vendredi 4 janvier 2013

A la découverte d’un projet de social business…


23 et 24 décembre

Nous avons la chance de rencontrer Corinne en charge d’un projet phare du « social business », mis en œuvre par un partenariat Grameen-Danone. Elle nous propose de visiter le projet à Bogra, au Nord de Dhaka (à environ 5 heures).

En fait, il nous faudra 9 heures  à l’aller et 5 heures au retour en minibus. La sortie de Dhaka est interminable, bruyante et assez épuisante.  La conduite des bus et camions est vraiment très dangereuse. Ils mettent la vie de leurs passagers et des autres véhicules en danger. On conduit au klaxon ! Nous restons en éveil et sous stress durant tout le trajet, malgré notre bon chauffeur. Les enfants et leur ami, Gabriel, sont des trésors de patience : ils lient, jouent et regardent un film sur l’ordinateur.

Ce qui fera dire à Maguelone, qui a le sens de la formule et de l’ironie : « 9 heures de route et réveil tôt pour voir  des vaches, vous nous faites tout faire  ! ».

Le lendemain, nous sommes pris en main, dès 7 heures du matin, par l’équipe du projet.

Evidemment, notre arrivée dans les villages ne passe pas inaperçue avec sourires et questions. Nous expérimentons le continent indien. Les gens regardent, questionnent, commentent et rentrent dans « l’espace de proximité » ! (Voir la photo de Guillemette buvant son thé entouré d’une cinquantaine de personnes !). Il faut s’y faire et « gérer la pression » !

Gabriel a aussi beaucoup de succès, les villageois n’ayant pas vraiment l’habitude de voir un enfant d’origine africaine dans les environs et en plus il est tellement beau !

Nous découvrons et apprenons ce que signifie le « social business » (entreprenariat social en français). Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix pour la création du micro-crédit via la Grameen Bank définit « l'entrepreneuriat social comme la réponse aux problèmes de pauvreté par des entreprises qui n'attendent aucun retour de dividende ». Evidemment, les investisseurs peuvent en attendre un retour en termes de communication interne ou externe. Il est d’ailleurs, à ce stade, fondamental de communiquer aux autres investisseurs et au grand public pour démontrer que l’entreprenariat social, ça marche ! 

M. Riboud (Danone) et Yunus (Grameen)
Ce projet c’est donc d’abord, la rencontre entre deux personnages (Pr. Yunus et Antoine Riboud, PDG de Danone), deux dynamiques (une « banque des pauvres » et une entreprise commerciale) et deux institutions (Grameen et Danone). 

L’objectif du projet est de réduire la pauvreté en améliorant la santé par l’alimentation et en développant un modèle économique de proximité à la fois créateur d’emplois et respectueux de l’environnement.


Voir le site http://www.danone.com/quoi-de-neuf-dans-le-groupe/grameen-danone-food.html

Après une heure de minibus, la visite débute par la collecte du lait. Les agriculteurs viennent le matin et le soir dans des centres de collecte avec le lait qui est contrôlé (densité), pesé et acheté par le projet. Les vaches, bien traitées, peuvent ainsi rapporter quotidiennement aux agriculteurs entre 1/2 et 2 euros, ce qui est très substantiel en milieu rural. Le projet forme et accompagne les agriculteurs. La bonne qualité du lait est, en effet, vitale pour la fabrication de yaourts.

Pour les agriculteurs c’est une assurance unique. Ils ont la certitude que leur production de lait sera achetée par le projet, à prix fixes.

Le lait est ensuite acheminé vers un centre de traitement. Il est mélangé, filtré et chauffé dans une grande cuve (la même que celle de notre voisin aveyronnais, Dominique, qui fournit les Caves de Roquefort pour leur fromage !) puis rejoindra l’usine de fabrication de yaourt à Bogra.

Nous avons beaucoup de chance de pouvoir visiter cette usine aux protocoles d’hygiène très stricts. Nous devons nous déchausser, nous revêtir d’une blouse et de capuches. L’usine tourne 24/24 h. Le lait est enrichi de vitamines et protéines et l’usine produit quatre sortes de yaourts. Une nouvelle usine est en construction pour lancer un nouveau produit (yaourt en tube, nouveau conditionnement permettant un plus longue durée de conservation).


Evidemment, les enfants assurent le spectacle ! Ils créent l’événement ! Le staff de l’usine prend plus de photos que nous ! Ils apprécient particulièrement cette visite et dégustent les yaourts en grande quantité ! Sacrée pub ! Ils adorent ! Timothée a récupéré son déficit de calcium en une journée !

Les yaourts sont ensuite acheminés par camions, vélos ou mobylettes pour être vendus par des commerçantes, sur les marchés, à la sortie des écoles ou dans la rue. Les femmes peuvent ainsi gagner une petite marge en proposant aux enfants et aux familles un produit nutritif de qualité.

Le yaourt est un « produit frais vivant » qui a une durée de vie limitée. Le « contrôle qualité » est donc permanent à toutes les étapes du processus.

Ce projet est un bel exemple de philanthropie d’investisseurs qui garantissent ainsi des revenus à plusieurs centaines d’agriculteurs, de salariés et de revendeurs. L’entreprenariat social est à ses débuts. Il a besoin de ses « sucess stories » pour s’imposer progressivement. Il s’adresse aussi aux particuliers qui peuvent acheter des SICAV dont les dividendes sont réinvestis dans des projets sociaux en leur garantissant leur mise de départ et un intérêt proche du taux de l’inflation.