mardi 28 mai 2013

Cinq jours merveilleux dans une famille d’éleveurs de l’Arkanghai

Sur la route de l’Arkanghai, à 500 kilomètres à l’ouest de Oulan Bator, nous nous arrêtons à Sand dunes, surnommé le « Petit Gobi », une petit désert de sable qui sort étonnamment de la steppe aride… Les enfants redécouvrent les joies du « bac à sable » gigantesque et dévalent ces dunes avec énergie. Là encore, nous sommes les premiers touristes de la saison…le camp est à nous… Maguelone, très consciencieuse, enchaine les annales pour préparer son Brevet des collèges qu’elle doit passer à Moscou et les autres s’enfoncent dans les dunes….


Le lendemain, nous découvrons l’ancienne capitale de l’empire Mongol, Kharkhorum. Qui n’aura été capitale qu’une quarantaine d’années, avant que le petit-fils ne transfère sa capitale à Khambalik... aujourd’hui Pékin !

Nous découvrons avec bonheur les restes du monastère Erdene Zuu Khiid, fondé en 1586 qui était le plus grand monastère du pays, jusqu’à 1937, date des purges qui ont fermé tous les monastères et massacré plusieurs dizaines de milliers de moines bouddhistes. Le monastère est aujourd’hui classé au Patrimoine Culturel de l’Humanité, espérons que ces vestiges échapperont ainsi à la folie dévastatrice des hommes !




Le communisme a détruit cet unique héritage du bouddhisme tantrique, ne laissant sur place que trois monastères sur la centaine qui existait. Une fois encore, après la folie des khmers rouges et l’hystérie de la Révolution Culturelle, nous nous questionnons sur la nécessité pour « construire  un nouveau monde » de faire un « tabula rasa » si irréversible et impitoyable.




Nous arrivons finalement à Tsetserleg, dans une superbe guest house et sa boulangerie, Fairfield Guest House, un des meilleurs hébergements de tout notre périple. Après une dizaine de nuits sous les yourtes spartiates, nous apprécions particulièrement cette qualité d’accueil, moquette, couette, lumière tamisée, douche chaude, le luxe !

Lucile en profite pour se faire réparer un bout de dent par un dentiste local, qui travaille avec les moyens du bord !

Nous découvrons surtout avec beaucoup d’intérêt le projet AVSF (http://www.avsf.org/) mis en œuvre en partenariat avec le GERES (http://www.geres.eu/) et animé avec talent et conviction par Lolita et Maxime.


Toute la famille a vraiment apprécié ces deux jeunes, avec lesquels, nous passerons d’autres soirées et après-midi, si enthousiastes et si appréciés de la Coopérative et de la Fédération des éleveurs qu’ils accompagnent.

Maxime est en charge du projet et tout particulièrement de la composante élevage. Engagé, agréable, attentif, solitaire mais très social, il aime vraiment son métier et souhaite s’y engager durablement ici ou ailleurs. Il regorge de projets à mettre en place ici ou ailleurs. Nous serons vraiment curieux de suivre sa trajectoire professionnelle dans les années à venir.


Le Waz, 4 x 4 russe increvable mais... souvent en panne !
Lolita intervient sur les questions maraîchères  Elle accompagne, entre autres activités, les éleveurs dans un projet de serres solaires qui permettent de rallonger la culture des rares légumes de quelques mois. Pétillante, enthousiaste, dynamique, impliquée, fille d’une figure du théâtre de rue (fondateur de la troupe de « l’illustre famille Buratinni » - http://illustrefamilleburattini.fr/http___www.illustrefamilleburattini.fr/Accueil.html), sa personnalité se conjugue parfaitement avec celle de Maxime pour un tel projet de renforcement institutionnel de la Coopérative et de la Fédération.

Ces deux jeunes que nous retrouverons en fin de semaine, accompagnés de leur ami Antonin, cameraman autodidacte, nous rappellent nos belles années de travail dans les associations humanitaires où nous avons recruté et accompagné de telles personnalités entières, créatives, réellement engagées et tellement séduisantes. Bel exemple pour les enfants qui poursuivront avec eux la soirée autour d’une guitare, au bord d’une rivière.



Avec la Fédération et son énergique président, ils organiseront notre super séjour dans une famille d’éleveurs.

Notre chauffeur, Ganaa, nous lâche pour d’obscures raisons mais nous sommes finalement heureux de découvrir les joies du Waz, fourgon 4 x 4 russe d’un autre âge… Evidemment, on nous avait prévenus, ça tombe souvent en panne et après un premier départ et une sacrée panne, nous rentrons au bout de quelques kilomètres à Tsetserleg. Finalement, le lendemain, nous repartons avec un autre Waz et un autre chauffeur, très intrépide mais tellement sympathique.



Avec ce moyen de locomotion d’un autre âge, nous allons traverser des paysages sublimes, canyons, steppes qui se verdit, montagnes enneigés, immense lac de Terkhiin Tsagaan Nuur et coulées de lave. Ca passe partout en consommant 20 litres au 100 km ! A ce rythme, nous  expérimentons évidemment la panne d’essence et aussi la solidarité entre conducteurs ! Evidemment, nous pensons à nos années haïtiennes, et notamment au Far Ouest, où arriver à destination dans des délais raisonnables tenait de l’improbable, voire du miracle !

L’accueil par la famille de Lagva Dondov est exceptionnel. Ils nous laissent leur unique yourte pour s’entasser dans une petite maison voisine. Le foyer se compose d’un couple âgé, super dynamiques, d’un petit enfant de l’âge de Timothée et de deux personnes qui viennent aider. Le papa est super réactif à tous les projets : poulets, serres, pisciculture et amélioration de son cheptel. Le site est fabuleux, au creux du canyon, le long d’une rivière glacée et protégé en partie du vent qui peut être vraiment fort et glacial. Une vingtaine de chevaux profitent du printemps clément en face du campement. Les nuits seront fraiches et nous allons épuiser leur maigre stock de bois de chauffage !

Le matin, après un débarbouillage dans la rivière fraiche et ensoleillée, nous participons chez le fils, à quelques activités d’éleveur : traite de la centaine de  chèvres, nettoyage de la bergerie pour récupérer le fumier, peignage des yaks pour en récupérer le précieux duvet qui est désormais commercialisé en Europe, aussi doux que le cashmere de chèvres et qui est à découvrir. www.http:/fairtradewool.wordpress.com et www.teixidor.com

L’après midi, nous poursuivons les quelques leçons du CNED qui nous restent. Les garçons bravent le froid pour se partager un petit tricycle tout cassé et courir après les animaux. Maguelone s’essaye à nouveau au galop. Justine et Guillemette, toujours créatives, inventent des jeux de plein air…

Ce sont vraiment des moments merveilleux de partage et de découverte de la vie d’une famille d’éleveurs. A cette période, ils travaillent beaucoup : traite des chèvres, agnelage et suivi des petits agneaux, peignage du duvet des yaks, préparation des campements d’été, maraichage, récolte des pommes de terre, sarclage des plus belles terres, suivi des chevaux et préparation du long hiver.

Ca nous parait rude, exigeant et pourtant il s’agit de la saison la plus agréable et « facile » au niveau des conditions climatiques. En hiver, par froid sec à des températures pouvant atteindre – 40°, les hommes doivent rassembler et surveiller leur bétail et notamment les chevaux qui peuvent s’éloigner de plus de 50 kilomètres.

Justine, qui s’est découvert une vocation de fermière, confirme après ces quelques jours son souhait et les frères et sœurs lui confient déjà quelques chevaux, yaks, ovins ou bovins à garder. A suivre…


Nous rentrons, dans ces paysages hallucinants, sur Tsetserleg pour passer un dernier après-midi avec nos jeunes amis français. Nous festoyons au bord d’une rivière, un feu de camp allumé pour déguster à l’occasion de nos 9 mois de voyages la fameuse charcuterie corse cadeau des cousins et les marrons. Merci Agnès !

Le lendemain, lundi 27 mai, nous rentrons en bus sur la capitale… Huit heures de bus pour 500 km sous… la neige bien épaisse… et deux heures d’embouteillages pour quelques hectomètres dans la capitale. Nous sommes hébergés par Haliun, une amie mongole, responsable du projet ASPO, qui ouvre pour la première fois sa toute nouvelle Guest House, située au cœur de la capitale, avec vue sur le palais présidentiel et le Parlement. Nous inaugurons ainsi cet hébergement et nous lui souhaitons une bonne continuation dans ce pays qui s’ouvre et qui décolle !

Notre séjour mongol touche malheureusement à sa fin. La Mongolie sera par ses paysages grandioses une de nos plus belles et reposantes étapes. Nous sommes déjà dans la nostalgie avec une réelle envie de revenir pour certains enfants… Maguelone « prospecte » les opportunités de stage !

Au-delà de son sous-sol si riche - qui attire quelques investisseurs plus ou moins scrupuleux - ce pays, qui sort d’une longue hivernation politique et climatique, a beaucoup à offrir aux visiteurs : paysages préservés, vie nomade, découverte rurale, solidarité, joie de vivre et simplicité des mongols. Ca va devenir à la mode pour nos civilisations à la recherche d’authenticité et de grands espaces…



Nous espérons que l’explosion constatée du tourisme s’inscrira dans une démarche de développement durable. Merci vivement à Cédric, Quentin, Lolita, Maxime, Mantra, Haliun et tous les autres de nous avoir facilité cette découverte !