Grâce à de jeunes volontaires, croisés à Darjeeling, nous
avons rencontré le Frère François-Marie un soir à dîner et le lendemain pour
une visite avec lui sur son lieu d’intervention, un bidonville au cœur de la
ville.
Cette rencontre
justifie, à elle seule, notre décision de partir pendant un an à la rencontre
d’autres réalités.
Comment le décrire sans que sa véritable humilité en souffre ? Comme les filles nous l’ont dit, « c’est une sorte de saint » contemporain. Sa compassion est sans borne et son engagement est vivant, joyeux, vrai et entier.
La veille, les parents, ont eu la chance de passer une
soirée avec lui et Julien, un jeune volontaire des MEP. Ils ont parlé de
Calcutta, de sa vocation, de l’Inde, des pauvres et beaucoup… d’Haïti, où le
frère François-Marie envisage d’étendre son œuvre, si Dieu le veut (si Dye vlé, en créole).
Sur les traces de Mère Térésa, comme il le revendique
lui-même, son appel date d’il y a 9 ans. Après neuf mois d’attente pour avoir
le feu vert du Diocèse de Paris,
le voilà qui part à Calcutta à la rencontre du plus pauvre.
En fait, le Frère François-Marie parle plutôt « d’un
appel dans l’appel », puisque le premier appel était celui de se
consacrer à Dieu pleinement et de devenir prêtre. Le 2nd appel est
donc, un approfondissement de l’appel originel, une "justification" mais il l’oriente vers les
autres, et tout particulièrement vers les plus pauvres.
Ces chrétiens engagés ont tous le même discours d'une Foi inébranlable : "une intuition au départ, beaucoup de prières et ensuite c’est l’affaire de Dieu qui pourvoit en support ou volontaire".
Ces chrétiens engagés ont tous le même discours d'une Foi inébranlable : "une intuition au départ, beaucoup de prières et ensuite c’est l’affaire de Dieu qui pourvoit en support ou volontaire".
Les débuts ont été difficiles avec quelques moments épiques comme ces quelques mois passés en prison, pour "prosélytisme". Le procès aboutira à un non-lieu, évidemment à un non-lieu, puisque l'objectif n'est pas de convertir mais d'aimer. Dans cette prison, il trouvera tout de même le moyen d'initier quelques actions avec les autres prisonniers.
Le frère François-Marie construit sa fraternité « Pélerins de la Charité » en s’inspirant
de la famille franciscaine.
Les Pèlerins de la Charité sont composés de cinq piliers :
- Rejoindre, demeurer et servir ces enfants en découvrant leurs besoins et en les rejoignant là où ils sont en déversant l'amour humain et divin, en les écoutant.
- Humaniser les quais de gares, les slums, et pour cela notre action est très simple
- Apporter aide et assistance médicale.
- Donner l'éducation à travers des animations et un cadre de vie qui les rejoignent (hygiène, prévention, nutrition et aussi apprendre à gérer un budget).
- Les aider pour qu'ils trouvent un lieu qui les accueille, ceci particulièrement pour les enfants handicapés. Pour les cas urgents, les jeunes seront accueillis au sein de la Maison du Bonheur. Pour un hébergement définitif, nous travaillons avec les Frères Missionnaires de la Charité, organisation fondée en 1963 et totalement consacrée au service des plus pauvres.
Voir son site : http://www.pelerinsdelacharite.org/
Depuis, neuf ans donc, il sillonne quelques bidonvilles, en
bordure de gare, en centre-ville. Ce sont les derniers bidonvilles, en centre-ville,
qui doivent être détruits dans quelques mois.
Là s’entassent des milliers de familles, dont la plupart
sont « scavenger », et
vivent du recyclage des ordures. Les conditions
d’hygiène, en bordure d’une rivière stagnante, sont exécrables. Sur certains endroits, ces maisons en matériaux de récupération, sont sur deux niveaux pour accueillir une autre famille.
Guillemette prestidigitatrice pour aider François Marie |
Là, deux ou trois fois par semaine, le Frère et quelques
jeunes volontaires, vont à la rencontre des enfants, femmes et hommes, avec une
trousse médicale. A son arrivée en Inde, le Frère a passé son diplôme d’aide-soignant.
Les petits bobos sont soignés dans la rue. Le Frère travaille en bonne
coordination avec d’autres projets, intervenant sur les mêmes bidonvilles. Les plus
gros problèmes de santé, qui nécessitent une hospitalisation ou autres,
sont référés à certains hôpitaux. Les patients sont alors accompagnés et suivis
par la petite équipe qui passe donc souvent des nuits à l’hôpital.
En fait, le Frère et son équipe ont peu à apporter. Le
contact s’effectue, par une salutation, quelques biscuits pour les enfants des
rues, quelques paroles échangées et mêmes des tours de prestidigitation pour
les plus jeunes émerveillés. (Bon, il faut reconnaître que les plus grands ont
découvert le truc du magicien ? Il va falloir que François-Marie renouvelle
son stock de tours de magie !).
Alors, le contact est pris : les confidences commencent,
des éclats de rire ponctuent les discussions ?
Avec toute la famille, nous avons découvert avec François-Marie
ces familles. Evidemment, arriver avec cinq enfants en plein bidonville, ça provoque l’attroupement.
Les trois filles aînées ont initié des discussions et les deux garçons ont suivi le rythme de François-Marie qui veut voir et rencontrer tout le monde.
Les trois filles aînées ont initié des discussions et les deux garçons ont suivi le rythme de François-Marie qui veut voir et rencontrer tout le monde.
Pendant ces quelques heures, nous n’avons entendu de la part
de ces familles que des rires une volonté de communiquer et de partager.
Cette joie était réelle, vraie et communicative. Après le classique « debriefing » avec les enfants, c’est
les rires qu’ils ont retenus.
Merci à ces dizaines d'enfants qui dorment le soir, sous un camion, dans la gare, ou dans des maisons vulnérables, qui nous ont accompagnés, qui ont donné la main aux enfants, qui ont joué avec eux et qui nous ont communiqué leur joie.
Merci à ces dizaines d'enfants qui dorment le soir, sous un camion, dans la gare, ou dans des maisons vulnérables, qui nous ont accompagnés, qui ont donné la main aux enfants, qui ont joué avec eux et qui nous ont communiqué leur joie.
L’échange s’est poursuivi avec François Marie à table, dans une gargote. Il tient à répondre à chaque question des enfants bien déstabilisés parce qu'ils ont vu. Il nous explique que le Christ a tenu à parler avec chacun d'entre nous. Que Jésus préférait s'adresser à des individus plutôt qu'à des foules qu'il fuyait. Il nous parle, nous interpelle.
Nous sommes sortis de cette journée, bouleversés mais
tellement heureux et sereins d’avoir pu croiser un tel espoir, une telle foi et
une telle charité avec une immense reconnaissance et gratitude pour avoir eu la
chance de rencontrer une telle compassion.
LAUDATE DOMINUM !