samedi 23 mars 2013

Le Népal, à découvrir au-delà des clichés…


Il y a 29 ans, Papa avait découvert une ville plus calme, moins polluée mais avec une jungle d’hippies qui résidaient dans « Freaks street ». C’était l’époque des chambres à 2 francs français la nuit et de ses propositions (« magic mushroom » et autres paradis artificiels) pas tellement plus chers ! La rue grouillait de ces européens en recherche ou en « perdition » ! Lire, à ce propos, le cruel livre de René Barjavel « Sur les chemins de Katmandou ».


Les livres de chevet des routards étaient, à cette période, les livres de Carlos Castaneda qui faisaient l’apologie de toutes ces expériences de prise de drogues (« la petite herbe du diable ») ; les différents récits d’Alexandra David-Neel qui faisait découvrir le bouddhisme tantrique (« le bouddhisme du bouddha ») et un superbe livre très original « de la pratique du zen et de l’entretien des motocyclettes », toujours édité et à découvrir d’urgence. Du Jack Kerouac plus universel, plus puissant, plus drôle et moins torturé !

Aujourd’hui, dans les bibliothèques des Guest House où nous descendons, les touristes ont abandonné des polars, les derniers romans d’Amélie Nothomb et de Marc Lévy… Autres temps, autres publics, autres recherches !

Les routards et les touristes se sont diversifiés. Ils se sont assagis… Freak street a disparu… Le quartier Thamel, plus aseptisé, s’est développé avec agences, restaurants, hôtels où l’on parle toutes les langues et où on répond toujours favorablement à la moindre demande ! Cet devenu un « guetto pour touristes ».



Ca nous arrive d’être choqués par tous ces gens qui débarquent dans des lieux centenaires - souvent saints - et qui sortent leurs énormes appareils pour mitrailler monuments et personnes et repartir en groupe à l’assaut d’un autre spot à photographier. (Avec les 5 enfants, nous sommes aussi souvent pris pour cibles, notamment des chinois, qui viennent en nombre, via le Tibet !). On a l’impression que tout le monde voyage à travers son appareil…

La durée de visite des pagodes, des temples, des monuments ne dure ainsi que quelques minutes. La mythologie indienne (un panthéon de 3 millions de Dieux !) est expédiée en quelques minutes avec un focus sur les dieux essentiels, plus accessibles (Vishnou, Shiva et Ganesh, réduits à une autre Trinité) !

A la sortie de ces monuments, les touristes se ruent dans les petites échoppes pour acheter et marchander l’artisanat local (disques de mantras, remixés à la world music, masques occidentalisés, instruments liturgiques produits à la pelle, bijoux, etc.). Le marché de l’artisanat s’est mondialisé !

Il faut reconnaître que ces voyageurs dépensent en quelques heures beaucoup plus que nous en quelques semaines et incontestablement ils participent plus au développement économique du pays. Cependant, il nous semble qu’il y a toujours entre ces touristes et les populations locales, cet appareil photo avec cet énorme téléobjectif, qui s’installe comme une barrière culturelle.

Alors, on peut percevoir que les populations locales ne s’en formalisent plus, elles posent complaisamment tandis que les touristes ont la peur de « rater la photo ». La même photo est donc prise par plusieurs personnes, parfois de la même famille ! Nous observons, en voyeurs, ce réflexe touristique qui nous semble être parfois à la limite de l’indécence !

De notre côté, nous participons aussi parfois, à ce rituel photographique… mais notre unique appareil photo a disparu rapidement. Nous dépendons donc des photos de nos amis qui nous visitent et de quelques moments immortalisés par nos iPhones ! Si ça semble bien suffisant à papa, Maguelone ne s’en console pas et aimerait disposer d’un bel appareil, digne de ce nom.

Au-delà de la chasse aux bons clichés, le pays mérite bien évidemment plus d’investissements de la part du visiteur.

Coincé entre deux gigantesques pays et puissances - l’Inde et la Chine - le Népal a su préserver son indépendance, acquise en 1923. Complètement enclavé, le pays est assez tributaire, pour ses approvisionnements de ces deux pays.

  

Quelques chiffres :

Population : 30 millions d’habitants (triplement en 50 ans)
Religions : 81% de la population est hindouiste, 11% est bouddhiste et 4% sont musulmans.
Ethnies : 100 dialectes parlés par 60 ethnies différentes
Taux d’alphabétisation : 49%
PNB par habitant : 240 USD
Age moyen : 21 ans
Indice de développement humain : 157/187 pays


Ainsi, nous découvrons avec stupeur son histoire récente et notamment la lutte entre la guérilla maoïste et les forces de l’ordre qui a « saigné » le pays pendant une dizaine d’années.


Il nous semble que cette histoire a été relativement peu mentionnée dans les medias occidentaux. Et pourtant, ce qui s’est passé au Népal est unique : une puissante guérilla maoïste (15.000 soldats) qui a occupé jusqu’à 40% du territoire, qui ne dure que 10 ans (1996-2006) pour finalement participer au processus de paix et à un gouvernement… ce n’est pas très courant !

Cette guérilla a tout de même fait plus de 13.000 morts. Le processus de paix, accompagné par les Nations Unies, est en cours. D’une certaine façon, il est assez remarquable. La monarchie a été abolie, sans règlement de compte. Une nouvelle Constitution a été préparée. Aujourd’hui, les maoïstes participent au gouvernement qu’ils ont même dirigé quelques mois.

Evidemment, les problèmes restent cependant importants - notamment la réintégration des « guérilleros » dans l’armée nationale.

La guérilla a fait évoluer les mentalités sur l’égalité entre femmes et hommes (taux d’alphabétisation est de 62% pour les hommes et 35% pour les femmes), sur une meilleure répartition de la richesse (le Népal est un des 10 plus pauvres de la planète), sur le développement des services publics aux plus pauvres et aux populations les plus enclavées (25% de la population vit avec moins de 1 USD par jour).