mercredi 12 juin 2013

A la conquête de l’Est… La fabuleuse épopée du transsibérien !

Grâce aux œuvres romanesques et cinématographiques américaines, tout le monde connaît, la conquête de l’Ouest, par le rail en Amérique du Nord avec son cortège de héros, de massacres et de découvertes. Mais peu de personne connaissent l’extraordinaire aventure et épopée du transsibérien, autrement plus impressionnante !

En effet, il s’agit d’un des plus grands ouvrages humains et ouvrages humains jamais construits…


L’isolement de la Russie sur elle-même, à partir de 1914 – guerre de 1914 puis révolution Bolchévique – a longtemps laissé méconnu cet exploit industriel et technique hors norme.

De la décision en 1892 à sa réalisation finale en 1907, la voie de chemin de fer la plus longue du monde a été construite en quinze années seulement avec ses 6.500 km, plus de 3.500 ouvrages d’arts, un millier de gares, détourner des rivières et des fleuves, créer des centaines de villages de colonisation qui deviendront des villes au cours du XXème siècle…

Les difficultés ont été énormes. Il a fallu drainer des marécages dans toute la Sibérie, aplanir de vastes vallées dans l’Altaï, créer des ponts sur les fleuves les plus larges du monde, dynamiser des montagnes et faire face à la pénurie de main d’œuvre – ces régions étant le plus souvent inhabitées.

Les travaux commencent, en 1892, simultanément des deux extrémités à Ekaterinbourg et à Vladivostok. En 1898, la ligne venant de l’Ouest atteint déjà le Lac Baïkal, énorme défi technologique.


La France - grâce au succès du livre de Jules Vernes, Michel Strogoff - s’intéresse particulièrement à la Sibérie et à cette conquête et lui donne une place de choix lors de son Exposition universelle de Paris en 1900 avec la reconstitution d’un wagon-restaurant. Les usines Eiffel contribueront ainsi à cette aventure en fournissant quelques ponts et armatures métalliques.

Les problèmes de ravitaillement et d’hygiène sont durs. Une telle rigueur entraine inévitablement une défection du personnel. Il faudra faire appel aux forçats en leur promettant de réduire de moitié leur peine !

En attendant, l’achèvement du tronçon, les autorités décident de faire traverser le train dans un énorme bac à vapeur, brise glace, fabriqué et livré en pièces détachées par l’Angleterre.


Mais la guerre de 1905 avec le Japon, rend cette ligne absolument stratégique. On décide alors de faire rouler le train sur les glaces du Baïkal, tiré par des chevaux !

En 1907, la jonction est enfin faite…

En France, un jeune étudiant, Albert Thomas, a gagné comme 1er prix un voyage avec les Wagons Lits et emprunte pendant une dizaine de jours cette ligne mythique. Il sera un des rares témoins de cette entreprise. L’ironie de l’histoire, c’est que cet homme sera ensuite élu député, très impliqué sur l’essor du rail en France puis Ministre des équipements en pleine guerre de 1914-18… Il finira directeur général du BIT (Bureau International du Travail), nouvellement créé.

Après 1917, la Révolution Bolchévique rompait avec la tradition européenne de la Russie, qui se tournait d’abord vers « sa » Sibérie et vers ses différentes régions à « civiliser ». La Sibérie va se peupler progressivement. Les communistes vont apporter aussi l’électricité avec le transsibérien et rendre vivables certaines régions avec leurs importantes ressources naturelles.

Le transsibérien est la véritable épine dorsale de la Russie qu’on peut traverser aujourd’hui sur 9.298 km en 6 jours et demi !

Nous, de notre côté, il nous faudra juste 3,5 jours, puisque nous rejoignons la ligne seulement  Irkoutsk, après plus de 1.500 km sur le Transmongolien… Nous avons compté que depuis plus de deux mois, nous avons fait plus de 13.000 kilomètres en train depuis Uruqmi, à l'extrême Ouest de la Chine... 

Transsibérien câlin !

80 heures pour 5.500 kilomètres. Les enfants adorent et ils ont été très patients. Les haltes sont très courtes, juste le temps de se dégourdir les jambes  Papa qui avait fait ce trajet en 1991 avec son frère Benoit nous raconte qu'en fait, à cette époque, ils n'avaient pas le droit de descendre sur les quais et que le wagon restaurant était toujours "out of stock", à cause du marché noir. Le train était, à l'époque constitué de quelques wagons vides qui servaient aux polonais  allemands de l'Est, russe, mongols ou chinois pour y faire transporter toutes les marchandises vendues dans les autre pays du Comecon !

Les paysages sont assez monotones : taïga, steppe et marécages et grandes forêts de bouleau et de sapins. 

Tout au long, nous traversons des petits villes ou village. Le paysage est malheureusement bien abîmé par de nombreuses usines ou exploitations minières. 

Le soir, les parents expérimentent l'amitié russe autour du rituel de la vodka... Impossible de refuser avant trois verres bien remplis. Hips !

Le transsibérien restera un magnifique moment familial : "transsibérien, le temps des câlins !" disent les garçons !