Sur le dernier siècle, peu de personnes ont été heureuses de
partir en Sibérie, terre d’exil, de bannissement, de travaux forcés et de
goulags…
Fiodor Dostoïevski |
Dostoïevski (« Souvenirs
de la maison des morts ») et Soljenitsyne (« une journée d’Ivan Denissovitch » et « l’archipel du goulag ») ont bien
décrit tous ces hommes et femmes qui ont affrontés l’injustice, la solitude, le
froid, la mort… Malheureusement les oukases de l’administration tsaristes se
sont répétés et amplifiés à une plus grande échelle sous l’ère stalinienne.
A son arrivée en Occident, banni de son propre pays qu’il
chérissait par-dessus tout, l’immense Soljenitsyne a du affronter le doute
occidental qui ne voulait pas y croire. Il faut se souvenir, qu’à l’époque de
son exil, les partis communistes européens, affiliés plus ou moins à Moscou,
voisinaient encore les 20-25%.
Finalement, cette personnalité entière - nourrie de son
inébranlable foi orthodoxe - a choisi de « s’enfermer » dans une
forêt du Vermont aux USA, pour travailler sur le grand livre de collecte de
récits de cette période, le « Cercle
rouge ». Monumental ouvrage, ardu et difficile d’accès mais qui reste
un incomparable témoignage de cette période de peur, de désolation, d’angoisse
et de soumission à un régime déshumanisé. Fabuleuse personnalité et incroyable histoire
à découvrir, entre autre, dans les quelques émissions qu’il a accordées à
Bernard Pivot pour Apostrophes.
- http://www.ina.fr/video/CPB75050098
- http://www.ina.fr/video/CPB86008810
Nous quittons, en bus (14 heures !), les steppes
mongoles qui nous réservent encore quelques heures de paysages somptueux pour
« affronter » cette Sibérie… Le passage de frontière est long, lent.
Tout de suite, on sent une grande différence dans les comportements et dans les
visages, plus sévères et plus graves des russes…
A Oulan Oude, l'immense statue de Lénine - la plus grande au monde - trône toujours sur la grande place. Malgré la chute du Mur, la fin du parti unique, la disparition du Comité central, les rues portent encore les noms des principaux héros et penseurs communistes.
A Oulan Oude, l'immense statue de Lénine - la plus grande au monde - trône toujours sur la grande place. Malgré la chute du Mur, la fin du parti unique, la disparition du Comité central, les rues portent encore les noms des principaux héros et penseurs communistes.
Là encore, nous avons le sentiment de « rentrer dans une civilisation, dans une
histoire, dans une culture… ». Les parents se sont téléchargés sur
leur liseuse les immenses ouvrages russes du XIXème siècle qu’ils dévorent le
long des trajets en bus et en train…
Impossible de découvrir cette « âme russe » qu’on perçoit dans ces paysages, ces regards
ou ces personnages de roman… Il faut y vivre longtemps, s’y abandonner
probablement, mais on a un sentiment unique, ressenti par toute la famille, à
des degrés divers, d’être déjà un « peu
chez nous ».
Oui, nous arrivons un peu chez nous, chez nos frères
orthodoxes dont nous espérons découvrir la tradition, si jalousement préservée
et profondément ancrée sur ces terres d’accueil. Le voyage initiatique se
poursuit au rythme du transsibérien…
Immense statue de Lénine à Ulan Ude... |
Il nous reste encore six semaines pour découvrir l’histoire
de cet immense empire soviétique, qui a dominé une bonne partie du monde au
XXème siècle. Notre voyage initiatique et de découverte nous mènera d’abord en
Sibérie, puis dans la capitale Moscou, dans les trois pays baltes, aujourd’hui européens,
puis dans la Pologne
catholique à l’initiative de la résistance avec le syndicat Solidarnosc puis jusqu’à Check Point Charlie, unique point de
passage dans le Berlin divisé, aujourd’hui réunifié…
Encore quelques longs monologues et explications parentales
qui risquent de « gonfler »
les enfants, un peu las des leçons d’histoire, musées… Qu’importe… On a un
devoir de témoignage… Il en restera toujours quelque chose !