jeudi 10 janvier 2013

Calcutta, bouleversante, déstabilisante et… envoutante !


Malgré toutes nos appréhensions, la longue étape à Calcutta (10 jours) s’est avérée une des plus intéressantes du parcours.

Nous sommes rentrés de Darjeeling en avion, le 2 janvier, tous les trains étaient complets. Une dernière soirée avec Norbert sur Calcutta, pleine d’émotions.
Les échoppes devant le temple de Kali

Grâce à notre précieuse amie, Sybille, nous sommes hébergés dans deux très grandes chambres de la Tomorrow Foundation, au dernier étage de la YMCA (prononcé par les filles : « Moi, j’aime skier ! ».). Souvenez-vous de la chanson des Beatles et de leur chorégraphie kitsch ! Les clips ont bien évolué : les corps des chanteurs se sont recouverts de tatouages, le déhanchement est plus affirmé  et se dénudent plus facilement !



Cette Guest House date de 1861. C’est la plus ancienne YMCA de tout l’empire britannique ! Et effectivement, on l’impression qu’elle n’a jamais évolué : la tuyauterie, les meubles, les ventilateurs… et même un staff adorable mais d’un autre âge !


Nous sommes vraiment heureux de disposer de ces très grandes chambres avec chacun son lit et d’une cuisine. Nous donnons sur une des plus importantes rues de Calcutta (Nehru Street, assez bruyante (mais ça nous permet de moins culpabiliser des cris de Timothée !) et nous profiterons certains soirs du Maiden, immense étendue verte que les anglais ont légué à Calcutta, juste en face du Victoria Memorial.


Toute la journée, et surtout en soirée, des milliers de personnes déambulent sur cette esplanade, au milieu des jeux de cricket. Ce sport  nous étonne toujours. On se souvient d’une blague qui disait que « c’était un sport pour les anglais, qui leur permettait de continuer à bavarder tout en prenant l’air, juste après le thé et juste  avant le whisky ! ». C’est  certainement une de ces nombreuses blagues françaises anglophobes !

Les règles du cricket sont complexes. Malgré notre intérêt, personne n’est arrivé à nous les expliquer simplement.  Les matchs passent en boucle sur les chaines indiennes. Certains matches peuvent durer 5 jours. C’est tout un peuple qui communie avec enthousiasme et ferveur.  Nous, les non-initiés nous avons l’impression que seulement 3-4 personnes jouent, les autres sont en alertes. Incontestablement, il y a beaucoup de classe, de grâce et d’élégance. C’est un jeu de gentlemen  qui s’est vraiment popularisé. L’inde, le Pakistan et le Bangladesh sont parmi les meilleures équipes du… Commonwealth !

Entrée du mouroir à Kalighat
Le lendemain, de notre arrivée, nous visitons avec les 3 filles, le temple de Kalighat, épicentre de toute la ville et qui accueille le mouroir de Calcutta, fondé par Mère Theresa ; Vives moments d’émotions pour papa qui se souvient de ses brefs engagements, trois années de suite, dans cet endroit il y a plus d’un quart de siècle !

Cette émotion sera encore plus intense quelques jours plus tard lors de la visite dans la maison mère des missionnaires de la Charité qui héberge la tombe de Mère Térésa. Papa avait rencontré très brièvement la Mère, avec un ami, Antoine, devenu prêtre du diocèse de Paris. 

Tombe de mère Térésa

Sa tombe est sobre. Une petite exhibition, sans prétention, retrace sa vie, ses combats contre la pauvreté, ses fondations. Sa chambre minuscule, où elle a passé plus de 50 ans ! Partout, règne une atmosphère de grand recueillement. Un matin, de bonne heure, les parents assisteront à la messe, avec plus de 200 sœurs et des dizaines de volontaires. Papa se souvient de la position de Mère Térésa, en tailleur, discrète, silencieuse, tout au fond, minuscule personne, dotée d’une volonté si puissante. L’humilité d’une petite dame au service de la grandeur d’une œuvre ! A méditer !



Découverte des projets de la Fondation Tomorrow

Dans l’après-midi, nous visitons le premier des projets de la Fondation Tomorrow où nous sommes accueillis par la merveilleuse Saswati.  Nous prendrons beaucoup de plaisir à visiter, au cours de la semaine, deux autres leurs projets et à participer à leur pique-nique annuel de toute l’équipe, tellement animé, où les rires ont fusé pendant toute la journée. Cette gaité était communicative et les enfants ont vécu, une de leur plus belle journée.  

Cette fondation indienne intervient dans le domaine de l’éducation. Les projets touchent des classes particulièrement démunies, avec un accent important sur le handicap. Le passionnant directeur Ritwik, souffre lui-même d’un handicap des membres inférieurs. Il a pu étudier et voyager. Son rêve est que Calcutta devienne une ville « deseable friendly » ! Il nous apprend que son adaptation dans ce monde très hostile et souvent indifférent aux handicapés a été facilitée grâce à quelques professeurs et directeurs d’écoles qui exigeaient systématiquement que Ritwik soit intégré dans tous les jeux qui se faisaient dans les cours de récréation. Aucun jeu de balles n’était accepté si il n’était pas intégré dans les matches. Ainsi, il est devenu goal ou joueur de basket. Belle leçon de volonté et d’intégration !


Nous passons avec les trois filles, quelques heures dans un de des deux bus mobiles du projet Chairabeiti. Ce bus s’installe dans des poches de pauvreté pour accueillir des handicapés moteurs ou mentaux. Le bus a été aménagé avec des jeux et des instruments de kinésithérapie. Il y a deux équipes de 5 personnes (agents communautaires, physiothérapeute, kinésithérapeute) qui s’occupent de jeunes. Nous avons la chance d’être intégrés pour quelques heures de disponibilité au service de ces jeunes. Les filles ont particulièrement apprécié la joie des enfants mais aussi ont été impressionnés par des moments de violence, toujours courts mais intenses. Il faut alors isoler, punir et réconforter. Savant dosage !

Le lendemain, nous visitons le « Mother project », à quelques centaines de mètres du temple de Kali (Kalighat). Ce projet initié par la Fondation et Mère Térésa propose des classes de rattrapage aux jeunes en difficultés scolaires. Nous passons de classe en classe. Augustin en profite pour faire le pitre. Ce soir-là, aucun enfant n’a pu travailler !

Augustin rayonnant devant un auditoire tout acquis
La Fondation Tomorrow gère aussi, dans les locaux d’une école publique, un projet « Model class » qui s’adresse aux jeunes très pauvres. En quelques années, et en suivant le curriculum du ministère, la Fondation a mis au point une pédagogie adaptée et performante. Nous pensons à nos propres expériences, avec Initiative Développement puis avec ADEMA dans le Nord-Ouest Haïtien, l’école Pa nou, initiée par Isabelle et Mausert.




Et toujours et encore le CNED

Chaque matin, nous travaillons le CNED, avec beaucoup d’acharnement !

Le rythme est pris. Plus personne ne râle, malgré les quelques négociations d’usage (« Papa, aujourd’hui, pas d’évaluation, seulement trois matières, etc. » ou « Maman, après tu m’achèteras une voiture », rajoute Augustin !).

Au cours de cette année, les plages horaires, consacrées au CNED, se rétrécissent mois après mois à cause de toutes les opportunités de découvertes et d’échanges qui se créent. Nous nous concentrons donc sur les fondamentaux et sur les matières principales. Certaines matières, plus « créatives » sont faites en groupe !


Chaque fille a ses préférences et surtout ses blocages : la technologie n’enchante pas Maguelone (les notions de cahier des charges ou de fonctions techniques et d’usage sont difficiles à transmettre et à comprendre) ; Guillemette bloque sur l’orthographe française (les filles ont régulièrement le droit à de longs monologues de papa sur la rigidité de l’Académie française, arque boutée sur les règles, alors qu’une langue et vivante et doit évoluer, « Bon, t’as fini, papa,tu nous l’as déjà dit 10 fois,  on peut s’y remettre ! ») ; et Justine n’adhère pas aux sciences du vivant, pourtant si intéressantes.