mardi 9 avril 2013

Le Yunnan, merveilleux paradis naturel et terre d’accueil des minorités Nixa et tibétaine… (1)


AVERTISSEMENT : La Chine censure notre blog ! Non en fait, notre… fournisseur Blogger ! Une fois de plus, nous nous tournons donc vers Véronique, qui nous avait initiés au blog… Donc notre texte est envoyé par mail avec les photos au Bangladesh pour être mis en ligne. Vive la mondialisation, la solidarité et l’amitié ! Merci Véronique !

 
Après trois heures de vol au-dessus des montagnes, nous atterrissons à Kunming, petite capitale régionale du Yunnan de 7 millions d’habitants !

Le passage de frontière est facile, très bien organisé, efficace… C’est de bon augure pour notre mois et demi en Chine (si nous arrivons à étendre notre visa) !

Et en sortant, grande surprise, nous retrouvons nos amis libanais, Eliane, Issam, Joe et Ivan qui sont arrivés quelques minutes avant nous après plus de 24 heures de vol de Beyrouth !!! Les retrouvailles sont bruyantes et émues ! Tout l’aéroport nous regarde ! La si chaleureuse convivialité libanaise est immédiatement contagieuse !

On se répartit en taxis et on traverse à toute allure la ville de Kunming pour nous retrouver dans une auberge de jeunesse en centre ville. Mais où sont passés les jeunes ? Le système des auberges de jeunesse est très performant en Chine. Elles offrent un hébergement assez basique mais relativement peu cher… pour des familles, couples et moins jeunes !

Grâce à notre ami australien, Keith, rencontré au Lac Inle en Birmanie, tout notre itinéraire a été préparé gratuitement… Il a pris le temps de tout nous indiquer sur le papier et nous n’avons plus qu’à suivre ses indications pour découvrir ce Yunnan merveilleux qui a tellement à offrir et qu’il connaît si bien pour y vivre depuis plusieurs années et avoir monté une petite structure de guide.
Le matin, à Kunming, de bonne heure, nous cherchons des taxis pour la gare. Personne ne parle un mot d’anglais. Première expérience de « lost in  translation ». Les talents de dessinateur d’Issam seront régulièrement utilisés ! Les pictogrammes sont universels, c’est l’esperanto du voyageur !
Nous ne sommes jamais sûrs d’être compris et pourtant, comme nous le dit Issam, « ça relaxe de ne pas comprendre et de ne pas être compris ». Ca évite de s’investir dans la discussion. On se laisse guider. Quel bonheur !

On court à la recherche de la gare et de notre train. Et là, premier choc culturel… le milliard et demi de chinois sont déjà dans notre wagon et tout particulièrement sur nos places ! Si ! Si ! Les mamans, Eliane et Lucile deviennent agoraphobes ! Elles ressortent respirer quelques minutes ! Les papas, un peu inquiets, se fraient un passage pour espérer trouver un quart de place où l’on pourrait s’asseoir les uns sur les autres et… les enfants, comme d’habitude se sentent bien et s’installent finalement en hauteur, dans des places qu’il faudra repayer ! Quelle expérience de densité démographique !
Et là, dans ce compartiment ouvert sur tout le wagon, nous sommes 16 personnes sur deux banquettes (dont 3 jeunes filles qui parlent anglais et que nous solliciterons toutes les 5 minutes, entre deux éclats de rire !) et que des sourires…

Issam, avec son œil d’artiste en profite pour mitrailler habillement les portraits et les visages pendant les huit heures du trajet vers Dali. Notre blog, grâce à lui, va s’enrichir de belles photos.

Et puis, à midi, les Libanais rompent leur jeun. Les maronites - catholiques libanais - jeunent, pendant tout le Carême, tous les matins jusqu’à midi. Tout à coup, nous fêtons notre Pâque en chantant Alléluia dans tout le wagon, accompagné à l’harmonica par Issam ! Les gens nous regardent amusés mais, malgré notre grande envie de leur faire comprendre l’importance de cette fête pour nous ainsi que pour un autre milliard de croyants, nous renonçons. Trop compliqué à expliquer !

Et là, évidemment, il fallait s’y attendre… Eliane ouvre une première valise de 30 kilos avec… que de la nourriture libanaise ! Fabuleux de fêter Pâques ensemble en mangeant en Chine les traditionnels gâteaux Pascals libanais. Nos visiteurs ont été les ambassadeurs de notre groupe d’amis des END ! La valise déborde ! On se régale et merci à tous ! Quelques kilos de plus en quelques jours !

Eliane a même apporté plus de 10 litres de Sohat, l’eau libanaise pour… l’arak ! Et surtout, le comble… même du thé, dans le pays qui est le plus grand consommateur de thé au monde ! Avait-elle peur de ne pas en trouver ? Evidemment, elle se fera blaguer par tout le monde pendant tout le séjour mais il faut reconnaître qu’elle nous a nourris pendant une semaine ! Et les soirs, l’arak libanais a animé nos soirées ! Beaux moments d’amitiés autour de la culture arabe et proche-orientale du repas pris ensemble (« Mange ! Habibi ! Encore ! »).

Nous arrivons vers 16 heures à Dali, où nous attend une mini-camionnette de 14 places (11 personnes plus 120 kilos de bagages des amis libanais J !

Et nous découvrons avec plaisir et bonheur cette petite ville de Dali, première étape sur notre séjour dans le Yunnan.

Très bien situé entre les montagnes, Dali était une des Mecques des routards il y a quelques années (papa et son frère Benoît y étaient venus il y a 28 ans mais papa n’a rien reconnu !).

Dali s’est enrichi, s’est développé et accueille des millions de touristes chinois, curieux de tout. Ville branchée, elle offre tout ce que le touriste veut : restaurant, musique, vêtements, gadgets et artisanat mondialisé… Les monuments « sacrés » (temples et pagodes) sont rares, sauf trois grandes tours d’une dizaine d’étage qui datent du XIè. Finalement, nous trouvons une petite église de 1923, qui est classée et protégée. Appartient-elle à l’église officielle ou à l’Eglise catholique ? Nous ne le saurons jamais.

Il faut savoir qu’il y a deux catégories de catholiques en Chine : ceux tolérés par le régime, qui nomme lui-même prêtres et évêques et ceux qui revendiquent, en silence et discrètement une filiation avec l’évêque de Rome. Le Pape, et lui seul, a nommé secrètement quelques évêques qui ne peuvent s’afficher sous peine de représailles. Bien sûr, ce n’est plus le temps des catacombes mais nous avons du mal à percevoir les risques et la censure.

L’histoire des chrétiens et des catholiques en Chine est pourtant édifiante avec notamment le personnage de Matteo Ricci, jésuite, bien introduit à la cour du Mandarin qui avait intégré des rites chinois dans la liturgie catholique (ce qu’on appelle la « querelle des rites »). Il sera malheureusement désavoué par la hiérarchie… Trop en avance sur son temps. Depuis les Jésuites se sont bien assagis. Ils ont même désormais leur pape !

Pour en savoir plus voir le site : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/chine

Le soir, nous assistons à une séance de Cinéma Paradiso en plein cœur de la ville. C’est touchant. Le doublage (tibétain-mandarin ?) est bien décalé. Issam nous raconte son année en Lettonie, en 1989, à la fin de la guerre civile libanaise, où les films étrangers étaient doublés avec une seule voie masculine ! Il parait que c’était hilarant ! Le même homme doublait les scènes de tendresse entre un homme et une femme ! Le communisme s’est bien adapté. Il a muté, surtout en Chine !

Nous sommes vraiment impressionnés par le nombre de touristes chinois. Dans la presse européenne, la Chine vient d’être déclarée le pays qui exporte le plus grand nombre de touristes dans le monde… mais la Chine bénéficie aussi d’un tourisme interne ahurissant ! Les villes de Lijiang, Dali et Sangri La sont remplies de groupes ou de voyageurs individuels, assoiffés de nouvelles découvertes. Sur toutes les routes, nous allons rencontrer des jeunes chinois à vélo qui prennent le temps de visiter le Yunnan, paradis pour les cyclistes.

Nous enfourchons du coup des tandems, petits et grands par équipe pour découvrir les champs cultivés aux centimètres carrés prêts jusqu’aux abords d’un lac. Nous pensions en faire le tour mais il est démesurément grand !!! Ah le tandem, les purs cyclistes commes les pères, Issam et Bruno, ne sont pas séduits. Maman casse sa partie de chaine à force de trop pédaler !!! Ce qui défrise définitivement papa et nous nous rappelons de notre toute première expérience de tandem en pleine ville de Dhaka !!

Nous remarquons que ces touristes sont disciplinés, calmes et sages. La Chine avait la mauvaise réputation d’être bruyante, sale et insalubre. Dans les premières villes et campagnes visités, rien de tout ça. Chaque restaurant, hôtel, magasin a un accès à l’eau potable et un système d’évacuation des eaux usées. Les villes sont très propres. Plus personne ne crache, plus un papier par terre, comme c’était le cas, il y a plusieurs décennies. Moins de fumeurs semblent-ils. Le tabac était une plaie nationale qui semble avoir été assez bien gérée, du moins en province. On dit que toute cette éducation à la salubrité se sont faits notamment grâce aux Jeux Olympiques de Pékin.

Dans les rues, c’est un ballet permanent, bon enfant de jeunes et moins jeunes. Les chinois et surtout les chinoises osent tout, en matière d’habillement ! C’est étonnant ces pachworks que portent les femmes de cette nouvelle classe moyenne chinoise. Aucune occidentale n’oserait, pas même les… Londoniennes ! Heureusement, la mode des tatouages et des piercings n’est pas encore arrivée en province… Les corps sont donc encore presque immaculés !

Incontestablement, le pays s’est développé à toute allure ! Chaque ville est un chantier permanent. La moindre petite route comporte de sacrés ouvrages d’arts avec ponts, tunnels. La moindre rivière est utilisée pour produire de l’électricité qui est cependant très rationnée en province. Ce pays a soif d’énergie qu’il ne peut que rarement produire. Chronique d’un gigantesque problème annoncé !

Et ce qui nous impressionne vraiment, pendant cette première semaine, c’est que cette soif de consommer reste nationale, nous semble-t-il. Bien sûr, il y a les grandes enseignes internationales mais il semble que les chinois consomment d’abord chinois. Jusque dans les panneaux, tout est en chinois et vraiment très rarement en anglais, même dans ce Yunnan si touristique.

Après Dali, nous visitons un petit village, Shaxi, qui a gardé intact sa place centrale et quelques rues. Nous y rencontrons nos premières communautés tibétaines, si placides et sereines. A chaque virage, une stupa, à chaque col, des milliers de drapeaux à prières annoncent donc un pays bouddhiste tibétain. Et effectivement, ces grands espaces invitent à la méditation. 

Le lendemain, sous la conduite d’Issam, nous ferons une belle ballade dans un petit parc, spécialement aménagé pour accueillir des milliers de touristes en été. Heureusement nous sommes seuls et nous profitons de ces vagues de montagnes à 360°, un peu comme nos Cévennes natales, les champs de colza en fleurs jaunes en plus !
Tous, nous nous régalons de cette cuisine préparée en quelques minutes, de ces légumes ou viandes hachée si menus qui sont jetés dans une grande casserole bouillante et cuits en quelques secondes, gardant ainsi toute leur valeur nutritive. Chaque plat est composé d’au moins 4 ou 5 ingrédients. Quelle richesse !

Le 4ème jour, nous prenons la route pour découvrir un paysage hallucinant, les Gorges du Saut du Tigre, magnifique trouée creusée par une rivière violente entre des montagnes dont certaines culminent à 5.000 mètres. Spectaculaire et dangereux. Nous nous contenterons d’une promenade en hauteur.

Le Yunnan regorge de sites comme celui-ci. Ca va devenir une destination phare dans les années à venir. Déjà, il et prévu d’élargir la route principale. Nous espérons seulement que les spécificités de la région et de ses minorités seront préservées et valorisées.