dimanche 23 décembre 2012

A la découverte de la vielle ville de Dhaka

Après une journée relax, nous rouvrons… les cours du CNED : code de la route pour Augustin (pas toujours facile d’expliquer le code de la route dans un pays où tout est permis et où la puissance du klaxon décide des droits de chacun !) ; Découverte de ces maudits COD et COI pour Justine (« pourquoi ça s’appelle complément d’objet, ça veut rien dire !», « Effectivement ! » répond le papa.) ; Développement du Littoral en géographie (ça c’est encore clair et facile !) et découvertes des Métamorphoses d’Ovide pour Guillemette (« Mais pourquoi, ils vous font étudier ces œuvres ? » se questionne le papa !) et évaluations pour Maguelone sur l’histoire de l’art et sur les projets mégalomanes des nazis et des communistes au siècle dernier !

Cimetière chrétien du XVIè siècle
Nous en profitions pour organiser les prochaines étapes en Inde. Nous sommes totalement dépendants d’Internet et du Wifi pour la préparation de notre séjour. La logistique de Véronique est donc bien sollicitée, notamment Lipou, son chauffeur qui fait les 3 heures de queue pour nous acheter les billets de train Dhaka-Calcutta. On ne se souvient plus vraiment de comment on faisait il y a quelques années, sans Internet !

Nous saluons une dernière fois Lenka qui rentre en Europe pour quelque temps et pour d’autres projets…

Le lendemain, grâce au networking de Véronique, nous nous levons de bonne heure pour découvrir la vielle ville de Dhaka. Le vendredi matin, jour de prière est le seul jour où l’on peut s’aventurer au cœur de la ville sans craindre d’être pris dans des embouteillages monstres et interminables.
Mausolée Moghol

Accompagné par Taimur, incomparable guide et militant de la préservation des vielles bâtisses, nous découvrons plusieurs espaces et bâtiments vraiment insolites.

Le cimetière chrétien qui date du XVIème siècle, soit bien avant la colonisation des Britanniques, avec ses mausolées moghols. Un véritable havre de paix au milieu d’un quartier qui fourmille. Evidemment les enfants jouent à « tombe perchée » !

Le jardin botanique qui a accueilli le grand poète Rabridranah Tagore dont les poèmes ont été retenus pour les hymnes nationaux indiens et bangladeshis ! Le jardin est colonisé par des chauves-souris et assez mal entretenu au grand désespoir de Taimur qui nous raconte que les plantes sont vendues par les gardiens.

Visites de quelques maisons préservées et la India street, tellement animée par une célébration, haute en couleur et en musique pour un stop tchaï et chapati.


Tombe arménienne XVIIè
Enfin, nous découvrons une église arménienne préservée depuis le XIXème siècle. Incroyable de voir et de suivre le parcours de ces arméniens qui ont accompagné le développement du commerce de la jute dans cette région. Nous pensons à nos amis rencontrés en Arménie, il y a plus d’un an et à ceux du Liban.

Nous avons vraiment profité de ce retour dans le passé grâce à la personnalité très engagée de Taimur et de sa dizaine de volontaires qui l’accompagnent et qui ont passé la matinée à courir après…  Timothée, dans les ruelles et à surveiller la troupe d’enfants ! Très relaxant pour véronique, Lucile et Bruno, d’avoir 10 baby sitters !

Nous sommes admiratifs du combat de Taimur pour la préservation de l’environnement. Son combat est rude et semble « perdu » d’avance… La destruction des ultimes « poches authentiques » qui résistent est malheureusement inexorable…  Et pourtant, chaque samedi matin, Taimur fait découvrir à un petit groupe d’affiniados un nouveau quartier. Cette lutte, cette énergie et cette volonté nous interpellent vivement ! Nous pensons à notre amie Laura et à notre beau-frère, Laurent, impliqués sur des projets de préservation du patrimoine, qui malgré la crise et des moyens de plus en plus réduits, peuvent toutefois s’appuyer sur des politiques nationales et locales de protection et de valorisation du patrimoine.


Le temple rose

Dans l’après-midi, Véronique nous sort une nouvelle surprise de son programme en nous offrant une « croisière » sur le fleuve entre ferries et autres embarcation de fortune. On se croirait à Benares où des milliers de personnes vivent, travaillent et se baignent dans une eau noire qui pue vraiment. Impressionnant ! Nous passons devant le Temple rose qui nous interpelle sur la grandeur de Dhaka il y a deux siècles.

Le Parlement



Nous achevons notre superbe découverte en passant devant le Parlement, œuvre de Louis Kahn. L'un des plus grands Parlement au monde, après celui de Bucarest. Très bel ouvrage !

En fin d’après-midi, nous allons nous équiper en vêtements, polaires, pull pour affronter dans quelques jours le froid de Darjeeling. Ces vêtements sont produits localement pour les plus grandes marques européennes.

Festival dans la India street




Chaque journée apporte son lot  d’étonnements et d'émerveillement. Parfois extrêmement  éprouvant, parfois fatiguant nous réalisons à chaque fois la chance que nous avons d’être là.



Gabriel, si attachant, si généreux, si vrai !


Visite des projets de Rupantar dans la région proche des Subardan




Le lendemain, nous avons eu la chance de pouvoir visiter un projet de développement de Rupantar qui organisait un « concours » entre cinq groupes de jeunes  de villages différents. Dans un village particulièrement pauvre de cette région si exposée aux cyclones et à la saison des pluies.

Lever tôt, nous avons pris un bateau rapide (comme un zodiaque) pour descendre un des nombreux bras du Gange et atteindre le village. 

Dans  un brouillard très bas, des berges très actives et quelques bateaux surpeuplés en bois en en fer, dans la région ou vivent crocodiles et tigres… cette descente restera longtemps gravée dans nos mémoires… Quelles images insolites !


Le spectacle commence avec le lever aux couleurs et le lancement de colombes pour lesquels nous sommes sollicités. Les enfants passent par groupe, avec une chorégraphie assez travaillée qui est présentée devant les adultes. Ça représente un immense travail de formation et de conception. L’assemblée est séparée entre hommes et femmes, boulette des parents qui s’assoient où il ne faut pas, à l’inverse de la tradition !!!



Le spectacle commence avec le lever aux couleurs et le lancement de colombes pour lesquels nous sommes sollicités. Les enfants passent par groupe, avec une chorégraphie assez travaillée qui est présentée devant les adultes. Ça représente un immense travail de formation et de conception. L’assemblée est séparée entre hommes et femmes, boulette des parents qui s’assoient où il ne faut pas, à l’inverse de la tradition !!!





Nous sommes appelés à présenter un numéro que nous n’avons pas vraiment répété. Nous montons sur scène devant des centaines de personnes étonnées et tout sourire. Notre prestation est évidemment hésitante et assez pitoyable ! Quelques passes de rock acrobatiques et chansons de Noël !  Surtout, nous nous sentons coupables de ne pas  interpréter plus  facilement une prestation typiquement française comme « partage » et « cadeau » à ceux qui nous accueillent. Nous ne sommes pas vraiment une famille d’artiste ! On se promet d’y travailler !




Malheureusement, nous devons partir avant la fin du spectacle avec un grand regret d’être toujours « en transit », un peu trop « voyeur » et pas assez « acteur » et de ne pouvoir participer et partager la vie des gens un peu plus longtemps. C’est notre seule frustration sur ce voyage !







Nous quittons Kortik, notre « ange ardien » et son fils, pour la ville de Jezzore où nous attrapons un avion pour Dhaka sur une compagnie locale, très bien organisée.  Les enfants sont bien fatigués de leur séjour et très heureux de retrouver Véronique et Gabriel !


Deux jours d’ateliers de théâtre pour enfants… en bengali !


Notre superbe copine, Véro, nous avait mis en contact avec une ONG, RUPANTAR, qui intervient sur le social et le culturel dans les régions les plus pauvres du pays… Le centre de gravité de leur intervention est dans le Sud du pays, zone vulnérable et extrêmement pauvre.

Voir site : http://www.rupantar.org/

Après notre séjour dans les Subardans, nous sommes donc restés à Khulna, pris en charge par l’incomparable et très dévoué Kortik, program manager de Rupantar. Nous sommes logés dans un grand bâtiment créé par un révérend américain qui a monté une ONG, CSS. Les enfants bénéficient d’un parc bien aménagé avec cerfs, biches, singe. Très agréable de découvrir cette capitale régionale dans ces conditions.



Le lendemain, les enfants ont assisté et participé activement à deux journées d’atelier théâtre qui regroupaient une vingtaine d’enfants de leur âge.

L’atelier s’est ouvert par les hymnes nationaux et il nous a fallu chanter La Marseillaise qui s’est terminée en « la, la, la », faute d’en connaître les paroles au-delà du 1er couplet ! Nous étions fiers d’être sollicités mais vraiment honteux de ne pas en connaître plus de couplets !




La 1ère journée était plutôt consacrée à la formation sur les techniques théâtrales et notamment le mime et le « body language ». La 2nde journée, les enfants ont préparé une pièce d’une demi-heure qu’ils nous ont présentée, devant une trentaine de parents, en bengali avec quelques mots en anglais. Absolument génial !






Après une première période de réserve et de timidité, nos quatre aînés se sont tous investis dans la naissance de cette « œuvre » qui reprenait un conte universel entre un tigre dangereux et un renard plus malin !



Une initiation au théâtre, en langue bengali, ça pourrait devenir très « trendy ! ».







Le soir, Rupantar, nous a offert une représentation, pour nous seuls, de chansons et danses créés et récités autour de thèmes sociaux. Nous avons particulièrement apprécié, le recours au support de dessins qui défile au gré des chansons et qui illustre les situations mimées. 





Inspiré du théâtre de l’opprimé, de Paolo Freire et Augusto Boal, que nous avions découvert et expérimenté au Bénin et en Haïti (notamment dans la lutte contre le Sida ou pour des activités d’éducation à la santé), le projet de Rupantar vise à former les enfants comme agents de changements et acteurs de développement. Ils interviennent donc sur différentes thématiques sociales (santé, éducation, droits des enfants, non-violence, règlement de conflits et culturels (prévention et préparation aux catastrophes). Le soir, dîner avec les acteurs et échanges de techniques  de drapés vestimentaires. Très touchant au début de chaque représentation il y a un échange de fleur, et à sept  nous repartons toujours avec  l’équivalent d’ un bouquet !!!

Théâtre de l’opprimé à découvrir sur le site ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Augusto_Boal


jeudi 20 décembre 2012

Ici, le Bangladesh...




Ici, on mange avec la main et l'autre est sous la table,
Ici, tout le monde connait Messi, mais personne ne connaît Sarkosy,
Ici, les mecs portent des jupes et pissent accroupis,
Ici, ils ne mangent pas de frites... mais la maigreur est à nos côtés,
Ici, y'a pas de bois, mais y a de la bouse de vache séchée qui sert de combustible,
Ici, y a pas de P-Q mais y a la main... gauche s'il vous plait,
Ici, y a pas de sac plastique mais y a des filets en tissu, 
Ici, ils ne jouent pas au foot mais au cricket,
Ici, y a pas de caillou donc ils cassent leurs briques,
Ici, y a pas de taxi mais y a des ricksaw,
Ici, ils ne roulent pas à l'essence mais à la batterie électrique,
Ici, y a aucun touriste donc... c'est génial,
Ici, y a pas d'éboueur mais y a des enfants qui travaillent,
Ici, l'argile c'est leur ciment,
Ici, y a pas de neige à Noël mais y a la poussière quotidienne,
Ici, un trait rouge dans la raie signifie mariée,
Ici, on roule à gauche et c'est en permanence la folie des couleurs,
Ici, la bonté coule toute la journée,
Ici, on est a 109 dans un bus et puis... d'abord, on ne roule pas, on klaxonne,
Ici, j'ai adoré et je reviendrai !!!





Sundarban, la plus grande réserve du monde de mangroves



Partagée entre l'Inde et le Bangladesh, cette unique réserve abrite une belle faune : des biches, des crocodiles, des singes, pleins d'oiseaux magnifiques et entre 200 et 400 tigres du Bengale... et tous ceux qu'on ne voit pas mais qu'on peut entendre !

Pour y arriver, on prend un bateau de Dhaka (2 jours) ou pour ceux qui sont pressés comme nous, avion jusqu’à Jezzore puis bus pendant 3 heures.
Nous sommes vraiment heureux de découvrir quelques uns des amis de Véronique qui partagent le bateau et le WE avec nous : Philippe l'indiophile qui raconte l'Inde comme personne et aussi père de... 5 enfants ; le hollandais Yozd, toujours souriant qui rigole toujours à toutes les blagues ("même aux vannes de papa !") ; Lucchiano le chanteur italien ("toujours avoir un italien, sous la main") qui déclame un opéra de sa composition (on reconnait cependant quelques mots d'argot !) pour le plus grand plaisir de la gente féminine ; la zen Mysty et Ken son mari, cycliste de l'extrême que même la sportive Véronique n'arrive pas à suivre et leurs filles ; Anne et Grégoire, tellement drôles, suisses globe trotters et leurs enfants...
Des tigres, tueurs d'hommes (un homme meurt tous les 3 jours, tué par le tigre), nous n'en verrons pas... seulement de belles empreintes qui inquiètent le garde  armé qui nous accompagne ! (Don't stay alone, Mum !).


La réserve est bien protégée : des droits d'entrée prohibitifs, accessible uniquement que par quelques bateaux autorisés, accompagnés par des gardes et des guides, avec seulement quelques sentiers sur pilotis autorisés... Donc un peu cher et frustrant pour une courte visite.


Par contre, le Bangladesh a pris à bras le corps la protection de l'environnement, par la création de parcs et la réduction des véhicules très polluants roulant à l'essence, voir réduction drastique de tout véhicule diesel dans les provinces, ainsi que de tous les sacs plastiques. Nos pays, victimes de la surconsommation et de puissants lobbyistes n'ont jamais eu ce courage !

Il faut aussi dire, que le Bangladesh serait le pays le plus touché en cas de réchauffement climatique (jusqu'à 1/3 de son territoire est très exposé et donc vulnérable aux aléas climatiques). 

D'après le rapport du Groupe d'experts des Nations Unies, une élévation d'un mètre entraînerait un déplacement de 20 millions de Bangladeshis. A méditer !

Toute la région est recouverte, une partie de l'été, pendant la mousson (comme la moitié du territoire qui est sous les eaux à cette période). Les maisons sont construites en bambou puisque de toute façon, elles subissent les cyclones de plein fouet (vagues de 3-4 mètres et vents de plus de 200 km/heure). Chaque année, il faut donc reconstruire, éternellement et indéfiniment...







Bangladesh, divine surprise sur notre route...



Notre amie, Valérie, nous avait prévenus et elle nous avait encouragés à y aller. Elle est une des cadres volontaires d'une ONG de développement, Eau et Vie. 

Voir site : http://www.ong-eauetvie.org/


Le Bangladesh est assez éloigné des clichés et perceptions traditionnels.

Bien sûr, son indice de pauvreté est un des plus bas du monde, bien sûr un tiers de sa population vit sous le seuil de pauvreté, bien sûr c'est le pays le plus densément peuplé au monde, bien sûr il y a un incroyable trafic dans les villes...


Géographiquement, l'essentiel du Bangladesh est occupé par le delta du Gange et du Bramapoutre. C'est une plaine fertile mais sujette aux cyclones et inondations des moussons. 

Mais il faut aussi reconnaître que le Bangladesh c'est aussi :

  • Un des derniers pays créés dans le monde, 1971, doté d'une réelle maturité malgré une naissance si douloureuse et dramatique...
  • Des frontières stables et reconnues entourées de l'Inde et de la Birmanie et à quelques centaines de kilomètres de l'autre géant asiatique, la Chine...
  • Une coexistence plutôt pacifique entre les communautés, hindouiste qui sont restés après la partition, musulmans, écrasante majorité et quelques chrétiens et bouddhistes...
  • Une démocratie affirmée, malgré un système politique complexe et militant... souvent violent...
  • Une femme Premier Ministre dans ce pays, 3ème pays musulman dans le monde...
  • La plus longue plage du Monde, dans la péninsule de Teknaf (120 km)...
  • Plusieurs parcs naturels et de protection de l'environnement...
  • Les plus grosses ONG du monde... dont la fameuse Grammen Bank, fondée par Mohammed Yunus, prix Nobel de la Paix...
  • Un des pays les mieux préparés dans le monde en matière d'éducation et de prévention de risques et catastrophes... (Pour un même cyclone d'une même force et intensité : 400.000 morts en 1970, 150.000 morts en 1991 et 3.000 morts en 2007). C'est évidemment encore trop mais ces "progrès" cachent un immense travail de préparation et de prévention que peu de pays ont développé à ce stade (Japon, Cuba mis à part).
  • Un des rares pays "on track" pour atteindre la moitié des objectifs du Millénaire de lutte contre la pauvreté...
  • Une gestion relativement sous contrôle des fanatismes religieux, malgré le triste et dramatique épisode de l'exil de Tasmareen Xxx. voir site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Taslima_Nasreen
  • Une activité économique étourdissante notamment dans le textile...

Et puis, le Bangladesh c'est d'abord un sens de l'hospitalité unique, confirmé par tous les expats rencontrés et par notre propre découverte avec le projet RUPANTAR à Khulna.





Une glorieuse histoire jusqu'à la Partition

Le Bangladesh c'est d'abord le Bengale avec son immense culture, chantée par Rabidranah Tagore : la période bouddhiste (Vème avant JC), le retour de l'hindouisme (VIème) ; l'empire Moghol et l'arrivée de l'Islam (XIIIe-XVIII) ; la colonisation britannique (à partir de 1757) , la résistance du Bengale après le choix en 1912 de Delhi comme capitale de l'empire des Indes au lieu de Calcutta ; la Partition et l'accès à l'Indépendance du Pakistan oriental...



L'âge d'or du Bengale, après l'empire Moghol, c'est le XVIIIème siécle où la région exportée son coton et sa soie dans le monde entier.

Il faut se souvenir de la lutte victorieuse mais trop tardive de Gandhi contre la manufacture cotonnière des Britanniques qui sont arrivés à détruire toute la filière du Bengle. Gandhi a imposé ensuite à l'Inde indépendante le rouet sur son drapeau pour lui rappeler son histoire et cette lutte. 

La douloureuse et tragique Partition entre l'Inde et le Pakistan (Oriental et Occidental) le 15 août 1947 avec son cortège de massacres et de déplacement de populations marque la première naissance du pays. Lire le livre : "Cette nuit la liberté" de Larry Collins et Dominique Lapierre.

Une naissance dramatique

Assez vite, les bengalis ne se retrouvent pas dans les programmes de la Ligue Musulmane de Jinnah qui privilégie la partie occidentale du Pakistan.


Karachi, la capitale des Pakistans, est à 1,700 km du Bengale, sans continuité territoriale !



La révolte prend la forme d'une reconnaissance de spécificité de la langue et de la culture Bengalie, à travers la création du "language mouvement" dans les années 1950's. L'Ourdou avait été déclaré langue officielle de tout le Pakistan.




Le personnage du Sheikh Munib Rahman, peu connu en Europe, qui a adopté le style Gandhi" a aussi beaucoup contribué à l'émancipation et l'organisation de la résistance. Sa victoire aux élections et son arrestation (25/03/1971) par Karachi a été le signal de l'action de l'insurrection armée. Un jeune major Zia se joint à l'insurrection et prend Chittagong.


La guerre de "libération" débutait avec son cortège d'atrocités : meurtres des étudiants, lynchage d'hindouistes, exode massif vers l'Inde de millions de personnes...

Un gouvernement en exil s'installait en Inde. Après une attaque de l'armée pakistanaise sur le territoire indien, l'armée indienne entre dans le Pakistan Oriental et en prend le contrôle.  
L'armée Pakistanaise dans sa retraite massacre le 12/12/1971, 250 intellectuels et journalistes.

Le 14 décembre, la guerre est finie avec la reddition pakistanaise. Le bilan est impitoyable : neuf mois de guerre, un million de morts et des millions de déplacés (une partie des hindouistes qui avaient fui les massacres reviendront s'installer au Bangladesh, comme la famille de Kortik, notre ami de Rupantar).

Les criminels de guerre pakistanais n'ont jamais été poursuivis. La plaie est profonde et les relations avec le Pakistan sont inexistantes et très tendues.


Les premiers pas du Bangladesh

A sa libération, le charismatique Sheikh Mujib s'est avéré un piètre politicien qui sera assassiné en 1975 avec tous les siens sauf deux filles dont l'une deviendra Premier Ministre. 


Plusieurs coups d'Etat se succèdent jusqu'à la prise du pouvoir en 1978 puis par les élections libres par le major Zia qui s'était fait connaitre par la prise de Chittagong pendant la guerre de libération. Zia essaye alors d'organiser le pays mais sera à son tour assassiné en 1981. 
Son vice-président va lui succéder assurant une période de stabilité. La veuve de Zia, va conquérir le pouvoir en 1991 mais les élections suivantes seront boycottées par l'opposition.


La filles rescapée du Sheikh Mujib, Sheikh Hasina, gagne les élections en 1996 et signe des accords de paix avec les rebelles du Nord du pays. C'est la première Premier Ministre a effectué son mandat complètement.


Depuis deux partis, le BNP et la Ligue Awani se partagent tour à tour le pays entrecoupé par des Coups d'Etat.


Actuellement, Sheikh Hasina est au pouvoir mais son mandat se termine en 2013 et la tension monte. 

Malheureusement et malgré d'indéniables progrès, le pays est considéré comme le plus corrompu au Monde (d'après Transparency International).

Le système politique en cours a fait long feu. Lors de notre bref séjour, il y a eu cinq jours de grève générale organisées par cinq partis différents !

Malgré cette histoire récente conflictuelle, le pays connaît une croissance de 6-8% sur ces dix dernières années, ce qui fait rêver nos démocraties avancées !




"Avec Véro... tout est beau" !



Après 18 heures de retard et cet hôtel d'anthologie, nous arrivons à l'aéroport de Dhaka... qui nous rappelle celui de Port-au-Prince... par son organisation et sa vétusté ! 

En arrivant à Dhaka, on change de monde !

Une queue de 100 mètres pour la douane, que nous grillons grâce aux 5 enfants !

Et nous retrouvons, avec une immense joie, Véronique, une incomparable et si précieuse amitié de plus de 25 ans.

Véronique a fréquenté avec papa et Olivier, son frère, les mouvements de jeunes chrétiens de la basilique de Montmartre début 80's : nuits d'adoration, weekends et retraites, voyages touristiques et spirituels... Des beaux moments d'amitiés et d'engagements...



Cette amitié s'est élargie aux frères et soeurs de part et d'autres. Nous avons suivi, de chaque côté, les développements familiaux plus ou moins heureux des uns et des autres.

D'un caractère très chaleureux, généreux et social et d'une incroyable vitalité, Véronique s'est engagée dans des combats militants d'une rare humanité : développement, orphelinat, adoptions, combat pour faire reconnaître le droit des femmes victimes du médicament Distilbène, prisons et justice au Ruanda et aujourd'hui soutien aux ONG bangladeshis.

Nous nous sommes retrouvés aux Philippines, à Londres, Bruxelles, au Liban et aujourd'hui au Bangladesh.

Le parcours de Véro ressemble à celui de Bruno : un engagement dans le développement, au sein d'ONG, en Roumanie, dans les Balkans, en Mauritanie et surtout au Ruanda pendant une quinzaine d'années... pour intégrer finalement l'Union Européenne à Kigali et maintenant à Dhaka. Donc une trajectoire similaire sur différents continents.

La famille de Véronique est aussi à l'origine de la relation entre papa et maman. En effet, c'est dans la propriété de la grand mère de Véro, en Bourgogne, que les parents se sont découverts ! 

Véronique, a un fils de 6 ans, Gabriel d'origine Rwandaise, qui a les mêmes qualités que sa maman, généreuse, vivante et accueillante. 



Gabriel, recouvert d'argile dans les Subardans
Les enfants adorent Véro et Gab. (Tu sais maman a dit Justine "j'aimerais tellement avoir Véronique comme maman et Gabriel comme frère" !). Nous sommes très heureux de passer Noël avec eux.

Cette halte, dans ces conditions d'amitiés et d’accueil  est bien salutaire pour nous tous : se poser enfin, préparer son petit déjeuner, cuisiner, partager les jeux de Gab, faire plein de machines à laver le linge, défaire la valise, s'échanger ses listes de musiques, refaire son stock de films et d’émissions... profiter de la nounou et du chauffeur, Lipou ! Génial !

Sur la suggestion du directeur enthousiaste de l'école française, Olivier, les enfants assistent pendant deux jours aux cours et répétition avec les autres enfants... (Tu sais, papa, "suis contente d'aller à l'école !" dit Guillemette, Justine et Maguelone confirment aussitôt). Maguelone et Guillemette travaillent avec d'autres jeunes eux aussi inscrits au CNED. Les filles racontent aussi à Papa qu'elles sont en avance sur le programme CNED. Tant mieux, parce que le rythme a vraiment baissé, voir stoppé pour Augustin depuis Bagan ! Nous sommes toujours en mouvement. 

Maguelone a particulièrement apprécié Adrien, son prof rasta ("Tu sais papa, il est comme moi, il aurait voulu être black !", ah bon !").

Le soir, nous assistons à la fête de Noel de l'école très sympa et joyeuse. Merci Olivier

Pendant ces 2 jours, papa se bagarre pour avoir les visas indiens, plus compliqués à obtenir que le visa Schengen ou la Green Card Américaine. Véronique avait tout bien encodé mais le retard de notre avion à Bangkok a reporté le prochain RV au 28/12. Adieu Calcutta et notre ami Norbert qui nous y retrouve.

Finalement, grâce à Véronique et à la Délégation de l'UE, Papa arrive à rencontrer quelqu'un au High Commission et à obtenir un nouveau RV immédiatement. Son coeur bat fortement quand l'agent consulaire vérifie la conformité des dossiers. La moindre erreur et c'est à nouveau un nouveau RV dans 15 jours !

Finalement, tout semble parfait mais quel stress ! On devrait avoir le visa indien pour le 20 donc le programme indien est à nouveau "on track" !

Nous sommes heureux de revoir Lenka, notre amie et collègue tchèque au Liban, désormais à Dhaka. Tous nos voeux pour ces mois à venir et tous ses projets.

mardi 11 décembre 2012

Bangkok... à découvrir au delà de ses apparences...

Message écrit du Lounge de la compagnie aérienne pour aller au Bangladesh avec déjà plus de 18 heures de retard !

Arrivés pour 48 heures de transit à Bangkok, nous sommes déjà saoulés par l'avalanche de bruit, l'agression sonore et le consumérisme à outrance.


Le changement est violent et total et il "impacte" notre moral ! Nous étions littéralement hors du temps en Birmanie et cela fait du bien !!  

Passant d'un aéroport où l'on marche sur le tarmac pour monter en avion, à l'un des plus gros hubs d'Asie. Nous avions eu le temps d'oublier les publicités grand format partout, les odeurs de nourriture, les grandes enseignes aux couleurs criardes...


Nous logeons au coeur de la cité dans un hôtel ultra contemporain le LUB*D Siam Square.  les enfants s'amusent d'une déco de tuk-tuk et s'affalent dans d'immense coussins devant un home cinema. Ça change du micro écran d'ordinateur !

Mais on sent une tension qui déteint un peu sur nous, Cette ville nous stresse. Maman ne quitte pas ses boules Quies c'est pour dire comme papa a de l'influence !


Augustin continue son tour du monde des "engins mécaniques". Cette fois-ci, il se fait réquisitionner pour tondre le gazon du stade national, où nous avions trouvé refuge pour fuir le bruit de la rue et des constructions...

Phanta Plazza : des centaines de magasins... Inouï !


On en profite cependant pour quelques achats et notamment un micro ordinateur, dans la Mecque du Hardware (Phanta Complex) à un prix défiant toute concurrence pour éviter de porter les 15 nouveaux kilos de bouquins de Maguelone (le 2nd semestre). les livres resteront donc en France. Elle devra cependant télécharger tous ses cours sur le site CNED et s'organiser pour ce nouveau fonctionnement. 


En anticipant Noël, les parents ont autorisé (enfin !, pas trop tôt !), Maguelone a ouvrir un compte Facebook...

Après la perte de son smartphone précédent , dans l'eau de Angkor, Lucile se fait offrir un nouvel appareil, plus simple, beaucoup moins cher et aussi performant...

Avertissement à toutes les copines : Maguelone et Lucile sont à nouveau autonomes et joignables ! ! ! 

Le lendemain, nous prenons le temps de découvrir le Musée National et le splendide temple Wat Pho. le musée est d'une richesse ahurissante et la beauté du temple Wat Pho nous rappellent que cette ville mérite d'être découverte, bien au-delà des complexes de shopping et de la civilisation du consumérisme. 

Nous avons l'impression d'être "passés" un peu à côté de cette ville qui doit receler des p'tits coins bien sympas et authentiques... Il faut toujours être un peu frustrés de quitter un lieu, c'est un engagement à revenir !

Le soir, nous apprenons que notre avion est annulé et décollera le lendemain pour cause de brouillard sur Dakha 

Nous nous proposons de dormir dans l'aéroport en salle d'embarquement : refus net de Papa qui nous réserve une de ses surprises dont il a le secret de son talent à embellir la vie : nuit au luxueux hôtel du Four Wings, à un tarif d'auberge de jeunesse ! Deux superbes chambres avec vue sur Bangkok et sur... la salle de bains ! Etranger architecture... Issam ! Y'a du boulot pour toi, ici aussi ! L'hôtel est glacial mais le service impeccable et l'espace grandiose !

Les enfants gambadent, font des galipettes sur la moquette et profitent le lendemain d'un petit déjeuner gargantuesque... 

Ce séjour prolongé à l'aéroport nous permet aussi de briefer les filles sur ce nouveau continent que nous allons découvrir... Nous nous attendons à être bien déstabilisés mais tellement heureux d'être initiés et accompagnés dans ces premières semaines par notre fidèle amie, Véronique G. (so "ressourceful"), sans qui cette année de gagnée ne serait pas aussi riche ! Elle est aussi un peu à l'origine de ce voyage avec tous ses conseils si précieux et son périple sud américain. 

A découvrir sur son blog : http://tandemlatina.blogspot.com/




Les 1.001 nuits, la caverne d'Ali Baba, Kessel et adieux à la Birmanie....

Hier trek sur la route des vins pour le day-off de papa (c'est à dire sans enfant!) autour du Lac Inle

Ce matin levée tôt pour voler du Lac Inle à Yangoon, ville déjà visité ne restait qu'à découvrir le musée des pierres précieuses ...!

Et c'est ainsi que l'on se retrouve dans l'antre des bijoutiers, le temple du diamant, la bourse aux pierreries. Sur trois étages se négocie les plus belles pierres qui viennent du sol birman si riche. 

L'impression d'être dans une luxueuse caverne d'Ali Baba. Au bout de quatre heure maman ne sait plus où tourner de la tête et avant qu'elle ne la perde... Les yeux brillant et pétillant avec comme bras droit Maguelone à la négo ! ! (qui est notre spécialiste de la négociation !. C'est Noël en pays bouddhiste ou bien !

Le Myanmar est un des pays les plus riches du monde pour les gisements et la production de gemmes. Son sol renferme un véritable trésor géologique. La presque totalité des variété de pierres précieuse et semi-précieuses se trouve sur son sol : rubis, jade, spinelle, Agathe, diamant, topaze, grenat, Pierre de lune, améthyste etc.

Leur renommée depuis des siècles orne la plupart des têtes couronnées, elles ont rendu célèbre le fameux "sang de pigeon" rubis le plus foncé, venant de la vallée de Mogok. 

Les rois de Mandalay avaient si bien gardé le secret de cette vallée que jusqu'à l'arrivée des anglais en 1884, les birmans eux-même ne la connaissaient pas.!

Depuis ce temps les méthodes pour chercher les pierres précieuses n'ont pratiquement pas changé. 

Les plus grands marchés se sont installés dans les pays avoisinant Thaïlande  Inde, Chine, presque 60% des transactions se font hors du circuit légale. 

Lucile y passe tout l'après midi pour débuter une... collection ! 

Redécouvrir Joseph Kessel

C'est aussi l'occasion pour nous de redécouvrir très superficiellement, l'immense oeuvre de Joseph Kessel qui a l'image des Albert Londres, Hemingway et autres Henri de Monfreid a su découvrir et faire connaître des lieux insolites.

Écrivain et journaliste français (Clara, Argentine, 1898-Avernes, Val-d'Oise, 1979). En concevant le monde comme un terrain d'aventures, Joseph Kessel incarne à merveille cette tradition d'écrivains-reporters qui trouvaient dans l'histoire immédiate des sujets de romans. Sa curiosité le porta à se mêler aux convulsions des peuples comme aux passions des individus, à débusquer sous la violence des faits la fraternité des hommes. Avec quatre-vingts romans, quelques guerres, cinq continents, soixante ans de journalisme et quatre-vingts d'existence, Kessel, voyageur, aviateur, résistant, écrivain, fit du monde, autant que de sa vie et de son œuvre une fresque haute en couleurs qui donne à voir le tumulte, l'horreur et la grandeur du XXe siècle. (Encyclopédie Larousse). 

Il faut lire son livre "Mogok" (que nous n'avons pas trouvé) : "Plus secrète que la Mecque, plus difficile d'accès que Lhassa, il existe au cœur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est Mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante. Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà Mandalay. Mogok autour de laquelle rôdent les tigres. La légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. C'était une sorte de soleil empourpré. L'aigle emporta le premier rubis de l'univers vers la cime la plus aiguë de la vallée. Ainsi naquit Mogok..." (derrière de couverture chez Gallimard).

Une dernière nuit dans ce pays que nous aimons beaucoup avant de prendre l'avion le lendemain pour Bangkok pour un transit de 48 heures. 

Nous sommes heureux d'avoir découvert la Birmanie mais conscients aussi que c'est un pays qui mérite beaucoup plus que les 3-4 sites touristiques que nous avons faits. Nous aimerions y retourner pour y séjourner plus à l'écart des sentiers bâilisés. Le potentiel touristique de la Birmanie est immense. le risque de devenir une destination "fashionable" est réel. On espère et on prie pour que la timide ouverture démocratique se concrétise pour le bien être de sa population.