dimanche 27 janvier 2013

Very good vibes from Auroville...

Du 10 au 20 janvier et ddu 24 au 29 janvier : Découverte du souffle et de l'énergie d'Auroville


Le Matrimandir, au coeur de Auroville
C'était le seul endroit où nous avions réservé longtemps à l'avance parce que c'est pris d'assaut à cette période de l'année. Le lieu est un peu "mythique" et attire toutes les nationalités avec une capacité d’accueil chroniquement faible.

Auroville a été créé en 1968 par une Française, Mirra Alfassa (Mirra Richard) de la Mère et compagne spirituelle du philosophe et guru indien Sri Aurobindo Auroville a pour vocation d'être, selon les termes de sa conceptrice, « le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités ».

Aujourd'hui, les Aurovilliens, issus d'une trentaine de pays, sont organisés en trente-cinq unités de travail : agriculture, informatique, éducation, santé, artisanat, etc. Totalement désertique à son origine, le lieu est maintenant parfaitement viable et tellement agréable. 

2.500 "Auroviliens" vivent sur ce site, avec près de 5.000 employés locaux et 5.000 visiteurs par jour.


En 1972, la Mère parlait du projet en ces termes : « Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable, un endroit qui n'appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde… »

Au centre d'Auroville, se trouve le Matrimandir (« la Maison de la Mère ») qui est l'âme du projet. La ville est censée avoir la forme d'une galaxie en spirale une fois sa construction achevée. Conçue par l'architecte français, Roger Anger, Auroville était prévue pour accueillir 50 000 habitants.
Lors de son inauguration, en 1968, en présence du président de la République indienne, un garçon et une fille représentant chacun des 124 pays du monde, a versé une poignée de terre de leur sol natal dans une urne en forme de lotus en signe de fraternité universelle..

Il nous a fallu, pas moins de 4 jours pour nous acclimater, comprendre le fonctionnement, se repérer dans la grande "galaxie Auroville", entre Certitude, Vérité, Grace, Transition, Silence, Discipline des lieux aux noms évocateurs , qui abrite des communautés, pour enfin  apprécier à sa juste valeur, cette aventure unique. 

Le silence y règne, le chant des oiseaux remplit la campagne, la sérénité est réelle dans ce lieu bien boisé d'arbres magnifiques sur des chemins rouges de latérite. 



Nous circulons en bicyclette, et découvrons des architectures qui se fondent complètement dans le paysage. Garantie bio-écolo-recyclo 

Nous nous régalons de cuisine végétarienne et de crudité, même les filles sont conquises par le Veg, nous nous refaisons une santé...

Dépassant l'explication du rêve, de la philosophie, de l'utopie de la "mère" et assez peu sensibles au "yoga intégral" de  Sri Aurobindo, nous sommes vraiment séduits par la paix, la décontraction et l'esprit de cette société en mouvement permanent  En effet, chaque année, des "new comers" questionnent et bousculent les anciens pour revenir systématiquement aux fondamentaux. 


Car Auroville, incontestablement, est en mouvement. La moyenne d'âge est jeune (1/3 des auroviliens sont des enfants et des jeunes). 

Grâce à l'amitié de Claire et de Jean-Michel, auroviliens depuis une vingtaine d'années, nous découvrons, au-delà du mythe et de nos réserves, l’extrême implication de chacun dans ce projet. 



Les uns et les autres vivent pour la communauté. Ils reçoivent des salaires, payés entre 150 et 200 € par mois, en "avoirs" (qui permettent de déjeuner dans des restaurants "communautaires" ou à acheter dans des coopératifs des produits de première nécessité). Les problèmes de santé, le dentiste, le coiffeur, même les vêtements sont gratuits pour les auroviliens. Il n'y a pas de retraire d'assurée. Lorsqu'un aurovilien a un peu d'argent devant lui, il peut, sous condition, construire un logement qui ne lui appartiendra pas mais dont il aura la jouissance. Il n'y a donc pas ou très peu d'argent qui circule. 

Le travail n'est donc pas un moyen de gagner sa vie mais le moyen de s'exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités. En contre partie vous êtes logé, nourri, blanchi.

Auroville est aussi un "concentré" de créateurs, de fortes personnalités, d'originaux, de pacifiques qui regardent tous dans la même direction pour le développement d'Auroville.

Voir leur site : www.auroville.org 



La charte d'Auroville


Une charte, rédigée par la Mère, en quatre points, exprimant sa vision de la ville, fut lue lors de l'inauguration
  1. Auroville n'appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l'Humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.
  2. Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit point.
  3. Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures.
  4. Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.
Conformément à la croyance de la Mère que l'ère de la religion est derrière nous et doit faire place à une ère de spiritualité transcendant la religion.
(Photo empruntée sur le Web)

Evidemment, nous nous sentons assez éloignés de cette charte et peu capables de nous imaginés membres de cette communauté. Nous pointons de nombreuses contradictions, inhérentes à toute entreprise humaine. 
L'aspect "New Age" de cette spiritualité plurielle, nous semble osciller entre relativisme et syncrétisme. 
D'ailleurs, cette absence de religion revendiquée, est aussi source d'un formalisme hallucinant. 
Le rite d'accès au Matrimandir est codifié, rigide et tellement stressant. On a connu une plus grande décontraction dans les cathédrales ou dans les mosquées syriennes, égyptiennes et iraniennes. 
Ainsi, à l'issue d'un parcours de combattant, chaque visiteur, peut être invité à passer 10 minutes de "concentration", au coeur du Matrimandir. Il faut d'abord s'inscrire (jusqu'à une semaine d'attente), suivre une vidéo et un exposé d'un "initié" pour avoir le droit et le privilège de pénétrer dans cette magnifique conception architecturale, construite sans le recours à des machines, par la communauté. 

La Mère
Là, dans une ambiance feutrée, silencieuse et d'une blancheur inégalée (il faut même porter des chaussettes blanches), on accède au "Saint des Saints". 
On monte alors très calmement, en silence, surveillés par des bataillons de Auroviliens qui veillent jalousement à ce que chaque geste soit inscrit dans le rituel prévu. 
On arrive finalement au coeur du Matrimandir. Au centre trône le plus grand cristal humain (70 cm de haut) dans lequel se réfléchi un rayon de soleil. 
Le recueillement est réel et le silence total. Edifiant !
Juste un moment de concentration, de méditation ou de prière et il faut quitter les lieux, en silence et en rang.  
En écrivant ces quelques lignes, nous avons l'impression de trahir un secret, réservé à des initiés. Mais en fait, ce rituel est conçu, en partie, pour décourager un peu les visiteurs ou les voyeurs (jusqu'à 5.000 par jour). Auroville est à la mode, même si les 50.000 personnes prévues par la Mère sont bien utopiques. Après 40 ans, seulement 2.500 personnes adhèrent et vivent sur le lieu.  
Pour nous Auroville arrive à un moment de fatigue réel. Nous sommes tellement heureux de nous poser un peu. 
En effet, depuis presque cinq mois, nous avons changé de lit et de chambres plus de 50 fois, nous avons découvert une dizaine de cuisines savoureuses différentes, nous avons traversé sept frontières, nous avons composé près de 100 évaluations CNED dans toutes les conditions...
La sérénité et la qualité de l'acceuil de Auroville nous séduit que nous décidons de revenir cinq jours après notre passage sur le projet de Point Coeur. 

Le Banian tutélaire, à l'épicentre d'Auroville