mardi 29 janvier 2013

Pondichery... ancien comptoir français

Ce dimanche 27, nous sommes partis visiter Pondichery.



Sur le chemin, nous avons visité la fraternité des Petits gris (Frères de Saint Jean), fondés par le Père Marie-Dominique Philippe, qui accueillent des enfants orphelins du SIDA. Nous avons la chance de pouvoir échanger avec le Père Pierre qui nous fait visiter cette splendide mission, mitoyenne de l’université de Pondichéry.

Puis nous poursuivons sur le vieux quartier français de Pondichéry , ancien comptoir français.


Un peu d’histoire. 


En janvier 1673, un militaire français achète au sultan local, le village de Pondichery. Ainsi débute l’épopée de la France aux Indes. Pondi devient la base française du commerce dans cette région en devenant le siège des établissement français des Indes qui rivaliseront quelques temps avec la Compagnie des Indes orientales de l’empire britannique. Cependant la splendeur de ce comptoir a été assez éphémère. 
Les Anglais la rasèrent en 1761 pour nous rétrocéder les ruines quelques années plus tard. En 1947, à l’Indépendance de l’Inde, la ville reste française et sera rétrocédée en 1956. L’influence française est encore réelle grâce au rayonnement de son Alliance Française et de de l’Institut français d’Indologie.

Les rues s’appellent rue de Suffren, rue de l’évêque, de la Bourdonneraie, rue Surcouf… Son monument français aux mots se dresse devant la mère et nous trouvons une messe en… français. ("Encore !" hurlent les filles qui finiront par surveiller Timothée... en jouant au cricket sur al place de la Cathédrale !).

Nous récupérons notre amie, Nadia, qui arrive de New York et qui va passer quelques jours avec nous. Sa connaissance du sous-continent indien (Népal et Inde) et du bouddhisme sont évidemment sollicités.

Sri Aurobindo


Les filles vont les emplettes. Maguelone s’achète des bagues aux doigts de pied, pour faire plus indienne ! Guillemette et Justine s’achètent des tissus, casquettes et sacs en matériaux recyclables !

Nous faisons un bref détour pour visiter l’Ashram de Sri Aurobindo et de la Mère, qui continue à avoir une grande influence, grâce à leurs œuvres et aux retraites proposées.




Le soir, nous avons la joie d’être invités à dîner par Tamara et Cyril, installés depuis 5 ans dans le Tamil Nadu. Encore une vraie chouette rencontre bien amicale! Les échanges sont joyeux et spontanés. Tamara, Cyril et Chloé, nous espérons vivement vous retrouver dans ce pays… qu’on n’ose nommer ou bien ailleurs, « on the road ».


Nous avons découvert la Viparasa, grâce à Nadia et Tamara,qui l’ont toutes deux expérimentée en Inde ou dans un monastère Tibétain. 

Voilà ce que nous retenons : La vipassana est une méthode de méditation découverte et enseignée  par le Bouddha. Elle consiste à simplement prêter attention à la réalité.

Dans cet enseignement, regarder les choses telles qu'elles sont s'accompagne d'une découverte des pensées, sensations, émotions en explorant sa propre conscience. Le retraitant peut passe généralement une dizaine de jours, en silence total, sans le recours à la musique ou à la lecture. Il est cependant suivi et observé par des seniors. 

Dom le Seaux et Jules Monchanin, « passeurs entre deux rives »


A l’occasion de ces lectures et partages avec Point Coeur, nous avons redécouvert les engagements extraordinaires et uniques d’Henri le Seaux (moine bénédictin) et Jules Monchanin (prêtre séculier) en Inde. Leur histoire mérite d’être brièvement racontée.


Jules Montchanin
Les deux hommes viennent d’horizons bien différents. Jules Monchanin, lyonnais, intellectuel et érudit est parti en 1938 pour se lancer dans une entreprise d’évangélisation en milieu indien. Son évêque lui confie un travail pastoral dans des villages du Tamil Nadu. Mais il aspire à vivre plus intensément une vie contemplative, proche des sagesses hindouistes. 

C’était son appel, sa mission intellectuelle et spirituelle : "repenser le christianisme en Indien et l’Inde en chrétien." 


Dom le Seaux, aîné d’une famille nombreuse bretonne, est entré au monastère à l’âge de 18 ans. Dom le Seaux, qui aspire à la même vie contemplative, entend parler de la vocation de Jules Monchanin et décide de le rejoindre en Inde.

Ensemble, les deux hommes fondent en 1949 un ashram au lieu dit Shantivanam (« le bois de la paix »), sur les rives du fleuve Kaveri. L’ashram est dédié au Saccidânanda, c'est-à-dire, selon les Upanisad, au Brahma, Être, Pensée, Béatitude. Les deux ermites préparent ainsi la venue d’une spiritualité authentiquement indienne de la Sainte Trinité.

Dom le Seaux
Tous les deux prennent l’habit des « renonçants », au sein de la religion hindouiste. Assez rapidement, cependant des tensions « créatrices » apparaissent entre deux visions de cette mission. Il faudrait évidemment prendre le temps de la nuance et de l’approfondissement mais pour simplifier, Jules Monchanin, reste comme il le dit lui-même « grec », à savoir fils d’une culture chrétienne occidentale. Henri le Seaux, lui aspire à aller beaucoup plus loin. Il prendra la nationalité indienne et vivra, très intensément, des épisodes d’ascète et de yogi. Après avoir un certain temps résidé comme ermite sur la montagne d'Arunachala, Henri Le Saux commence une vie d'errance (il visite alors de nombreux couvents et fréquente des rencontres  interreligieuses) une partie de l'année et une vie d'ermite dans la région de Rishikesh (aux sources du Gange et aux pieds des Himalaya.

A l’occasion, d’une grave maladie, il connaîtra l’éveil. A la fin de sa vie, il aura la chance de pouvoir, être à son tour un « guru » pour son disciple Marc qui se chargera à sa mort de publier une partie de son Journal et de ses écrits.

Ces deux êtres nous ont profondément interpellés. Leur correspondance est publiée et le Journal de Henri le Seaux, assez ardu et dans son état brut et non censuré, est très instructif de ce cheminement.

Cinq mois déjà "on the road"...

Dimanche 27 janvier 2013

Nous fêtons nos cinq mois de voyage en quelques chiffres : 


  • 188 jours de voyages, 
  • 100 évaluations Cned réalisées (Du délire, trop complet pour de l'itinérance)
  • 52 lieux différents ou nous avons posé nos sacs et dormi
  • Nous n'avons plus que 3 sacs (2 sacs à dos et une grosse valise pour les bouquins du CNED. Les enfants prennent beaucoup de plaisir à arracher et à déchirer les pages du CNED réalisées. Le surplus de vétement a été distribué... ne reste que quelques médicaments, quelques livres et quelques fringues...
  • Nos bagages sont passés de 120 kg à environ 50 kg
  • 7 pays parcourus parmi les plus petits et les plus concentrés de notre voyage
  • Quelques petites gastro... (toutes petites !). 
  • Quelques kilos perdus sur la route.... Quelques grammes regagnés à Auroville !


On attaque désormais les pays de la démesure : ("Les plus... du monde", chers à papa)


  • Le pays le plus "pluriel", varié, étonnant, destabilisant, bouleversant : l'Inde
  • Le pays le plus haut du monde : le Népal
  • Le pays le plus peuplé : la Chine
  • Le pays le moins densément peuplé du globe : La Mongolie
  • Le pays le plus grand (9 fuseaux horaires) : La Russie 


On réalise chaque jour la chance que nous avons... Merci Seigneur !




Hier soir séance rebaptisée par Maguelone "A AMELIORER" : Relecture des mois passés et projection dans les mois à venir.

Un temps pour analyser, pour méditer, pour s'asseoir et réfléchir, pour se questionner sur toutes ces découvertes était bien nécessaire. 








Nous sommes émus, muets (sauf Timothée qui continue à brailler !) et curieux devant cette immensité et cet absolu à venir. 

Tout le monde est d'attaque pour repartir... le contrat de base a été renouvelé, dans la joie et dans la confiance. 



Et puis, et puis, ce dimanche, on a récupéré notre bonne amie, Nadia, rencontrée et appréciée à Port-au-Prince. Petit clin d'oeil à Amid qui nous lit en plein Maroc. Oui, Elle est bien arrivée et toujours aussi rayonnante !). 










Yallah !

HEART'S HOME OU LA MAISON DU COEUR

Dimanche 20 janvier nous partons rejoindre "le jardin de Point Coeur"


Sur la route vrombissante surprise : un défilé de voitures de collection rentrant d'un  rassemblement de collectionneurs sur Pondichery, une cinquantaine toutes  plus belles les unes que les autres.


Carte de voeux de Point Coeur - Le Jardin - Inde
Nouvelle passion d'Augustin "ETRE COLLECTIONNEUR DE VOITURE !" 

La communauté de POINT COEUR nous accueille chaleureusement. 


Ils s'appelent, Père Pierre-Marie, Père Vincent, Père Oliver, Bernard, Clémentine, Iris, Tristan, Frédéric, Pony, Suguna, Aruna,Giri, Elza, Delip, Jessica... Et tous les autres!!  

Une belle communauté qui vit comme une famille !


Une quinzaine d'enfants des rues et deux handicapés soignés, dorlotés, scolarisés, aimés par une quinzaine d'adultes indiens ou volontaires étrangers et 3 prêtres de Point Coeur. 



La propriété est grande, bien entretenue, un vrai havre de paix, garni de manguiers (pour les confitures !) et entourée d'une forêt d'eucalyptus. 


Leurs journées sont rythmées par la prière : Laudes, messe, chapelet, Vêpres et adoration. ("Beaucoup trop pour les filles ! Pas assez pour les parents !")

Cette halte est un ressourcement spirituel d'autant que nous dormons sous la chapelle. Avoir un libre accès permanent à une chapelle... le rêve !


Décidément, LA PROVIDENCE nous accompagne pendant ce voyage...


Quatre jours ou chacun à rapidement pris ses marques, oeuvrant à différentes occupations pour aider nos hôtes. A la ferme, aux épluchages, aux devoirs en rentrant de l'école, au débrouissallage où l'accident de Tristan (un coupe coupe qui dérape et qui arrache peau et ligaments !) nous rappelle que prévention/protection rime avec sécurité 


On a peu vu les parents qui se sont fait une cure de chapelle/bibliothèque ...Yees ! 



Point Coeur est une ONG inter­na­tio­nale, née en France en 1990 à l’ini­tia­tive du Père Thierry de Roucy. 


Sa mission est d'agir au ser­vice des per­son­nes les plus délais­sées dans le monde, spécialement les enfants.


Pour rejoin­dre ceux qui souf­frent le plus, Points-Cœur envoie de jeunes volontaires pour des mis­sions de 1 ou 2 ans au cœur de quar­tiers défa­vo­ri­sés.
L'objectif est de contri­buer à la pro­­mo­­tion d’une « culture de com­­pas­­sion » affir­­mant la place cen­­trale de la per­­sonne dans toute vie sociale, économique, poli­­ti­­que, scien­­ti­­fi­­que, artis­­ti­­que. 

Voir leur site : http://france.pointscoeur.org/

Ce développement humain intégral est remarquable à plusieurs égards. 

Tout d'abord, bien sûr, Point Coeur accueille des enfants marginalisés, des enfants et des jeunes en souffrance. Il leur offre une vraie famille, avec ses exigences et sa tendresse. Les enfants et les jeunes rayonnent de dynamisme et de solidarité. C'est émouvant de voir ces volontaires faire étudier les enfants et signer leur cahier de correspondance.

La place accordée à la prière et à la méditation est importante. Elle rythme la vie des uns et des autres. Les volontaires ont la possibilité ainsi de venir à la chapelle s'isoler, en adoration, une heure par jour. Ils prennent aussi une "journée de désert" (seul et en silence) par mois pour prendre le temps de réfléchir et de relire ce qu'ils vivent. 

C'est une structure d'Eglise qui offre aux jeunes volontaires un accompagnement personnalisé  "à la carte" et qui est soutenu par tout un réseau qui intervient dans 20 pays. 

Cette famille est ouverte sur le monde et sur les autres. Elle accueille chaque semaine les autres volontaires (de Madras ou de Chendaget) qui viennent se ressourcer, des gens de passage, les enfants étudient dans les écoles avoisinantes.  Nous nous sommes vraiment sentis accueillis et intégrés. 


Nous avons bien profité de la joie fraternelle et des belles discussions et échanges avec les volontaires et tout particulièrement avec les Pères Pierre-Marie et Vincent. 

Le Père Vincent s'est lancé depuis un mois dans "une année au désert", où il vit en ermite, dans une petite maison, au fond de la propriété. Nous avons eu la chance de le voir pendant tout un après-midi. Les filles, bien interpellées par cette vie d'ermite, l'ont bombardé de questions, auxquelles il a répondu bien patiemment"A quoi ça sert de s'isoler ? Est-ce vraiment utile ? En quoi ça aide Point Coeur ?Son témoignage est édifiant et toutes nos prières l'accompagnent dans cette retraite. 

Papa a aussi particulièrement apprécié les quelques heures de discussion avec le Père Pierre-Marie, qui lui ont permis de relire les quelques mois de voyage et de confronter leur deux chemins d'engagements dans le domaine de la solidarité internationale. Merci Père Pierre-marie. Que Dieu accompagne tes projets et ceux de ta communauté. 

Quelle richesse de rencontrer de telles personnalités, de tels engagements et une telle joie à transmettre...

Ces quelques jours resteront longtemps gravés dans nos mémoires et sont parmi les plus denses de notre voyage initiatique !





dimanche 27 janvier 2013

Je me souviens...

D'après "Je Me souviens" de Georges Perec

Je me souviens que j'ai appris à faire de la mobylette seule (Maguelone)...


Je me souviens d'être à 4 sur une mobylette, et d'avoir encore de la place (Augustin) ! 

Je me souviens que maman m'a laissé le guidon (Guillemette), 

Je me souviens d'avoir aimé me perdre dans la verdure d'Auroville, en vélo (Justine) !

Je me souviens d'avoir acheté des trucs incroyables avec une carte Auroville (tous) !

Je me souviens d'avoir câlé 100 fois et d'avoir sollicité quelques auroviliens de passage... pour redémarré ma mobylette (Lucile) !

Je me souviens avoir recouru dans la forêt et d'avoir... souffert (Bruno) !

Je me souviens de tous ces looks, chevelus, bariolés, rasés ou tatoués de formules rituelles...

Je me souviens de tous ces personnes si belles, si saines...

Je me souviens avoir entendu : "les chiens ce n'est pas nous qui les choisissons, ce sont eux qui nous choisissent" sur un projet "retour à la terre"...

Je me souviens avoir entendu parler de "un-schooling", c'est-à-dire de la nécessité de ne pas aller à l'école, de rester à l'école de la vie. Evidemment, nous n'avons pas traduit aux enfants !


Je me souviens d'avoir découvert et apprécié la cuisine végétarienne (tous) !

Je me souviens de cette initiation à Yoga (Bruno), 

Je me souviens d'avoir été sevré d'alcool et de tabac (les parents) !

Je me souviens de tous ces visages sereins, originaux et souriants (tous) !

Je me souviens de l’accueil de Bernard, aurovilien de la 1ère heure dont la vie n'est qu'aventure (tous) !

Je me souviens d'énergies positives, de chants, des rythmes et des mantras...

Je me souviens de la Solar kitchen, qui nourrit chaque jour 500 personnes... et de leur hamburger végétariens !

Je me souviens de Michel, qui nous a organisés notre voyage dans le Sud du pays...

Je me souviens "d'avoir fait ma vie" (Justine)...


Je me souviens des réveils le matin au chant des oiseaux, des paons en liberté, des mangoustes, des écureuils...

Je me souviens du tea shop que nous avons dévalisé de ses friandises...

Je me souviens de l'amitié de Claire et Jean Michel...

Je me souviens de l'affection et de la tendresse de Norbert et Lydie, mariés depuis plus de cinquante ans et qui nous ont accompagnés à tous nos dîners...

Je me souviens de mes premiers pas de tai-chi (Lucile), 

Je me souviens de ces arbres et surtout du Banyan, un arbre incroyable dont certaines branches viennent se réimplanter dans le sol


Je me souviens de notre bonheur d'avoir été aurovilien quelques jours...


D'après Georges Perec, auteur hallucinant de la "Vie mode d'emploi", de "Je me souviens", de la "disparition" (roman écrit sans la lettre "e"), des revenentes (roman écrit avec seulement la lettre "e") et membre de l'OULIPO (Ouvroir de la Littérature Potentielle). 

  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Perec
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Oulipo





Vaches sacrées... Sacrées vaches !

Il faut comprendre que pour les hindous, la vache est d'essence divine à l'égal des brahmanes, si bien que la manger serait un acte sacrilège pire que le cannibalisme. 


La vache est leur mère à tous. Ils vénèrent en elle la maternité par excellence : sa mastication incite les hommes à ruminer les vérités éternelles, la douceur de ses yeux appelle la compassion et nous invite à protéger les pauvres, les sans-défense, les humiliés; la blancheur de son lait enseigne la pureté, sa richesse symbolise la santé. 

Son flegme sert de modèle à l'ascète et lui donne l'air de toujours méditer intensément sur la condition humaine. Avec sa tête de biche et son regard humide, elle allie la bienveillance et la pondération.

Tuer la vache entraînerait catastrophe et sécheresse ainsi que la confusion des castes. Dans le Mahâbharata - un des nombreux livres saints de l'Inde - il est dit que "celui qui tue une vache ira en enfer autant d'années qu'il y a de poils sur le corps de l'animal."

Elles sont belles, vraiment magnifiques, et présentes partout en ville comme en pleine campagne mais toujours au beau milieu d'une route !!!!

Elles sont fêtée, dans le Tamil Nadu, à Pongal le 15 janvier. 


Elles sont alors maquillées, peignées, colorées et font l'objet d'une course organisée... Mais nous n'avons pas eu le temps de comprendre qu'elles étaient déjà parties...

Ces fresques, à la craie, sont réalisées pour la fête de Pongal

Very good vibes from Auroville...

Du 10 au 20 janvier et ddu 24 au 29 janvier : Découverte du souffle et de l'énergie d'Auroville


Le Matrimandir, au coeur de Auroville
C'était le seul endroit où nous avions réservé longtemps à l'avance parce que c'est pris d'assaut à cette période de l'année. Le lieu est un peu "mythique" et attire toutes les nationalités avec une capacité d’accueil chroniquement faible.

Auroville a été créé en 1968 par une Française, Mirra Alfassa (Mirra Richard) de la Mère et compagne spirituelle du philosophe et guru indien Sri Aurobindo Auroville a pour vocation d'être, selon les termes de sa conceptrice, « le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités ».

Aujourd'hui, les Aurovilliens, issus d'une trentaine de pays, sont organisés en trente-cinq unités de travail : agriculture, informatique, éducation, santé, artisanat, etc. Totalement désertique à son origine, le lieu est maintenant parfaitement viable et tellement agréable. 

2.500 "Auroviliens" vivent sur ce site, avec près de 5.000 employés locaux et 5.000 visiteurs par jour.


En 1972, la Mère parlait du projet en ces termes : « Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable, un endroit qui n'appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde… »

Au centre d'Auroville, se trouve le Matrimandir (« la Maison de la Mère ») qui est l'âme du projet. La ville est censée avoir la forme d'une galaxie en spirale une fois sa construction achevée. Conçue par l'architecte français, Roger Anger, Auroville était prévue pour accueillir 50 000 habitants.
Lors de son inauguration, en 1968, en présence du président de la République indienne, un garçon et une fille représentant chacun des 124 pays du monde, a versé une poignée de terre de leur sol natal dans une urne en forme de lotus en signe de fraternité universelle..

Il nous a fallu, pas moins de 4 jours pour nous acclimater, comprendre le fonctionnement, se repérer dans la grande "galaxie Auroville", entre Certitude, Vérité, Grace, Transition, Silence, Discipline des lieux aux noms évocateurs , qui abrite des communautés, pour enfin  apprécier à sa juste valeur, cette aventure unique. 

Le silence y règne, le chant des oiseaux remplit la campagne, la sérénité est réelle dans ce lieu bien boisé d'arbres magnifiques sur des chemins rouges de latérite. 



Nous circulons en bicyclette, et découvrons des architectures qui se fondent complètement dans le paysage. Garantie bio-écolo-recyclo 

Nous nous régalons de cuisine végétarienne et de crudité, même les filles sont conquises par le Veg, nous nous refaisons une santé...

Dépassant l'explication du rêve, de la philosophie, de l'utopie de la "mère" et assez peu sensibles au "yoga intégral" de  Sri Aurobindo, nous sommes vraiment séduits par la paix, la décontraction et l'esprit de cette société en mouvement permanent  En effet, chaque année, des "new comers" questionnent et bousculent les anciens pour revenir systématiquement aux fondamentaux. 


Car Auroville, incontestablement, est en mouvement. La moyenne d'âge est jeune (1/3 des auroviliens sont des enfants et des jeunes). 

Grâce à l'amitié de Claire et de Jean-Michel, auroviliens depuis une vingtaine d'années, nous découvrons, au-delà du mythe et de nos réserves, l’extrême implication de chacun dans ce projet. 



Les uns et les autres vivent pour la communauté. Ils reçoivent des salaires, payés entre 150 et 200 € par mois, en "avoirs" (qui permettent de déjeuner dans des restaurants "communautaires" ou à acheter dans des coopératifs des produits de première nécessité). Les problèmes de santé, le dentiste, le coiffeur, même les vêtements sont gratuits pour les auroviliens. Il n'y a pas de retraire d'assurée. Lorsqu'un aurovilien a un peu d'argent devant lui, il peut, sous condition, construire un logement qui ne lui appartiendra pas mais dont il aura la jouissance. Il n'y a donc pas ou très peu d'argent qui circule. 

Le travail n'est donc pas un moyen de gagner sa vie mais le moyen de s'exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités. En contre partie vous êtes logé, nourri, blanchi.

Auroville est aussi un "concentré" de créateurs, de fortes personnalités, d'originaux, de pacifiques qui regardent tous dans la même direction pour le développement d'Auroville.

Voir leur site : www.auroville.org 



La charte d'Auroville


Une charte, rédigée par la Mère, en quatre points, exprimant sa vision de la ville, fut lue lors de l'inauguration
  1. Auroville n'appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l'Humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.
  2. Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit point.
  3. Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures.
  4. Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.
Conformément à la croyance de la Mère que l'ère de la religion est derrière nous et doit faire place à une ère de spiritualité transcendant la religion.
(Photo empruntée sur le Web)

Evidemment, nous nous sentons assez éloignés de cette charte et peu capables de nous imaginés membres de cette communauté. Nous pointons de nombreuses contradictions, inhérentes à toute entreprise humaine. 
L'aspect "New Age" de cette spiritualité plurielle, nous semble osciller entre relativisme et syncrétisme. 
D'ailleurs, cette absence de religion revendiquée, est aussi source d'un formalisme hallucinant. 
Le rite d'accès au Matrimandir est codifié, rigide et tellement stressant. On a connu une plus grande décontraction dans les cathédrales ou dans les mosquées syriennes, égyptiennes et iraniennes. 
Ainsi, à l'issue d'un parcours de combattant, chaque visiteur, peut être invité à passer 10 minutes de "concentration", au coeur du Matrimandir. Il faut d'abord s'inscrire (jusqu'à une semaine d'attente), suivre une vidéo et un exposé d'un "initié" pour avoir le droit et le privilège de pénétrer dans cette magnifique conception architecturale, construite sans le recours à des machines, par la communauté. 

La Mère
Là, dans une ambiance feutrée, silencieuse et d'une blancheur inégalée (il faut même porter des chaussettes blanches), on accède au "Saint des Saints". 
On monte alors très calmement, en silence, surveillés par des bataillons de Auroviliens qui veillent jalousement à ce que chaque geste soit inscrit dans le rituel prévu. 
On arrive finalement au coeur du Matrimandir. Au centre trône le plus grand cristal humain (70 cm de haut) dans lequel se réfléchi un rayon de soleil. 
Le recueillement est réel et le silence total. Edifiant !
Juste un moment de concentration, de méditation ou de prière et il faut quitter les lieux, en silence et en rang.  
En écrivant ces quelques lignes, nous avons l'impression de trahir un secret, réservé à des initiés. Mais en fait, ce rituel est conçu, en partie, pour décourager un peu les visiteurs ou les voyeurs (jusqu'à 5.000 par jour). Auroville est à la mode, même si les 50.000 personnes prévues par la Mère sont bien utopiques. Après 40 ans, seulement 2.500 personnes adhèrent et vivent sur le lieu.  
Pour nous Auroville arrive à un moment de fatigue réel. Nous sommes tellement heureux de nous poser un peu. 
En effet, depuis presque cinq mois, nous avons changé de lit et de chambres plus de 50 fois, nous avons découvert une dizaine de cuisines savoureuses différentes, nous avons traversé sept frontières, nous avons composé près de 100 évaluations CNED dans toutes les conditions...
La sérénité et la qualité de l'acceuil de Auroville nous séduit que nous décidons de revenir cinq jours après notre passage sur le projet de Point Coeur. 

Le Banian tutélaire, à l'épicentre d'Auroville

vendredi 25 janvier 2013

Bienvenue dans le Tamil Nadu...

Mahabalipuram et ses temples splendides. 

Le 10 janvier départ matinal de Calcutta  4 h 30 du mat les enfants adorent, en avion pour Chennai (Madras).

A l'aube discrètement nous déposons nos derniers pull et sacs de couchage sur les chauffeurs de rikshaw qui dorment dans le froid  par terre sous leur engin de travail... 

Et, on traverse la ville qui s'éveille dans les fameux taxi AUSTIN AMBASSADOR dont Augustin raffole. Ils sont jaunes à Kolkatta et beige et noir sur Madras 3 h de route jusqu'à Pondichéry.

Fabuleux de traverser, une dernière fois cette ville qui nous a tant donné. Nous partons, un peu tristes. Maguelone se promet de revenir, dès le jour de ces 18 ans. Cà nous rappelle quelqu'un ! Yallah !

Une pause à mi chemin au temple de MALLAPUMARAM en bordure de mer il est abîmé par l'érosion du sel. Cette côte a été bien touchée par le Tsunami. 

Très beau bas relief sur une Pierre couleur orange repéré par Papa alors que nous avions repéré et régalions de glaces...

Mahabalipuram était un petit port qui du temps de la dysnastie Pallava (VIè siècle). le site accueille plusieurs temples et le plus vieux bas relief de cette taille du monde ("la Descente du Gange").

"Si, si les filles, je vous le promets, ce site est vraiment inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité" !

Plus grand bas-relief du monde - La descente du Gange (VIIème siècle)
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mercredi 16 janvier 2013

Une rencontre unique, inoubliable, merveilleuse et porteuse d’espoir...


Grâce à de jeunes volontaires, croisés à Darjeeling, nous avons rencontré le Frère François-Marie un soir à dîner et le lendemain pour une visite avec lui sur son lieu d’intervention, un bidonville au cœur de la ville.


Cette rencontre justifie, à elle seule, notre décision de partir pendant un an à la rencontre d’autres réalités.


Comment le décrire sans que sa véritable humilité en souffre ? Comme les filles nous l’ont dit, « c’est une sorte de saint » contemporain. Sa compassion est sans borne et son engagement est vivant, joyeux, vrai et entier.

La veille, les parents, ont eu la chance de passer une soirée avec lui et Julien, un jeune volontaire des MEP. Ils ont parlé de Calcutta, de sa vocation, de l’Inde, des pauvres et beaucoup… d’Haïti, où le frère François-Marie envisage d’étendre son œuvre, si Dieu le veut (si Dye vlé, en créole).

Sur les traces de Mère Térésa, comme il le revendique lui-même, son appel date d’il y a 9 ans. Après neuf mois d’attente pour avoir le feu vert du Diocèse de Paris, le voilà qui part à Calcutta à la rencontre du plus pauvre.  

En fait, le Frère François-Marie parle plutôt  « d’un appel dans l’appel », puisque le premier appel était celui de se consacrer à Dieu pleinement et de devenir prêtre. Le 2nd appel est donc, un approfondissement de l’appel originel, une "justification" mais il l’oriente vers les autres, et tout particulièrement vers les plus pauvres. 

Ces chrétiens engagés ont tous le même discours d'une Foi inébranlable : "une intuition au départ, beaucoup de prières et ensuite c’est l’affaire de Dieu qui pourvoit en support ou volontaire".

Les débuts ont été difficiles avec quelques moments épiques comme ces quelques mois passés en prison, pour "prosélytisme". Le procès aboutira à un non-lieu, évidemment à un non-lieu, puisque l'objectif n'est pas de convertir mais d'aimer. Dans cette prison, il trouvera tout de même le moyen d'initier quelques actions avec les autres prisonniers. 

Le frère François-Marie construit sa fraternité « Pélerins de la Charité » en s’inspirant de la famille franciscaine.

Les Pèlerins de la Charité sont composés de cinq piliers :
  • Rejoindre, demeurer et servir ces enfants en découvrant leurs besoins et en les rejoignant là où ils sont en déversant l'amour humain et divin, en les écoutant.
  • Humaniser les quais de gares, les slums, et pour cela notre action est très simple
  • Apporter aide et assistance médicale.
  • Donner l'éducation à travers des animations et un cadre de vie qui les rejoignent (hygiène, prévention, nutrition et aussi apprendre à gérer un budget).
  • Les aider pour qu'ils trouvent un lieu qui les accueille, ceci particulièrement pour les enfants handicapés. Pour les cas urgents, les jeunes seront accueillis au sein de la Maison du Bonheur. Pour un hébergement définitif, nous travaillons avec les Frères Missionnaires de la Charité, organisation fondée en 1963 et totalement consacrée au service des plus pauvres.


Depuis, neuf ans donc, il sillonne quelques bidonvilles, en bordure de gare, en centre-ville. Ce sont les derniers bidonvilles, en centre-ville, qui doivent être détruits dans quelques mois.
Là s’entassent des milliers de familles, dont la plupart sont « scavenger », et vivent du recyclage des ordures. Les conditions d’hygiène, en bordure d’une rivière stagnante, sont exécrables. Sur certains endroits, ces maisons en matériaux de récupération, sont sur deux niveaux pour accueillir une autre famille. 


Guillemette prestidigitatrice pour aider François Marie
Là, deux ou trois fois par semaine, le Frère et quelques jeunes volontaires, vont à la rencontre des enfants, femmes et hommes, avec une trousse médicale. A son arrivée en Inde, le Frère a passé son diplôme d’aide-soignant. Les petits bobos sont soignés dans la rue. Le Frère travaille en bonne coordination avec d’autres projets, intervenant sur les mêmes bidonvilles. Les plus gros problèmes de santé, qui nécessitent une hospitalisation ou autres, sont référés à certains hôpitaux. Les patients sont alors accompagnés et suivis par la petite équipe qui passe donc souvent des nuits à l’hôpital.

En fait, le Frère et son équipe ont peu à apporter. Le contact s’effectue, par une salutation, quelques biscuits pour les enfants des rues, quelques paroles échangées et mêmes des tours de prestidigitation pour les plus jeunes émerveillés. (Bon, il faut reconnaître que les plus grands ont découvert le truc du magicien ? Il va falloir que François-Marie renouvelle son stock de tours de magie !).

Alors, le contact est pris : les confidences commencent, des éclats de rire ponctuent les discussions ?

Avec toute la famille, nous avons découvert avec François-Marie ces familles. Evidemment, arriver avec cinq enfants en plein bidonville, ça provoque l’attroupement. 
Les trois filles aînées ont initié des discussions et les deux garçons ont suivi le rythme de François-Marie qui veut voir et rencontrer tout le monde.

Pendant ces quelques heures, nous n’avons entendu de la part de ces familles que des rires une volonté de communiquer et de partager. Cette joie était réelle, vraie et communicative. Après le classique « debriefing » avec les enfants, c’est les rires qu’ils ont retenus.

Merci à ces dizaines d'enfants qui dorment le soir, sous un camion, dans la gare, ou dans des maisons vulnérables, qui nous ont accompagnés, qui ont donné la main aux enfants, qui ont joué avec eux et qui nous ont communiqué leur joie.

L’échange s’est poursuivi avec François Marie à table, dans une gargote. Il tient à répondre à chaque question des enfants bien déstabilisés parce qu'ils ont vu. Il nous explique que le Christ a tenu à parler avec chacun d'entre nous. Que Jésus préférait s'adresser à des individus plutôt qu'à des foules qu'il fuyait. Il nous parle, nous interpelle.

Nous sommes sortis de cette journée, bouleversés mais tellement heureux et sereins d’avoir pu croiser un tel espoir, une telle foi et une telle charité avec une immense reconnaissance et gratitude pour avoir eu la chance de rencontrer une telle compassion. 


LAUDATE DOMINUM !