mardi 29 janvier 2013

Dom le Seaux et Jules Monchanin, « passeurs entre deux rives »


A l’occasion de ces lectures et partages avec Point Coeur, nous avons redécouvert les engagements extraordinaires et uniques d’Henri le Seaux (moine bénédictin) et Jules Monchanin (prêtre séculier) en Inde. Leur histoire mérite d’être brièvement racontée.


Jules Montchanin
Les deux hommes viennent d’horizons bien différents. Jules Monchanin, lyonnais, intellectuel et érudit est parti en 1938 pour se lancer dans une entreprise d’évangélisation en milieu indien. Son évêque lui confie un travail pastoral dans des villages du Tamil Nadu. Mais il aspire à vivre plus intensément une vie contemplative, proche des sagesses hindouistes. 

C’était son appel, sa mission intellectuelle et spirituelle : "repenser le christianisme en Indien et l’Inde en chrétien." 


Dom le Seaux, aîné d’une famille nombreuse bretonne, est entré au monastère à l’âge de 18 ans. Dom le Seaux, qui aspire à la même vie contemplative, entend parler de la vocation de Jules Monchanin et décide de le rejoindre en Inde.

Ensemble, les deux hommes fondent en 1949 un ashram au lieu dit Shantivanam (« le bois de la paix »), sur les rives du fleuve Kaveri. L’ashram est dédié au Saccidânanda, c'est-à-dire, selon les Upanisad, au Brahma, Être, Pensée, Béatitude. Les deux ermites préparent ainsi la venue d’une spiritualité authentiquement indienne de la Sainte Trinité.

Dom le Seaux
Tous les deux prennent l’habit des « renonçants », au sein de la religion hindouiste. Assez rapidement, cependant des tensions « créatrices » apparaissent entre deux visions de cette mission. Il faudrait évidemment prendre le temps de la nuance et de l’approfondissement mais pour simplifier, Jules Monchanin, reste comme il le dit lui-même « grec », à savoir fils d’une culture chrétienne occidentale. Henri le Seaux, lui aspire à aller beaucoup plus loin. Il prendra la nationalité indienne et vivra, très intensément, des épisodes d’ascète et de yogi. Après avoir un certain temps résidé comme ermite sur la montagne d'Arunachala, Henri Le Saux commence une vie d'errance (il visite alors de nombreux couvents et fréquente des rencontres  interreligieuses) une partie de l'année et une vie d'ermite dans la région de Rishikesh (aux sources du Gange et aux pieds des Himalaya.

A l’occasion, d’une grave maladie, il connaîtra l’éveil. A la fin de sa vie, il aura la chance de pouvoir, être à son tour un « guru » pour son disciple Marc qui se chargera à sa mort de publier une partie de son Journal et de ses écrits.

Ces deux êtres nous ont profondément interpellés. Leur correspondance est publiée et le Journal de Henri le Seaux, assez ardu et dans son état brut et non censuré, est très instructif de ce cheminement.