Churchill, qui avait un goût
évident pour la formule disait : « La Russie est un secret, enveloppé d’un mystère qui
dissimule une énigme ! ».
Aujourd’hui, on peut s’étonner
qu’après avoir dominé le monde pendant un demi-siècle, la Russie , malgré les incroyables
ressources naturelles et l’incontestable qualité académique de sa population,
soit encore relativement peu intégrée au commerce mondial.
Un observateur, a d’ailleurs
proclamé : « C’est le seul
peuple au monde qui s’achemine résolument vers le XIXème siècle ».
C’est probablement sévère, mais il faut chercher d’éventuelles frottes de
frottement dans cette double tension qui anime l’histoire russe depuis
plusieurs siècles : l’occidentalisme,
plus perméable, plus ouvert aux idées européennes, caractérisé par Saint
Petersburg et le slavophilisme plus
national et plus présent à Moscou. D’un côté le regard est tourné vers l’Ouest,
de l’autre vers l’Orient avec des milliers de kilomètres de profondeur.
Au niveau économique, la Russie souffre d’un sacré
handicap qui est son très faible taux de natalité (1,3 par femme). Malgré son
immense territoire, la population russe vieillit et diminue, ce qui est
probablement aussi un indicateur de doute dans l’avenir.
Cinq jours à Moscou ne suffisent
bien évidemment pas pour approcher ce mystère mais nous visitons cette immense
ville dans les meilleures conditions. Il fait beau et chaud. Les routes sont
très larges, les enfants peuvent enfin courir, les voitures respectent le code
de la route, ils sont silencieux… No stress !
Idéalement situé sur la Moskova , la ville a été
plusieurs fois incendiée et détruite (notamment par les Mongols et par la Grande Armée de Napoléon, qui a
été bien punie puisqu’elle a été décimée pendant cette campagne où elle a perdu
90% de ses effectifs !).
En 1712, le tsar Pierre le Grand transfère
sa capitale à Saint Petersburg mais après la prise de pouvoir par les
Bolcheviks, Moscou est redevenue la capitale de la Russie mais aussi de toute l’U.R.S.S. Elle a été un des centres du monde pendant
près de 50 ans !
Staline voulait en faire une
ville à la gloire du communisme. Il a profondément remodelé cette ville. Il fit
donc raser la plupart des bâtiments anciens, monastères, églises, cathédrales
pour y construire de gigantesques bâtiments, de larges avenues, des gratte-ciels
et un métro recouvert de marbre.
La visite du Kremlin demande une
demi-journée pour profiter de ces trois incroyables cathédrales : la
cathédrale de l’Assomption qui abrite les patriarches russes ; la
cathédrale de l’Archange qui a couronné tous les tsars et qui accueille leurs
tombes et enfin la cathédrale de l’Annonciation qui était la « cathédrale
privée » de la famille des tsars. Toutes les trois ont des iconostases
différents et d’une richesse inimaginable. Il faudrait des heures pour mesurer
et apprécier chaque icône… Nous passons comme tous les autres touristes
beaucoup trop vite…
On se demande pourquoi, Terminator Staline, n’a rien détruit de
tout ce patrimoine religieux, alors qu’il logeait et gouvernait à quelques
mètres ? Mystère de l’histoire !
Nous prenons le temps d’apprécier
la très riche galerie Tretiakov qui regroupe la plus grande collection d’icônes
russes dont la très célèbre « Trinité » de Roublev. Il s’agit d’une
collection qui a été acquise par un particulier pour en faire don au pays. Sacré
mécénat !
Les enfants marchent sans se
plaindre… pendant que Maguelone continue à composer son Brevet des Collèges pour
son deuxième et dernier jour ! Le soir, nous offrons aux filles le Ballet du Kremlin bien mérité pour un merveilleux
Giselle. Les filles sont épatées par le nombre de musiciens et de figurants
dans ce ballet classique. Belle initiation à la danse dans ce cadre.
Le lendemain, nous allons au
fameux cirque Nikoline de Moscou, du
nom d’un célèbre clown russe Les numéros sont assez classiques, sauf un
incroyable final avec des éléphants. L’ambiance est dans la salle pleine. Les
russes aiment vraiment le cirque. Nous aussi !
Entre temps, les parents se sont
offert le fameux café Pouchkine, le meilleur de la gastronomie russe, dans un
cadre majestueux, sur plusieurs étages et notamment au milieu d’une splendide
bibliothèque.
Avant de quitter cette Russie que
nous avons tant appréciée, papa part visiter à une cinquantaine de kilomètres
de Moscou, le « Vatican orthodoxe russe », le monastère de Serguïev
Possad.
Ce fabuleux complexe a été fondé
en 1340 par le saint le plus vénéré du pays, Saint Serge de Radonège qui a contribué
à la victoire définitive contre les Tatars. Il est depuis le saint patron de la Russie. Les cours
intérieures sont pleines d’orthodoxes venus prier et intercéder et de
touristes… venus les photographier ! L’ambiance n’est pas vraiment au
recueillement !
Ce soir, nous prenons le train,
en 3ème classe, pour Tallinn… avec une furieuse envie d’approfondir cette
culture et la découvrir à d’autres moments de l’année.