmants. Papa confirme « Ne lisez pas le blog des autres, faites votre propre voyage J ! ».

Pékin, c’est aussi la ville de la « tentation ». Les filles vont se ruer, dans un énorme marché de fringues… qui vend toutes les grandes marques au prix des… contrefaçons ! Et les parents découvrent que leurs aînées ont déjà des goûts d’adolescentes occidentales ! Impossible de lutter « au nom du bon goût » contre cette mode ! Nous allons devoir « subir » quelques années… ces jeans troués, ces grosses chaussures montantes, ces couleurs sombres, ces logos… Les parents sont traités de « vieux », de « ringards », de « trop classiques »…  Soit !
La famille Montariol entre dans une nouvelle ère, où les parents conseillent, essayent d’influer et où… les enfants choisissent, au nom de leurs propres normes et conventions esthétiques !

La mode à la chinoise est un retour à l’excentrique excessif après ces années de gris imposé à l’ensemble de la population…Tous ayant les cheveux noirs, chacun essaye de se démarquer à sa manière en ajoutant soit des oreilles colorées de chat, soit des lunettes sans verre ou autres excentricités…Maman confie sa tête pour une nouvelle coupe de cheveux dans un salon de coiffure qui tous les matins, pendant une demi-heure motive son personnel en musique sur le trottoir. Du team building poussé à l’extrême !!

Quand à Timothée qui a bien compris le système consumériste nous rappelle à chaque instant son actuel leitmotiv « faut payer, maman faut payer ! ».

Notre étape pékinoise n’aurait jamais été si agréable sans nos amis Alexia et Vincenzo, collègue de papa en Haïti et qui habitent à Pékin depuis 4 ans. Avec beaucoup d’amitié et de finesse, ils vont nous guider, nous conseiller sur nos itinéraires, notamment en Mongolie, où Vincenzo travaille. Ils vont accueillir  « comme à la maison », les enfants tellement heureux de redécouvrir les céréales, les jeux, les pizzas et les pâtes italo-ibériques !

Un immense merci aussi à leurs enfants, Pétro et Santiago, déjà polyglottes (3 langues maîtrisées à 6 ans, ça fait rêver !) qui vont partager leurs jeux, leur vélo, leur piscine et leurs espaces avec nos enfants tellement affamés et joueurs !

Augustin, tout particulièrement, profitera de leur accueil et y dormira plusieurs nuits sans vouloir revenir dans notre… auberge de jeunesse si bien tenue et si fleurie !
Peking Yard Hostel, aménagé dans un ancien Hutong.


La vie d’expatriés offre cette joie de revoir les « anciens » rencontrés dans les postes précédents. Ces amitiés construites dans d’autres environnements et d’autres contextes, résistent à la durée malgré parfois une longue période de silence et d’éloignement.

Grâce à eux, nous allons découvrir un endroit merveilleux de cette mégalopole, l’Art Center, 798. Cet ancien entrepôt est-allemand a été « investi » par des artistes chinois qui lui ont redonné une âme. Des dizaines de milliers de mètres-carré consacrés à la créativité locale et internationale. Certains musées internationaux y ont même une galerie ou une succursale. Bien sûr, il nous a été difficile d’appréhender le milieu artistique  mais nous avons pu constater une réelle magie dans cet endroit qui ressemble à une Biennale permanente, voire même à la mythique Cristiana de Copenhague des années 60’s.

Le marché de l’art est désormais asiatique et chinois. Ils produisent, absorbent, réinventent, collectionnent et achètent ! Il y a du formel, du classique et de l’avant-garde… Quelle magnifique effervescence que Paris, Londres, Barcelone ont du connaître il y a quelques années…

Dans la « Une brève histoire de l’avenir », Jacques Attali, dresse un beau panorama de ces cités-Etats qui ont gouverné le monde dans l’Antiquité, au Moyen-âge, à la Renaissance et aux temps modernes : Babylone, Athènes, Rome, Constantinople, Gènes, Venise, Paris, Londres, New York, Tokyo…

Avec Shanghai, l’autre capitale économique, Pékin est assurément l’une d’entre elles. Cette ville donne le tempo à tout le pays, toute la région et aussi à la planète entière.

La ville s’est malheureusement « aseptisée ». Les quartiers populaires, les hutongs ont été progressivement détruits, victimes de la folie centralisatrice du régime omniprésent. Dans le métro et les transports en commun, chacun se réfugie sur son téléphone portable, connecté à son réseau social ou visionnant des petites séries ou des films. L’occidentalisation et son way of life sont en marche inexorablement pour le meilleur et pour le pire.

Nous restons lucides et critiques sur ce régime, extrêmement oppresseur, peu soucieux de droits de l’homme, qui décide pour tous et impose ses décisions à chacun. Nos lectures nous rappellent les folies meurtrières du « Grand Bond en avant », de la « Révolution Culturelle »… qui vont détruire des millions de famille et affaiblir durablement les fondements du pays, à une époque où Mao avait encore beaucoup de supporters en Europe !

Dans nos discussions, nous découvrons que le régime et tout le pays fonctionne autour de deux axes, le nationalisme et le consumérisme.

Le nationalisme se manifeste, en interne, à l’égard de ses minorités par une colonisation de peuplement des Hans dans les régions périphériques comme le Yunnan, le Tibet, le Xinjiang et par une répression féroce de toute revendication d’autonomie ou d’indépendance de ces minorités.

A l’échelle régionale, la Chine veut dicter sa loi à ses voisins. Elle a d’ailleurs les moyens d’imposer sa propre vision aux autres puissances. Taiwan est toujours interdit de toute représentation dans les structures internationales, même dans les institutions uniquement techniques. La Corée du Nord est un allié, actuellement assez indocile et incontrôlable, mais seule la Chine pourra « raisonner » sa capacité de nuisance et sa paranoïa. La Corée du Sud est devenue un des premiers partenaires de la Chine continentale. Les relations sont donc très intriquées et commerciales. L’immense marché chinois lui offre un ascendant certain sur ces voisins. Depuis la fin des années 1930, et l’atroce occupation japonaise en Mandchourie, les relations avec le Japon sont conflictuelles. Ces deux puissances aspirent à maintenir leur influence dans cette région. Elles revendiquent chacune des ilots et sont partis dans une course à l’armement où chacun montre ses muscles.

Après des années de protection contre les étrangers, qui peuvent s’expliquer par les différentes guerres du XIX et début XXè et les traités inégaux, l’Empire du Milieu s’ouvre et cherche des débouchés à son dynamisme. La Chine a ainsi initié la construction de plusieurs autoroutes et voies ferrées avec l’Extrême Orient pour pouvoir rejoindre Singapour en quelques journées. L’heure est donc à l’ouverture et à la conquête.  

Par ailleurs, la croissance repose clairement sur le consumérisme de tout ce peuple qui s’éveille et découvre les joies de « l’avoir » et individualisme. Nous avons été impressionnés par ces grandes galeries, ces marchés, ces malls gigantesques. Toutes les marques s’exposent, s’échangent. Pour les produits étrangers, le marché s’ouvre, mais avec des contraintes techniques et légales encore assez fortes qui protège encore quelque temps, le marché intérieur. Les chinois exigent aussi des transferts de technologie sur les ventes de produits finis pour ensuite les reproduire à moindre couts. Dans les villes, une importante classe moyenne émerge. Les indicateurs de pauvreté reculent. La Chine est un des rares pays qui atteindra en grande partie les indicateurs du Millenium. La Chine connaît une croissance économique unique dans l’histoire de l’humanité. Et il faut imaginer à quelle échelle ! Ce dynamisme touche un terrien sur cinq !


L’éveil démocratique est encore attendu, mais l’histoire est en marche. Qui donc aurait imaginé ce scenario il y a deux décennies ?