Le soir, nous dansons en rond avec les tibétains qui improvisent une danse très simple sur la place principale et sous les quelques flocons de neige. Eliane, professionnelle de la danse, saisit vite le rythme… mais elle voudrait qu’il soit plus soutenu! Mais à l’image des tibétains, la musique reste assez calme, lente et régulière… Même dans la danse, tard dans la soirée, ils restent zen et sereins!
A Shangri La, nous observons qu’à côté de la ville tibétaine authentique, à l’habitat serré, construite autour d’un monastère, se développe une ville chinoise avec de larges avenues (pour éviter les manifestations et conspiration) et toutes les facilités, notamment une gigantesque université et un campus imposant. Comme au Tibet, après les avoir détruits et fermés, les chinois réhabilitent les monastères et prélèvent des droits d’entrée exorbitants. Les monastères revivent et se développent.
Il nous semble cependant qu’il y a une plus grande tolérance après des années de massacres et de destructions. Nous observons d’ailleurs que les ingénieurs du génie civil, en charge des routes, ont maintenu l’emplacement des stupas et ils ont organisé les sens giratoires de manière à permettre aux tibétains de tourner autour de ces monuments dans le sens d’une aiguille d’une montre en récitant leur formule rituelle "Oh mani Pedme um" (le salut est dans le lotus)!
L’excroissance des colonies de peuplement des Hans, initiées dès les années 60-70, sont en train d’avoir raison de la population tibétaine, fondamentalement pacifique. Qui peut résister à une double réalité politique - un chef spirituel en exil, qui ne revendique plus de pouvoir temporel, apôtre de la non-violence - et économique - un incontestable développement de la région?
Les Barhouch nous quittent, plein d’émotion, la larme à l’œil pour repartir au Liban. Nous sommes très touchés qu’ils aient affrontés plusieurs jours de voyage pour nous retrouver, malgré leurs agendas professionnels chargés et leurs différents engagements. Nous promettons de nous retrouver, à nouveau, sur la route en y associant si possible nos autres amis libanais… Merveilleux moments d’amitiés et de découvertes ensemble. Les enfants se sont très bien entendus. Nous ne les avons pas vus pendant près d’une semaine! Deo gratias!
Nous continuons et achevons notre périple dans le Yunnan par la ville de Lijiang, classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Fabuleuse cité médiévale, extrêmement bien réhabilitée et qui vit vraiment de ses habitants et visiteurs. Avec ses petits canaux, elle ressemble à une petit Bruges ou Amsterdam. Toutes les habitations sont en bois, colorées et sculptées. Les ruelles sont étroites et animées.
Parmi toutes ses qualités, Lijiang accueille aussi une minorité, qui a su préserver ses coutumes, les Naxis, société matriarcale. Leur alphabet est un des derniers alphabets au monde, à base exclusivement de pictogrammes. Ils seraient encore 280.000 personnes, principalement dans la région.
C’est vraiment touchant et réconfortant de voir tous ces touristes chinois, principalement des Hans, venir découvrir ces minorités, avec intérêt, respect et admiration. Il y a une sorte de "rédemption", après les années noires et oppressantes de la "Révolution culturelle" qui a touché toutes les cultures et ethnies et les autres absurdités idéologiques qui ont voulu gommé tout le patrimoine chinois.
Le pays évolue à toute vitesse, il mue. L’Empire du Milieu qui se protégeait des autres, notamment par sa Grande Muraille, s’ouvre. Il retrouve la puissance qu’il avait avant le XIXè, lorsqu’il était déjà la première puissance mondiale. Nous espérons qu’il trouvera sa voie, entre un développement attendu et nécessaire et une préservation de son histoire et de son patrimoine naturel.
Nous nous promettons de revenir au Yunnan pour passer plus de temps, autrement: plus de marche et de trek, plus de vélo, moins de ville...
Notre semaine au Yunnan a été une très belle surprise. Les enfants retiendront, entre autres, les couvertures chauffantes, une télé individuelle dans chaque toilette publique, leurs milliers de friandises, tous ces légumes et racines séchés…
Finalement, nous prenons l’avion le 6 avril au soir pour Urumqi, capitale du Xinjiang… autre capitale qui accueille une forte minorité, les Ouigours… sur la route de la Soie!