Entre Kalaw et le Lac Inle, nous optons pour le train, long
7wagons, lent, balançant, tellement bruyant et remuant…. Même Timothée ne nous
impressionne plus avec sa voix !
70 kilomètres en 3 heures. Le chef de gare nous précise que
c’est le « fast train ».
La gare de départ a gardé le cachet britannique du début du
siècle avec son télégraphe, ses coffres forts et sa billetterie…
L’émission « un
train pas comme les autres » doit venir dans quelques jours
tourner une prochaine émission. Il faut dire que les paysages sont somptueux à
une altitude moyenne de 1.300 mètres.
Le conducteur de train, bétel à la bouche, vient inviter Augustin dans la locomotive et il redémarre aussitôt. On voit réapparaitre Augustin à la station suivante, ravi, riant et tellement heureux d’avoir conduit le train et actionné le klaxon si puissant ! Plus rien n’étonne Augustin ! Il semble partout à l’aise et sûr de lui !
Ca nous rappelle une rencontre magique dans une étape
précédente, à Pyin U Lwin. Nous petit-déjeunions notre soupe de poissons
( !) dans notre hôtel, dans une salle de restaurant grande et vide
lorsqu’un personnage, hors du commun entra et tout à coup la salle semblait
remplie de plein de gens !
Il mesure près de deux mètres, légèrement voûté et nous
adresse la parole, d’un retentissant bonjour la grande famille en anglais d’une
puissance incroyable. Comprenant que nous sommes français, il parle alors un
français joyeux, coloré et très bien maitrisé. (Plus tard, il aidera d’ailleurs
Guillemette qui bloquait sur une « hyperbole » dans sa leçon de
français !). A notre invitation, il s’assoit à notre table et nous parle de son
parcours… et là commence le récital. Nous sommes au spectacle ! Nous sommes totalement
subjugués et charmés par son caractère, sa vie et sa personnalité.
Seule l’Italie peut produire ces personnages, tellement
charismatiques, à l’humour caustique et d’une culture universelle mais florentine.
Parce que bien sûr, il est originaire de Florence. Papa lui glisse qu’il n’a
jamais rencontré un italien qui n’affirme pas qu’il est originaire de
Florence !
Merveilleuse Italie qui a su, tout au long de son histoire,
des Romains à Roberto Benigni (l’incomparable et unique réalisateur de « La vie est belle »), en passant par
la Renaissance, produire ces « concentrés » d’humanité, tellement généreux,
excessifs, géniaux et tellement… caricaturaux ! Une pensée bien amicale de
papa à tous ses collègues italiens, hauts en couleur aussi et tellement
chaleureux !
Après plus de 30 ans pour le Bureau Européen des Brevets,
qu’il dirigera à la fin de sa carrière, Corrado P. décide de partir en Chine
pour proposer ses services. Comme il le dit lui-même, il a passé quarante ans à
se constituer un sacré carnet d’adresses et les italiens aiment ce travail
d’entremetteurs. Ils ont toujours un ami, un cousin ou un partenaire à recommander.
Il nage avec passion et talent dans cet univers. Père de 4 enfants et
grand-père de 8 petits enfants (dont il profite peu « tu comprends, des jeunes enfants, tu ne peux pas discuter ! »).
En fait, Corrado a besoin de discuter, de palabrer, de s’exprimer dans
plusieurs langues qu’il maîtrise bien, de faire rire, de provoquer d’adhésion
et de susciter l’admiration. Il quitte donc les siens - « De
toute façon, ils sont sous l’emprise de la Mama !, tu comprends, Bruno, en
face de la Mama, y’a rien à faire ! Même Berlusconi était un enfant de
cœur devant sa mama qui était donc la femme la plus puissante d’Italie, donc du
monde ! » - pour passer six mois de l’année en Chine sur
différents projets de développement touristiques durables.
Le gouvernement chinois le rémunère en lui offrant
gracieusement un appartement à Kunming dans le dans le Yunnan (qu’il met à notre disposition à notre prochain
passage en avril). Il veut à tout prix inviter papa à intervenir à un prochain
colloque en mai en Chine sur le développement durable et papa a toutes les
peines du monde à lui expliquer qu’il n’a pas le droit d’intervenir dans un
autre pays que celui de son affectation et sans « mandat ». Mais
qu’il est difficile de convaincre ces personnages passionnés !
Au moment où nous le croisons, il est bloqué dans cette
ville parce que le train qu’il devait prendre a déraillé ! Il fait une
étude pour les Chinois sur la possibilité de rouvrir et de réactiver la route
touristique entre la Birmanie et le Yunnan en Chine.
Il nous montre des photos de ces différents périples car son
hobby est justement d’essayer de réhabiliter une ligne de chemin de fer dans le
Sud de la Chine, construite par les français et qui reliait la Chine à Hanoï. Au
début de notre périple, nous avions pris l’unique tronçon en circulation entre
Lao (à la frontière chinoise sur notre route de Sapa) et Hanoï.
Nous allons justement le mettre en contact avec cette
émission « Des trains pas comme les
autres ». et nous espérons le retrouver prochainement chez lui, à
Kunming… Ciao Corrado !