samedi 5 janvier 2013

Message du Père Norbert qui a partagé notre vie pendant une semaine




Le père Norbert Marie SONNIER, dominicain et ami de la famille (il nous a marié et a baptisé les 5 enfants) nous a rejoints une semaine à Calcutta puis Darjeeling. Plein d'affection, d'humour et de lucidité, Norbert nous a aidé à relire nos premiers mois. Il nous a permis de mettre en perspectives les prochains moments et nous avons célébré une messe devant un paysage époustouflant. Des moments rares et appréciés. 

Voici son témoignage. 

"Rejoindre la famille Montariol pour partager une huitaine de jours de leur périple est une expérience qui, en soi, vaut déjà le déplacement ! Et, de plus, quand il s’agit de faire, avec eux, Darjeeling, ça devient mythique …

Ils m’ont rejoint à Calcutta arrivant par train du Bengladesh. J’étais arrivé la veille, ou plutôt le matin à 3h, sans bagages (perdus entre Delhi et Calcutta), mais ayant fait la connaissance de 2 françaises lors de notre escale forcée de 12h à Delhi. J’ai mis tout ce monde en relation, car ils appartiennent à la même tribu des partenaires en développement …

On s’installe donc à l’Hôtel Astoria, sur Suder Street, et l’on a une séquence « nostalgie » puisque Bruno - à l’époque de sa folle jeunesse - était arrivé dans cette rue où se retrouvent les aventuriers en tout genre. Je retrouve donc la famille que je n’avais pas vue depuis le baptême de Timothée que j'avais célébré au Liban en octobre 2010. Tout le monde a l’air en forme et chacun se plaît à raconter ce qui l’a marqué depuis le début du périple. 

L’enthousiasme est intact, malgré les déplacements incessants et la fatigue des transports.

Calcutta est fascinante, mais je m’y sens bien. J’y ai passé une journée tout seul à traîner un peu à l’aventure. Deux personnes m’ont donné l’impression de sympathiser en me parlant de leur ville et en me faisant visiter, mais déception au final … puisque je suis sollicité pour donner de l’argent à l’une ou l’autre « fondation » qui s’occupe des enfants des rues. Enfants des rues, enfants dans les rues, enfants au travail … on ne peut pas ne pas les voir ! Et Thibault que l’on rencontrera à la fin de mon séjour nous expose avec enthousiasme les projets de l’association pour laquelle il a travaillé comme collecteur de fonds. Je suis épaté de voir combien les français sont mobilisés pour venir en aide aux enfants.

Il y a une vraie vie de rue, une vie dans la rue à Calcutta : on peut y manger, s’y faire raser, se faire cirer les chaussures, etc. Certains y vivent, on voit des embryons de bidonville un peu partout, des gens s’installent et vivent sur les trottoirs. Mais cette Calcutta est en train de disparaître, m’a-t-on dit, au profit de la construction de grands immeubles qui vont transformer cette antique capitale de l’empire britannique en une mégalopole contemporaine. Hélas ! Les belles demeures coloniales disparaissent … mais l’Inde se tourne résolument vers l’avenir. Et on sent ce dynamisme qui contraste tant avec nos sociétés tellement installées qu’elles en paraissent sclérosées, comparées à cette vitalité qui anime la ville et sa population.

Darjeeling … c’est un vieux rêve de Bruno ! Nous voilà partis : avion et taxi (3 h de conduite rapide sur une route étroite et encombrée !). Le dépaysement est total dans cette ville située à plus de 2000 m, pas loin des sommets himalayens que l’on voit enneigés. On tombe en plein dans un festival local, ce qui donne une animation culturelle à cette ville où je suis étonné du nombre d’hôtels, mais qui s’explique quand on sait que c’est le départ de nombreux trekkings. Ce qui frappe là encore c’est le contraste entre une certaine tradition et la modernité. Les jeunes notamment sont identiques à leurs contemporains européens : même look, mêmes vêtements, mêmes Ipod, Ipad . Mais l’on peut aussi se régaler dans des échoppes grandes comme un studio où l’on vous sert une excellente nourriture népalaise que les restaurants chics n’arrivent pas à égaler. Bien sûr, on a vu des monastères et l’on voit que la religion fait partie du quotidien et du paysage. Les traces anglaises sont présentes dans quelques belles demeures coloniales, pour la plupart transformées en hôtel chic (on passera une nuit dans l’un d’entre eux) et dans le Toy-Train que l’on prendra pour redescendre (3 h pour 50 kms). Et toujours la même vie, la même vitalité, que ne ralentit même pas l’administration qui occupe beaucoup de gens à remplir des formulaires en tout genre, comme on le voit presque partout en Inde.

La famille Montariol n’est pas qu’en vacances : les enfants doivent travailler leur scolarité grâce au CNED. Chaque jour, on s’essaye à trouver quelques heures pour avancer dans le programme et surtout réaliser les évaluations que je posterai  à mon retour en France. Il faut du courage aux enfants pour s’extraire de cette aventure humaine qu’est leur itinérance pour se plonger dans leurs leçons, sans le cadre porteur d’une salle de classe. Mais chapeau ! Ils y arrivent … et les notes que j’avais rapportées montrent leur sérieux. Je pense que cette année leur apportera des connaissances que l’on apprend dans aucun livre.

Bruno passe pas mal de temps dans l’organisation, les formalités, les projets, les plans et leurs réalisations … C’est son truc, et il s’en tire très bien. Lucile fait mon admiration dans l’enthousiasme avec lequel elle avance dans cette aventure où rien n’est simple et en même temps demande de tout simplifier.

Dire que j’ai été heureux de passer cette semaine avec eux est une évidence et je les remercie de m’avoir invité à les rejoindre. J’ai bien envie de réitérer l’expérience avant qu’ils ne quittent l’Inde…"

P. Norbert-Marie Sonnier, « aumônier » de la famille !