vendredi 10 mai 2013

Réunion de famille sur la Place Tiananmen

Pékin s’est aussi et surtout l’occasion de retrouver les cousins germains, arrivant de France à 4, Agnès, Vincent, Eléonore et Louis-Grégoire. Ils ont laissé deux de leurs filles en France et à Rotterdam, Karen et Clémentine pour préparer leurs concours et finir Erasmus.

Ils viennent partager quelques jours notre route et aussi retrouver Clara, leur fille aînée, étudiante depuis 4 mois en Chine, à Shanghai.

Les retrouvailles se font, partiellement, au Temple des Lamas, plus grande temple bouddhiste tibétain, en dehors du Tibet, qui a été préservé par la Révolution Culturelle, probablement à cause du Panchen Lama, plus accommodant avec les autorités que le Dalaï Lama.

Puis, ensemble, en soirée, nous retrouvons Clara, sur la place Tiananmen… Tellement facile à reconnaître, même au milieu de milliers de touristes chinois, grande et blonde, elle est toujours précédée de son sourire… On entend déjà son rire à quelques stations de métro ! Filleule de Lucile et marraine d’Augustin, elle irradie de sa bonne humeur et de sa simplicité.

Nous retrouver tous sur la grande place de Tiananmen, personne n’aurait pu l’imaginer !

Nous pensons avec émotion, aux événements de Tiananmen, où une aspiration démocratique des étudiants fut réprimée sauvagement. Les autorités ont désormais installé un système de filtre, de barrage, de barrières et de contrôle qui en fait, certainement, l’un des lieux les plus surveillés de la planète ! Avec aucune possibilité de s’assoir… et de flâner trop longuement.

Le Mausolée de Mao trône au cœur de la place, rompant ainsi la splendide perspective de la plus grande place du monde. Combien d’années faudra-t-il pour que le Grand Timonier soit déchu de son trône et finisse conspué comme les autres dictateurs du siècle précédent ?

Avec les cousins, nous allons visiter les principaux spots de Pékin et de ses environs… A 12 dans un minibus, nous commençons par la Grande Muraille, majestueuse et inutile ! Comme notre ligne Maginot, elle n’aura retenu aucun conquérant !

Alors qu’elle s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres, tout au Nord du pays, nous la découvrirons avec… des milliers de touristes chinois ! Qu’importe, en marchant un peu, on s’éloigne des foules et on imagine ces soldats, en veille et alertes, à la manière du livre de Dino Buzatti, le « désert des tartares ».

Les enfants apprécieront vivement le télésiège pour monter et plus encore le toboggan pour redescendre… Là encore, tout est bien organisé, bien huilé.

Le lendemain, nous visitons la Cité Interdite, vidée de ses trésors par Chang Kai Tchek. Les bâtiments sont toujours là. Ils ont résisté au temps. On imagine Mao, sur la terrasse, supervisant les défilés de l’Armé Rouge. Cette Cité nous rappelle la richesse de la culture chinoise avec son histoire plusieurs fois millénaire. Au XIXè, la Chine était déjà la plus grande puissance du globe mais s’isolait des influences étrangères. Elle est en train de le redevenir, en s’ouvrant au monde.

En train de nuit, nous partons à Pingyao, petite ville à 500 km de Pékin, qui s’est développée, sous la dynastie Ming, lorsque des commerçants y ont créé les premières banques du pays. Préservé du remodelage cher au planificateurs communistes, classée par l’UNESCO au Patrimoine Mondial de l’humanité, Pingyao a été préservée et se tient tranquille sereine, autour de ses remparts. La ville vit autour de ses touristes mais elle a beaucoup à offrir. Nous descendons d’ailleurs dans une superbe Guest House TYK (Pinyao Tianyankui Hotel) aménagée dans plusieurs cours, comme les temples que nous visitons.

A Pingyao, nous récupérons, notre ami Franck, prêtre jésuite, rencontré par papa dans ses camps MEJ. Toujours positif, le cigare au bec, cette force tranquille et décontractée de 70 ans, sera le meilleur compagnon de jeux des enfants. A vélo, en bateau, choisi pour être aussi leur compagnon de dortoir, il est aussi assaillit par les câlins de Timothée, sans doute en manque de « grand-père »…

Nous quittons à Pingyao, les cousins que nous retrouverons pour une ultime après-midi et une soirée pékinoise avant notre départ. Ils partent sur Xian que nous n’avons pas inscrit sur notre parcours. Il faut toujours en garder pour avoir envie de revenir !

Après ces trois jours merveilleux sur Pingyao, nous rentrons avec Franck sur Pékin pour profiter une dernière fois de ses parcs et de son Palais d’été.

Nous assistons, en soirée, avec plaisir à un spectacle d’acrobaties chinoises, quelques contorsions inimaginables, et des numéros très créatifs et aériens en vélo, avec des ombrelles ou des chapeaux.

Papa et Franck profite de la matinée du lendemain pour visiter le Musée National sur la place de Tiananmen. Etonnant bâtiment, qui fait face au Parlement, de l’autre côté de la place, construit suivant les concepts communistes où l’homme est une poussière, écrasée par la structure de béton !

Ce musée, qui a été rénové, dispose de 5 étages immenses mais malheureusement un seul étage est consacré à la « Chine ancienne » ! Ce que le régime appelle la « Chine ancienne » débute au Paléolithique et s’achève à la veille de la prise de pouvoir communiste ! Plus de 5.000 ans sur quelques mètres-carrés !

Le « temps de la renaissance » qui couvre la période communiste dispose lui-aussi d’un étage de peintures, à la gloire du Grand Timonier. Malgré la propagande, on ne peut s’empêcher d’apprécier ces visages, ces poses de ces ouvriers et paysannes, en mouvement. Cet art, à la gloire du régime, sera un jour très apprécié et collectionné.

Mais malgré une culture chinoise d’une rare richesse, le musée est assez pauvre. Est-ce là encore le résultat de la Révolution culturelle, il nous semble qu’une telle culture mériterait plus d’espace et doit receler d’autres trésors que ceux exposés… L’Occident et la France, tout particulièrement, ont de la chance de bénéficier d’une culture de la préservation !

Nous sommes vraiment étonnés, voire choqués, de la manière de traiter le passé. Par exemple, il n’y a qu’une seule vitrine sur la religion ! (et encore, c’est la religion des occidentaux), juste une reproduction de la carte du jésuite italien Mattéo Ricci.

Il n’y que très peu de référence aux traditions religieuses à travers les âges dans ce pays qui héberge pourtant trois sagesses bien vivantes, le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Les vitrines mentionnent plutôt les échanges commerciaux, la littérature, les modes de vie… sans intégrer cette composante religieuse ou spirituelle. Très perturbant !

Après un dernier dîner entre cousins, nous embarquons avec Franck de la gare centrale de Pékin, à bord du mythique K3 – le Transmongolien qui part pour Moscou qu’il atteindra dans 6 jours. Nous nous arrêterons une vingtaine de jours en Mongolie… Mais nous sommes tellement heureux d’être arrivés à cette étape… qui était un des nombreux buts de notre périple.