mercredi 24 avril 2013

Dünhuang… Oasis à l’Est du désert de Taklamakan, au Sud du Gobi et terre d’accueil des fabuleuses « caves aux mille Bouddhas ».


Après une nouvelle nuit dans le train de Kashgar, nous arrivons au petit matin à la gare de Lyuyang, le temps de trouver un taxi collectif pour Dunhuang et d’acheter nos billets de train pour Beijing dans quelques jours.

Lors de ce trajet de deux heures, dans un paysage aride et lunaire, pour tuer le temps, nous jouons au « Best of »…

  • Best of food…
  • Best of lodging…
  • Best of rencontres…
  • Best of “galères”
  • Best of homestay…
  • Best of sports…
  • Best of aventures…
  • Best of “engueulades de papa”… (Si, si… 1.000 excuses à Philippe qui est dans le tiercé gagnant, en bonne place !). « Bon, on n’a pas pu en retenir seulement 10, il y en a eu trop et certaines monumentales ! ».

Nous vous tiendrons au courant dans un prochain « post ». Juste une amicale pensée à notre copine, Véro, notre Webmaster, maintenant à Dushanbe (« ne cherchez pas, c’est la capitale du Tajikistan ! »), dans cette Chine qui nous censure et qui est dans le top 5 de presque toutes les catégories (tandem à Dhaka, dîner de Noël, accueil, rencontre, trip en bateau, projets de développement… et bien sûr Gabriel). Merci pour tout.

A notre arrivée à Dunhuang, malgré le fait que nous avons réservé une auberge de jeunesse, fait confirmer par deux fois en chinois, nous découvrons que cette auberge n’accueille pas les… étrangers.

En Chine, il est difficile de se faire comprendre. Le langage des mains n’est finalement pas universel, même si les tentatives paternelles ou maternelles (imaginez les commander du poulet !) pour se faire comprendre font rire les enfants et les locaux. De toute façon, c’est très rare d’avoir exactement, ce qu’on a demandé… C’est la règle. Il faut être réactif et se contenter de ce qui est proposé ! Bonne leçon de réalisme et d’humilité !

Intéressant aussi de voir ces régions reculées chinoises qui résistent ainsi à la mondialisation et à son principal media anglophone ! Bon avec les applications iPhone, on arrive à trouver quelques termes de mandarin !

Qu’importe la Guest House où nous descendons touche les dunes, dont la plus haute, au loin, culmine à 1.700 mètres d’altitude. Vraiment impressionnant !

Dünhuang a longtemps été une oasis fertile sur la Route de la Soie. Le lieu est réputé pour ses dunes, « Mont des sables chantants et son lac du croissant de lune ». Mais là encore, il faut payer pour entrer dans le désert ! En fait, tout est organisé pour le tourisme interne qui explose et qui est très important en été : pédalo sur petit lac, caravanes de chameaux pour approcher le sommet, ULM, surf sur sable, circuit de 4x4… On voulait éviter cet endroit-là, mais impossible de franchir la grille de 2 mètres qui longe le désert !

Le lendemain de notre arrivée, nous allons visiter les splendides et uniques grottes de Mogao, Patrimoine Mondial de l’Humanité ! (« Si, si les enfants ! » ; Mais papa, on en a gavé du Patrimoine Mondial de l’Humanité », disent en cœur les filles ! « Y’en a marre des bouddhas », rajoute Augustin, un peu malade).

Bon, il faut avouer que les enfants, réveillés de bonne heure s’attendaient à des caves à escalader (« un truc whaou, quoi ! pas encore des bouddhas qui dorment !  »… Finalement, on est pris en main pour visiter ces chefs d’œuvres qui ont été préservés dans le temps. Nous avons droit à une guide anglophone très cultivée.

Plus de 735 grottes ont été répertoriées. Les principales sont peintes et sculptées. Ces caves datent de plus de 1.200 ans, de l’époque où le bouddhisme tibétain s’était exporté jusqu’en Mongolie. Elles étaient à l’abandon, depuis la conquête de Gengis Khan.

En 1900, un moine taoïste, « père Wang », découvre une grotte murée et scellée, refermant plus de 50.000 manuscrits et peintures sur Soie. Elle avait été bouchée par des moines, soucieux de protéger ces trésors. Hallucinant !

Malheureusement, le « père Wang » ne se rend pas compte de sa découverte. Il offre ces manuscrits à des gens de passage ou à des notables de la région. La nouvelle se répand et évidemment attire les archéologues européens… Dans les années 1900, chacun vient se servir, notamment un français Paul Pelliot et un anglais, Sir Aurel Stein. Les collections françaises (Musée Guimet, Louvres, Bibliothèque Nationale) ou anglaises sont plus riches que le Musée de Pékin… Les chinois nous le pardonnent difficilement.

Le Musée Guimet, accueille notamment une rarissime version nestorienne de L'Évangile selon Saint-Jean.

La British Library possède aussi un exemplaire du Soutra de Diamant, texte bouddhiste, daté de l’an 868 et qui en fait le plus ancien ouvrage intégral daté imprimé au monde : http://fr.wikipedia.org/wiki/Soutra_du_Diamant

Ces « emprunts » les ont certainement sauvés des ravages de la Révolution Culturelle, mais on ne peut s’empêcher de penser que c’est vraiment une forme « d’extorsion culturelle ». A notre connaissance, il n’existe pas encore de conventions internationales sur la protection des œuvres et chaque puissance occupante a pris l’habitude de se servir. Il faut reconnaître que les musées européens auraient beaucoup à perdre de devoir restituer certaines œuvres volées, empruntées ou achetées à des prix dérisoires…

Seules quelques dizaines de grottes sont ouvertes, à tour de rôle au public. L’an dernier, il y a eu plus de 800.000 visiteurs, principalement chinois, pour les grottes… Imaginez l’impact de cette foule sur ces grottes qui n’accueillaient que 2000 moines, dans leur apogée, au VII et Xème siècle !

Le plus grand et le plus haut « bac à sable » pour les enfants…

Là où nous sommes, nos voisins immédiats sont des chameaux que leurs propriétaires amènent en trottinant sur les sites touristiques. On ne se lasse pas d’apprécier la dignité de ces animaux, le port tellement droit et hautain de leur tête, le regard lointain et si distant. Leur trot est vraiment majestueux !

Ernest Renan déclarait que le « désert était monothéiste »… Belle formule, vraisemblablement exacte pour les contemplatifs ou les mystiques… De notre côté, nous sentons une certaine lassitude des enfants, après plus de 15 jours dans ces paysages arides, qui rêvent de grands magasins, de grandes rues, de grands buffets de nourritures… Il faut avouer que le sable, c’est comme l’eau, rien ne l’arrête. Chaque heure, il faut retirer, inlassablement, la couche de poussières de sable…

Mais, malgré cette fatigue, ils s’éclatent dans les dunes, les dévalant à travers toutes sortes de figures et les remontant à nouveau… C’est épuisant mais tellement drôle. Le sable est fin, blanc et chaud. Le désert change de couleur, avec notamment ses ombres qui évoluent, au cours de la journée. Edifiant !

Dünhuang, c’est aussi l’occasion pour nous d’étendre notre visa. En effet, nous avons décidé de rester plus d’un mois en Chine. Nous aimons cette Chine qui avance, calmement, sûre d’elle… Cette opération d’extension de visa, présentée par tous et par tous les guides comme simple et automatique, nous a donné des vraies sueurs froides…

Tout d’abord, nous perdons Maguelone, entre le désert et la ville, pendant 2 heures, le temps de nous inquiéter sérieusement. En fait, elle avait anticipé notre marche vers la ville ! A l’étranger, l’angoisse irrationnelle vient vite !

Ensuite, il faut passer différentes étapes – photo numériques en 4 heures, montage du dossier, à nouveau photo de la police, informations manquantes – sans trop savoir le résultat final qui nous sera communiquer que 24 heures plus tard…

Le lendemain, « il faut raccourcir les prénoms de vos filles car ça ne rentre pas dans l’espace prévu par l’ordinateur ». Bon après négociation, ils ne gardent que les premiers prénoms…. Puis il faut faire les collages sur les passeports… entre les trois filles qui se ressemblent trop…

Les fonctionnaires et policiers ne parlent pas l’anglais. Il faut donc passer par le mobile du proprio de la Guest House… Mais il faut reconnaître, un très bon accueil et une réelle volonté de faire avancer le dossier. La situation était épique et incertaine… Quel soulagement lorsque nous récupérons nos passeports tamponnés… Une nouvelle étape administrative stressante de franchie…Il nous reste donc le visa mongol puis le visa russe… On nous promet déjà quelques aventures ! A suivre…

Papa repense à ces amis étrangers étudiants, principalement africains, notamment son hôte comorien Hadji Selim Mzé, tellement stressés lorsqu’ils devaient renouveler leur papier de séjour… alors qu’ils étaient en règle. Qu’on se sent fragile et vulnérable devant ces obligations administratives !

Notre dernière journée à Dünhuang est consacrée aux dunes et à une petite promenade dans cet oasis. Le soir, nous nous offrons des pâtes ((« Papa, j’en ai marre de la nourriture chinoise », dixit Justine).











Dans la nuit au 24 au 25, nous montons dans le train, à 2 h 24 du matin, en direction de Beijing… pour près de quarante heures de voyage ferroviaire !

vendredi 19 avril 2013

Après les montagnes, le désert du Taklamakan…


Le Taklamakan est un désert inhospitalier, dont la grande majorité de la surface se trouve dans le Xinjiang.
Il est surnommé la « Mer de la mort ».
Avec 1 000 km d'ouest en est et 500 km du nord au sud et une surface de 270.000 km² il s'agit du 18e désert le plus vaste, bien que ce classement varie selon les sources, si on compte aussi les déserts de glace (source Wikipédia).
Effectivement, il est vraiment inhospitalier et nous en ferons les frais.
Nous partons, sans Lucile et les deux garçons, avec beaucoup d’enthousiasme et d’énergie. Nous nous arrêtons en chemin pour faire des provisions d’eau, de fruits, de légumes pour quelques jours alors que nous devons y passer seulement une soirée et une nuit… Mais le désert fait peur !
Finalement, après trois heures de route de Kashgar, nous entrons par le Sud… On arrive à un péage ! Il faut payer l’entrée ! Premier étonnement. Avec une telle surface, il faut en plus payer l’entrée pour aller passer une soirée dans le désert. Mais les chinois ont bien aménagé cette entrée avec restaurant, lac artificiel, grosse voiture 4 x 4 qui côtoient… quelques chameaux pour les plus courageux.

Après avoir attendu quelques temps les chameaux, nous partons en milieu d’après-midi avec chacun son chameau pour 24 heures de désert. On a prévu de planter la tente dans les dunes…

Philippe, plus alerte que nos guides, aperçoit une tempête de sable qui se rapproche. Mais nos guides continuent à avancer…. En fait, il ne s’agit pas vraiment de guides, mais plutôt des propriétaires des chameaux. Personne ne vit dans ce désert depuis quelques siècles. Le désert n’est pas habité comme le Sahara. Il est sec et possède peu de point d’eau.

La tempête, on se la prend, bien en face… la température baisse de quelques degrés et le ciel s’obscurcit. Il est 3 heures de l’après midi mais on pourrait penser qu’il est l’heure du crépuscule.

Les chameaux restent calmes, dignes et affrontent le vent et le sable… Les guides hésitent pour finalement nous proposer de nous rabattre sur un abri de berger où nous resterons 4 heures, protégés des rafales de vent…

En fait de désert, nous ne verrons que quelques dunes !

Belle déception ! Superbe moment d’humilité face à la nature. Mais les filles, toujours positives, ont beaucoup aimé ces moments un peu « extrêmes » !

Finalement, le soir, nous rentrerons à Kashgar, lorsque la tempête se sera un peu calmée…

Le lendemain, nous avons eu un « conference call » avec une institution en France pur Maguelone… Conditions d’entretiens vraiment originales, dans l’auberge de jeunesse, assis sur un lit superposé, avec un Wifi incertain… A suivre…

Le 18, nous prenons l’avion de Kashgar à Urumqi pour une dernière soirée avec nos amis Suzanne et Philippe qui repartent dans les Cévennes ! Merci d’avoir fait autant de kilomètres pour venir partager quelques jours notre voyage…

Notre longue escale – 10 jours – dans le Xinjiang est diversement appréciée : beauté des paysages, magnificence des montagnes, impression de solitude et de sérénité, belles promenades, désert impressionnant, famille et peuple ouïgours très agréables, calmes et sereins. Par contre, beaucoup de longues distances, conditions météorologiques pas idéales, déception sur la mythique Kashgar, difficulté de sortir des circuits classiques…

Nous sommes heureux d’avoir pris la température de cette mythique Asie Centrale…






et on souhaite un joyeux anniversaire à notre technicienne du blog: Véro fête ses 24 ans à Dushanbe aujourd'hui!! 

jeudi 18 avril 2013

A la recherche de l’arche perdue…


Le lendemain, nous partons pour une superbe promenade pour voir l’arche Shipton.






Cette arche a été découverte par un anglais, Shipton, en 1947, qui l’a mentionnée au National Geographic. Elle était vraisemblablement connue des locaux. Il a fallu attendre l’année 2000 pour que le National Geographic la redécouvre, la positionne sur une carte et la mesure. L’arche fait plus de 600 mètres de haut, ce qui en fait la plus grande du monde !

Nous traversons des paysages de montagnes arides, qui font penser au Hoggar algérien (Assekrem près de Tamanrasset).

La marche d’approche est facile, dans une ancienne gorge rocailleuse. Nous arrivons à 3.130 mètres, certifiés par le GPS d’un couple allemands « chasseurs d’arches ». A la retraite, leur passion est de parcourir le monde à la recherche de ces arches connues ou à découvrir. A notre demande, ils classent cette arche de Shipton dans leur « top ten ». Très originale comme passion !

Ils ont leur site à découvrir : www.archhunter.de

Le climat est sec, aride, sans aucune humidité. Les habits sèchent en quelques heures, même en pleine nuit. Demain, nous partons découvrir, avec les plus grandes, le désert de Taklamakan, deuxième plus grand désert du monde, après le Sahara !

mercredi 17 avril 2013

Kashgar, ville des marchés séculaires…






Après ces quelques jours dans les montagnes arides, nous rentrons à Kashgar pour voir les différents marchés du dimanche, réputés pour leur taille et leur authenticité.

A l’origine, ce marchés étaient en plein centre-ville et regroupaient toutes les activités, bétails et commerce. Ils ont connu leur apogée au cours de la glorieuse histoire de la Route de la Soie. Aujourd’hui, ils sont répartis sur plusieurs sites.

Les deux plus impressionnants sont les marchés d’animaux : bovins, ovins, chevaux et… chameaux.

C’est un univers spécifiquement masculin. Le matin, les bêtes arrivent perchées et entassées sur des camions, tracteurs ou triporteurs. Elles sont alignées, regardées, testées, observées par els clients potentiels.

La négociation se fait devant tout le monde. Elle dure assez longtemps. Par de savantes manœuvres, le prix final n’est connu que de l’acheteur et du vendeur.

Une brebis peut être vendue, environ 50 € (uniquement pour sa viande), une vache laitière environ 250 €, un cheval peut atteindre 1.500 €. Les chevaux sont utilisés principalement pour la course. Les ânes servent à tirer les charrues et les remorques.

Une légende Ouïgoure dit que l’âne est l’animal le plus bruyant de toute la création. Lorsque le Créateur l’a créé, il lui a mis une espèce de klaxon dans le ventre. Fort de cet atout non négligeable, l’âne se comportait alors en prince. Les autres animaux, fatigués de cette arrogance sont allés voir le Créateur pour lui demander de faire quelque chose. Comme il était impossible de retirer ce klaxon, le Créateur a décidé de punir l’âne en lui disant : « Désormais, tu devras travailler plus que tout le monde et tu seras l’animal le plus utilisé par l’homme pour toutes sortes de tâches ».

Le marché aux oiseaux est aussi impressionnant. Des milliers d’hommes se retrouvent toute la journée pour échanger des pigeons (utilisés comme pigeons voyageurs) ou des petits oiseaux chantants de toutes les couleurs.

Le marché de Kashgar pour commerce en tout genre est considéré comme le plus grand de toute l’Asie Centrale. Le dimanche, il triple de surface et e marchands.

Nous profitons de cette halte à Kashgar pour découvrir le « People Park » qu’on retrouve dans toutes les villes chinoises et qui permet un réel brassage entre classes sociales et générations. La statue de Mao trône toujours à son entrée avec son bras levé pour monter la… direction ! Viendra une période, où ces statues seront à leur tour dévissée, détruites et fondues… Pour l’instant Mao reste intouchable et orne tous les billets de banque.

Alors que les enfants se régalent de toutes sortes de jeux, nous sommes étonnés de ne pas voir beaucoup d’enfants, surtout après nos séjours dans le sous-continent indien, même en ce dimanche férié. La politique de l’enfant unique y est pour quelque chose.

Cette journée dans cette grande ville régionale, nous permet de prendre conscience que la ville se divise en deux : ouïgoure, au centre ville, poussiéreuse, avec de l’habitat sur deux étages maximum, en terre battue dont les bâtiments sont régulièrement détruits et la ville chinoise, hyper active, large, propre avec ses grands magasins. Dans la banlieue, le lendemain, découvrirons des dizaines de projets immobiliers initiés par le gouvernement et des investisseurs chinois (des HLM) pour la location et pour la nouvelle classe moyenne urbaine.

Nous découvrons aussi le splendide mausolée de Id Kah, leader religieux du XVème siècle.  Etonnamment, la mosquée est peinte de scènes de paysages. Nous adorons ces lieux magiques qui respirent la sérénité et le calme.

D’une manière générale, au Xinjiang, nous sommes frappés par le calme : les voitures klaxonnent rarement, les motos sont électriques donc silencieuses, les gens se parlent tout doucement. Même aux cœurs des marchés, qui regroupent plusieurs milliers de personnes, c’est calme et peu bruyant.












lundi 15 avril 2013

Sur les traces de Marco Polo aux confins de la Chine occidentale... aux frontières du Pakistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan…


Mais pourquoi diantre, papa a-t-il voulu absolument venir dans un coin aussi paumé ?
 
Pourquoi y-a-t-il aussi attiré nos bons amis cévenols, Suzanne et Philippe qui nous ont retrouvés à Urumiq après 24 heures d’avion et de trajet pour une dizaine de jours ? Pourtant, ces amis avaient déjà « subi ses maudits conseils » dans d’autres aventures dangereuses !
 
Probablement, papa voulait revivre en famille, la merveilleuse aventure qu’il avait faite avec son grand frère Benoît, du côté pakistanais, en 1993, lorsqu’ils étaient arrivés à quelques kilomètres de la frontière chinoise, dans les magnifiques vallées de la Swat ou la vallée ismaélienne après Gilgit ! Ces vallées sont désormais interdites aux touristes à cause de la présence talibane qui s’y est réfugiée et qui en a fait un de ses nombreux sanctuaires!
 
A l’époque, ces vallées et ce fabuleux Karakoram Highway, qui passait devant le K2 (2èmeplus haut sommet du monde), amenaient à la frontière chinoise qui restait désespérément fermée. Désormais, avec cette Chine conquérante qui s’ouvre à tous les marchés, la frontière est ouverte quelques mois par an... Malheureusement, elle s’ouvrira cette année que le… 1er mai, à cause des conditions météorologiques encore difficiles!
 
Mais pourquoi, toute la famille Montariol suit toujours aussi docilement le paternel, sans trop poser de questions! Pourquoi, papa ne lit presque jamais les guides? Pourquoi se laisse-t-il guider par ses envies? Pourquoi, ne consulte-t-il pratiquement jamais les « conseils aux voyageurs »? Pourquoi nous entraine-t-il toujours, avec tellement d’enthousiasme (et parfois d’insouciance) dans ses rêves et aventures?
 
Parce que, avouons-le, cette étape du Xinjiang était vraiment osée! Lucile, les enfants et les amis se sont ouvertement demandés à plusieurs reprises « mais pourquoi nous sommes-nous mis dans cette galère ! »
 
Evidemment, comme tous les guides le mentionnaient, il fait très froid dans le Xinjiang à cette période. Chaque jour, nous avons eu notre petit épisode de neige. Evidemment, tout le monde, à tour de rôle, a eu son épisode de rhume! Tous les soirs c’était un concerto d’éternuements contagieux !
 
Les nuits étaient fraiches - dehors, l’eau gelait - les hébergements étaient souvent succincts et mal chauffés. Tous, familles et amis, nous nous réfugions alors sous les lourdes couvertures odorantes de yak! 11 personnes dans 10 m², ça réchauffe!
 
Le matin, les enfants (enfin les plus légers) s’amusaient à glisser sur quelques plaques de neige glacée, à la suite des yaks beaucoup plus souples !
 
Le ciel était souvent couvert, avec un petit vent glacial mais lorsque le ciel laissait apparaître le soleil, alors le paysage était absolument unique, fabuleux et magique !
 
Cette partie de la Route de la Soie traverse des vallées en altitude (moyenne de 3.000 mètres d’altitude), avec de chaque côté, des sommets enneigés de plus de 6.000 mètresd’altitude qui semblent accessibles. Maman, Maguelone, Philippe et Suzanne feront d’ailleurs un superbe trek jusqu’au glacier d’une montagne culminant à 7 700 mètres, le Mustarata, malgré leur état convalescent ! 4 heures pour atteindre 4 400 m
 
Pour arriver dans ce Xinjiang, aux confins des frontières du Pakistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan… il faut vraiment le mériter !
 
Mais comment sommes-nous arrivés là ?
 
Le Xinjiang est la plus grande province chinoise. Elle est plus éloignée de « sa » capitale chinoise, Pékin, que des capitales de la Région, Islamabad, Bichkek, Tachkent…
 
On dit que c’est que c’est le point le plus éloigné de la mer ! (Mais ça nous l’avons déjà entendu dans d’autres endroits !).
 
Et pourtant, cette région et sa capitale mythique, Kashgar, ont eu une importance primordiale dans l’histoire des échanges commerciaux (Route de la Soie, ouverte par Marco Polo) et même encore aujourd’hui, par les richesses de ses sous-sols.
 
Nous avons pris l’avion du Yunnan, région décidément plus accueillante et clémente à Lijiang, transit à Chengdu puis 5 heures d’avion pour atterrir à Urumqi.
 
Nous avons aimé notre première capitale d’une région chinoise, très développée, aux larges avenues, où la population Han se mélange à la population Ouïgoure, largement majoritaire.
 
La ville a été fermée ces deux dernières années, suite à des manifestations d’autonomistes ouïgours, durement réprimées par les autorités chinoises, qui pratiquent ici comme au Tibet ou au Yunnan, une colonisation de peuplement assez massive, conquérante et irréversible.
 
Arrivés en pleine nuit dans un dortoir d’une auberge de jeunesse locale, le lendemain nous avons quelques heures de CNED avant que papa et Maguelone aillent acheter des billets de train à l’immense gare de Urumqi. Belle expérience ! Nous avons des billets, en espérant qu’ils nous mèneront là où nous avons prévu d’aller ! Rien n’est sûr ! Mais c’est sympa d’avoir une dizaine d’interlocuteurs qui veulent réellement nous aider et qui partent dans éclats de rire quand ils découvrent les 5 passeports des enfants !
 
Le reste de la famille profite de la proximité d’un centre commercial et d’un beau parc pour refaire les provisions de friandises !
 
Le soir, nous accueillons donc avec grand plaisir les Malherbe qui ont traversé six fuseaux horaires pour nous accompagner une dizaine de jours.
 
Philippe est un des fondateurs, avec notre bon ami Rachid, d’Initiative Développement(ID) une ONG française pour laquelle Bruno a travaillé au Bénin, à Poitiers puis en Haïti. Philippe et Bruno avaient d’ailleurs fait ensemble, une mémorable mission de prospection en Chine dans le Guizhou, pour ID qui y a développé plus tard un superbe programme environnemental très innovant.
 
Voir site : http://id-ong.org/
 
Depuis, leurs chemins se sont séparés. Bruno est parti comme « mercenaire » de la Commission Européenne et Philippe, médecin de formation s’est installé dans les Cévennes. Suzanne y était aussi institutrice.
 
Philippe est parrain de notre dernier Timothée. Protestant militant et très engagé, il avait cependant fallu, sur les recommandations de notre « chapelain » Norbert, lui « adjoindre » deux autres parrains, un catholique italien, Andrea, et un maronite libanais, Omar. Il fallait bien ça pour « neutraliser » le prosélytisme parpaillot ! J ! Timothée est bien protégé !
 













Le lendemain, de leur arrivée, le 8 avril, nous prenons le train pour… 30 heures en couchettes dures! Décidément, nous adorons le train. Celui-ci est impressionnant, sur deux étages avec hôtesse dans chaque wagon, samovar et thermos pour le thé. C’est l’occasion de parler, de jouer à des jeux de société, d’échanger des sourires avec nos voisins, de découvrir les menus uniformes du wagon restaurant, de se reposer et de rattraper le décalage horaire…
 
Tout au long de ces 1.500 kilomètres, le paysage est assez déprimant. Il s’agit d’un désert de sable, assez inhospitalier, ponctué d’immenses mines et usines et quelques villes nouvelles… Le Xinjiang regorge de charbon, d’acier, de fer et de cuivre dont le pays a tellement besoin pour entretenir sa croissance… Ces revendications d’autonomie ou d’indépendance vont en souffrir !
 
Nous arrivons enfin à Kashgar, épicentre de conflit et d’échanges culturels durant plus de deux millénaires. Nous sommes accueillis par le souriant Tadjurim qui sera notre guide ouïgour pendant 10 jours. Merveilleux guide, prévenant, disponible et à l’écoute des enfants et des exigences des… parents !
 
Nous nous installons dans une nouvelle auberge de jeunesse, bien accueillante, pour partir aussitôt à la découverte de cette ville.
 
Franchement, et malgré sa fabuleuse histoire, Kashgar est assez décevant à la première visite. La Révolution Culturelle a détruit les restes du mur d’enceinte. Les chinois sont en train de détruire les maisons traditionnelles pour les reconstruire à l’identique. Ils appellent ça de la « réhabilitation ». Ils promettent aux habitants accès à l’eau et à l’électricité, ce qu’ils fourniront sans aucune doute mais nous questionnons vivement cette nécessité de tout mettre par terre pour reconstruire. La vielle ville est donc un immense chantier poussiéreux en attendant sa… réhabilitation. Avec ses différents marchés du dimanche, nous découvrirons une ville plus attrayante et très dynamique.
 
La mosquée Id Hah, vielle de 1442, peut accueillir plus de 20.000 personnes. C’est la plus grande mosquée de Chine. Elle est très bien conservée et attire chaque jour plus de 3.000 personnes pour ses prières.
 
Le lendemain, le 10, nous partons en mini-van, plein sud-ouest sur la mythique Route dela Soie… en direction de Taskkurgan.
 
Nous prenons rapidement de l’altitude pour nous arrêter pour profiter du lac Kurakul, magnifique plan d’eau vert, alimenté par les glaciers.
 
Nous logeons dans une famille d’éleveurs bien accueillante, au pied du lac et des montagnes. Magnifique !
C’est impressionnant de voir ce que possède cette famille : deux poêles, des thermos, une télé (qui ne marche pas parce que l’électricité est solaire), de coussins et des couvertures. Le petit déjeuner se compose de pain dur et de thé de yak. Le déjeuner et le dîner sont semblables : du riz aux légumes. En hiver, il rajoute parfois de la viande et en été des produits laitiers.
 
Ils vivent principalement d’élevage (moutons, chèvres, yaks et quelques chameaux à poil long). Nous avons apprécié leur accueil simple et chaleureux. Nous y re-séjournerons une seconde nuit le surlendemain.
 
Nous avons vraiment apprécié cette étape où le soleil s’est durablement installé nous permettant de faire une magnifique promenade le long du lac.
 
Nous poursuivons notre route sur ce Karakoram Highway en direction du Pakistan. Finalement, nous nous arrêterons à Tashkurgan, dernière grande ville avant la frontière.
 
Cette ville accueille une grande majorité de Kirghiz. Le Kirghizstan est à seulement 14 kilomètres mais la frontière n’est ouverte que pour les hommes d’affaires.
 
Les femmes sont habillées de vêtements plutôt foncés. Elles portent un grand nombre de collants pour résister au froid et sont coiffées d’un original chapeau brodé, tenu par un tissu blanc.
 
Cette population pratique encore « l’enlèvement des filles ». Un groupe de jeunes hommes d’un village voisin viennent kidnapper une jeune fille, qu’ils retiennent quelques jours avant d’aller négocier la dot avec les parents… On ne quittera pas nos filles des yeux !
 
Tashkurgan était une étape importante sur cette Route de la Soie. Une forteresse protégeait les caravanes qui venaient remplacer leurs chameaux et chevaux.
 
Le Route de la Soie désigne un réseau ancien de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe : il relie la ville de Chang'an (actuelle Xi’an connue pour son armée de soldats de terre) en Chine à la ville d’Antioche, en Syrie médiévale (aujourd'hui en Turquie). La route de la soie était un faisceau de pistes par lesquelles transitaient de nombreuses marchandises, et qui monopolisa les échanges Est-Ouest pendant des siècles, avant d'être supplantée par la voie maritime. Les plus anciennes traces connues de la route de la soie remontent au milieu du premier millénaire avant J.C. Au XVeme siècle, la route de la soie est progressivement abandonnée après plus de 2000 ans d'existence. La route tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la Soie, dont les Chinois furent pendant longtemps les seuls à détenir le secret de fabrication. (Wikipedia).
 
Marco Polo aurait emprunté cette route en 1275 et il en parle dans son Livre des Merveilles – Dévissement du Monde - mais certains historiens questionnent la réalité du voyage et des découvertes de l’auteur. Nous nous promettons tout de même de livre ce livre si mythique, un des premiers récits d’aventure et de voyage. L’ancêtre du blog !