mercredi 5 juin 2013

Croisière en train au Sud du lac Baïkal...

Oulan Oude est une petite ville, encore très asiatique. Nous logeons dans une auberge de jeunesse, entassés dans un dortoir, en plein centre ville. La région, la Bouriatie, est connue pour deux raisons : le monastère bouddhiste d’Ivolga et un village de Vieux croyants russes. Malheureusement, par manque de temps nous ne visiterons pas ces deux sites.

Les Bouriates ont développé une culture propre et une version teintée de chamanisme du bouddhisme tibétain. Etonnamment, Staline a toléré ce monastère qui connaît un certain rayonnement et qui a accueilli le 14ème Dalai Lama en 1992.

Les orthodoxes vieux-croyants, plus souvent vieux-croyants ou vieux-ritualistes, sont un ensemble de groupes qui se sont séparés de l’Eglise orthodoxe russe par leur refus des réformes introduites en 1653 qui visaient à uniformiser les Églises de Russie et de Grèce. Cette opposition a conduit à un schisme, à des persécutions - sous les tsars et sous le communisme - puis à d‘autres divisions internes entre vieux croyants. Malgré le fait que l’Eglise orthodoxe ait formellement levé « l’anathème » en 1971, les Vieux croyants maintiennent leurs positions et leurs originalités. Ils seraient aujourd’hui moins de un million d’adeptes.


Tableau « 
BoyarynyaMorozova » de Vassili Sourikov qui représente la poursuite des vieux-croyants. Le personnage principal tient deux doigts croisés en haut pour indiquer que c'est la manière correcte de faire le signe de croix, à savoir avec deux doigts au lieu de trois.


Toutes les religions et églises affrontent des divisions et des schismes. Au regard de l’histoire, ces querelles (sur comment bénir – avec 2 ou 3 doigts – Voir tableau) semblent bien futiles. Elles ont généré pourtant beaucoup de passions, de haines mais aussi d’affermissement d’une culture propre… Ces divisions permettent aussi de construire et de réaffirmer le « dogme », comme dans les premiers siècles chrétiens avec ses différents Conciles. La division peut être alors facteur de cohésion et de mise en cohérence… L'arrivée de la Réforme a participé à un véritable "assainissement" de l'Eglise catholique et a conduit au Concile de Trente. 

Nous prenons le train pendant 8 heures, le long du Lac Baïkal, de Oulan Oude à Irkoutsk.

Le train longe pendant 8 heures, l’immense lac Baïkal, long de 636 km et large de 60 km. Il est grand comme la moitié de la France. C’est le lac le plus profond au monde, avec 1.600 mètres par endroit Il contient près d’un 1/5ème des ressources d’eau douce de la planète (plus que les cinq lacs majeurs des USA). A la période où nous le découvrons, sa température est de 0,7° C. Certaines parties sont encore gelées ! Musée vivant de la fore et de la faune, le lac abrite plus de 80 espèces endémiques (qu’on ne peut trouver que là), truites, phoques et autres…

En hiver, il est gelé, donc les voitures roulent dessus et anciennement, lorsque le transsibérien n’était pas encore achevé, les trains roulaient dessus ! Inimaginable ! Hallucinant !

Nous arrivons ensuite à IRKOUTSK, une des capitales de la Sibérie à 5.000 km de Moscou. Une magnifique gare jaune et verte nous accueille. Nous montons ensuite dans un tramway avec sa receveuse, d’un autre âge. Nous traversons l’immense fleuve Angara qui serpente au cœur de la ville entre espaces vert et vieilles maisons en rotins décorées de dentelles de bois. La ville célèbre son carnaval. Sympa de découvrir cette Sibérie sous un superbe soleil et avec cet environnement festif. 


Irkoutsk est aussi connu pour être la ville qui a accueilli les Décembristes. Le 14 décembre 1825, un groupe d'officiers issus de la noblesse déclencha à Saint Petersbourg une insurrection contre l'aristocratie tsariste et le servage. Leur tentative progressiste de proclamer la république constitutionnelle de la Russie se solda par un échec et la répression fut cruelle : travaux forcés, déportation en Sibérie, bagne, prison, travail dans les mines puis exil au fin fond de cette rude contrée. 


Un unique specimen de piano vertical
Mais les véritables héroïnes sont aussi leurs épouses qui les ont suivi après avoir cotiser et travailler pour se payer le billet de train. Avec leurs maris, pendant une trentaine d'années, la présence de ces Décembristes eut une influence considérable sur le sort de la Sibérie. Ces femmes et ces hommes instruits et généreux propagèrent la culture, fondèrent des écoles pour les paysans, soignèrent les gens. Ils favorisèrent la vie économique, l'agriculture et la science. Ils ont profondément transformé cette ville qui a reçu le surnom de "Paris Sibérien".


Salon d'une maison de Décembriste

Après Irkoutsk, nous partons pour 48 heures à Litvienska, la "Riviera du Baikal", cité balnéaire. Calme, boisée la région est splendide avec en toile de fond les monts enneigés des Khamar Daban. Nous descendons sur une des rares guest houses écologiques russes. Nous apprécions une superbe ballade en forêt de bouleaux, sur les hauteurs du lac... attaqués cependant par les tiques sibériennes qui peuvent transmettre une forme d’encéphalite qui peut être mortelle. Les enfants, inquiets, se dépouillent les uns et les autres !



A l'occasion de cette escale, nous découvrons les magasins qui n'offrent que de la bière ou de la vodka. 

Les brasseries proposent ainsi plusieurs dizaines de bières blondes, vraiment très bonnes, qu'elles remplissent dans des bouteilles en plastique. 

Les rayons dans les supermarchés offrent plus d'une trentaine de marques de vodka différentes !