lundi 8 juillet 2013

Adieux... A Dieu...


Ca y est ! Nous arrivons le cœur lourd à la gare de l’Est…

Retrouvailles, larmes et embrassades avec les cousins…

Mais surtout énorme émotion entre nous sept, famille nucléaire…

A sept en permanence pendant plus de dix mois pour manger, dormir, découvrir, étudier, voyager, rêver, étudier…

La proximité a parfois été pesante mais elle a surtout créé une réelle « dépendance ». La vie commune, en famille, a été d’une rare intensité. Nous avons pu observer une réelle solidarité entre les filles au service des deux plus jeunes…Nous savons que le sevrage pour chacun de nous sera dur dans les semaines à venir.

Dès demain, la famille se sépare pour consacrer du temps aux grands-mères, aux cousins,  aux amis, puis à des camps d’été… puis retour, tous ensembles, au Liban en septembre pour la prochaine année scolaire.

Chaque membre de la famille, chacun avec son charisme, sa personnalité, son dynamisme a apporté sa touche et à contribuer positivement à ce long voyage familial.  


Nous avons conscience que ce voyage a été un acte fondateur pour nous sept… et probablement nous en parlerons aux prochaines générations, les épuisant de… nos souvenirs !

Il y aura le temps du bilan, du témoignage et de la relecture dans les mois et années à venir. Ce périple aura été une superbe promenade, à travers le temps et l’espace. Voilà en bref, ce que nous en retenons.

Nous avons pris une quinzaine de fois l’avion, effectué plus de 20.000 km en train, environ 10.000 en bus et le reste en bateau camion, taxi, voiture, rickshaw, chameaux ou vélo…

Les cours du CNED nous ont accompagnés durant tout ce voyage initiatique… Les enfants ont étudié, travaillé l’ensemble du parcours pédagogiques et ils ont composé plus de 180 évaluations dans toutes les conditions d’apprentissage…

Nous avons changé de lieux d’hébergement et d’accueil plus de 170 fois, chez l’habitant, sur les projets, dans des hôtels ou des auberges. A chaque fois, notre arrivée « en force » a provoqué tout d’abord de l’inquiétude des hôtes ou des autres clients, puis de l’étonnement et très souvent beaucoup d’amitié et de convivialité !

Nous avons traversé plusieurs civilisations qui ont incroyablement rayonné, se sont affrontées pour finalement s’éteindre quelques siècles plus tard en laissant quelques ruines, témoins de leur grandeur passée… A chaque fois, nous avons découvert à travers ces vestiges un incroyable témoignage d’humanité et de civilisation.

Chrétiens catholiques, nous avons essayé de prendre le temps de découvrir, avec une réelle volonté de nous y intéresser plus intensément dans les années à venir, les différentes religions monothéistes ou polythéistes que ces civilisations ont offert à l’humanité : taoïsme, confucianisme, bouddhisme, hindouiste, islam, chamanisme, orthodoxie et protestantisme.

Nous avons pu apprécier, à travers des partages, des rencontres et quelques liturgies, les différentes façons de croire et de pratiquer des uns et des autres.

Nous avons eu l’immense privilège de rencontrer et de prier avec des chrétiens engagés, consacrés ou non, personnages hors du commun, habités par une foi contagieuse. Leurs témoignages nous ont profondément émus et interpellés.

Parallèlement à ces religions plusieurs fois millénaires, nous avons aussi constaté l’émergence de nouvelles « religions »  ou « way of life » universels, notamment le mercantilisme qui s’impose inexorablement avec sa fameuse « loi du marché » et ses valeurs dont personne ne mesure vraiment le potentiel de risque et de dangers pour l’humanité …

Nous avons aussi pu observer que la mondialisation est en marche, irréversible, avec un réel risque d’uniformisation des cultures, de négation et d’oubli des spécificités de chacun. Elle a désormais ses dieux, ses rites, ses champions et ses medias… Sa force de frappe est impressionnante !

Cette « religion du progrès » qui avance toujours, sans se questionner, a un coût humain, sociétal et environnemental énorme… Le développement durable est une notion encore insuffisamment partagée. Il est resté principalement dans la sphère du militantisme. Il est de plus en plus marginalisé et pèse peu face aux spéculateurs et à certains responsables moins scrupuleux …

Nous avons eu la chance de pouvoir vivre quelques temps au milieu d’une dizaine de projets de développement dans les différents pays. Le degré de pauvreté sur le continent asiatique se conjugue par centaine de millions de familles luttant pour survivre.

La générosité, le don, l’engagement sont universels et se déclinent sous toutes les latitudes avec le même acharnement et conviction. Ces témoignages, cette générosité et toutes ces innovations nous ont durablement marqués. Les filles ont apprécié quelques amitiés fortes avec des jeunes du même âge.

Plus gravement, ce voyage a aussi été l’occasion de réfléchir sur les grands systèmes totalitaires qui ont vécu à travers les âges, ceux terriblement destructeurs du XXème siècle et ceux qui survivent encore. Nous avons aussi été bouleversés par les immenses massacres de masse, les affrontements, les migrations forcées et les génocides pratiqués sur toutes ces terres.

Chaque pays nous a accueillis avec son histoire, sa culture, sa langue, son alphabet, sa mythologie et sa… cuisine. Il a fallu aux enfants et aux parents de la flexibilité pour absorber tous ces changements en si peu de temps. Nous étions parfois « voyeurs » mais quand nous avons pris le temps de la lecture ou du partage, nous avons vécu des émotions et des découvertes fabuleuses qui resteront gravés durablement dans nos mémoires.

Nous avons été extrêmement gâtés en rencontres, partages et amitiés tissées le long du périple et de cette quinzaine de pays visités. Les enfants sont de véritables « passeports » pour le voyage. Ils ouvrent des portes et facilitent la rencontre…

Ces amitiés se sont aussi manifestées par les lecteurs de notre blog, les échanges et commentaires ou les visites au cours de notre voyage initiatique…

Ce blog, qui se voulait à l’origine géré par les enfants, a d’ailleurs un peu changé d’auteurs et de nature. Les enfants étaient tellement sollicitées par le CNED et toutes les découvertes que les parents ont repris un peu la main sur ce bel outil de témoignage et de pédagogie.

Toujours confiants dans le destin, nous avons essayé de prendre, seuls ou en famille, le temps de la prière, de la réflexion et de la méditation. Aujourd’hui, nous voulons rendre gloire et louange à Celui qui nous a toujours accompagnés dans ce pèlerinage…

Il nous a émerveillés, perturbés, étonnés, protégés, stimulés… Pèlerins en famille,  il nous a tous conduits au-delà de nous-mêmes…

Deo gracias !


Lucile, Bruno

Maguelone, Guillemette, Justine, Augustin et Timothée

Berlin, témoin des déchirures et souffrances du XXème siècle…


Seulement cinq heures de train entre Varsovie et Berlin et nous arrivons à Ostbanhof où nous partons voir la fameuse East Side Gallery, un des rares vestiges du mur de Berlin, encore debout.

Pour y arriver, nous traversons une zone squattée par des rastas jamaïcains, Yaam city, coincée entre la rivière Spree et le mur…  Aussitôt Maguelone déclare qu’elle aime cette ville (« Jah ! »)…



Et effectivement, quelle créativité après des années de séparation et de souffrance. En témoignent les dessins « Street art » réalisés sur cette immense fresque murale, la East Side gallery »… Les trois aînés, qui ont fait partie d’un atelier de quelques heures de Street art ici à Berlin, nous ont appris la différence entre graffitis (dessins), tags (signature) et Street art (graffitis commandés)… Quelques heures d’initiation, bombe à la main… C’était, parait-il, « over cool » !

Ce mur, nous le recroiserons à plusieurs endroits de la ville… Il « hante » encore la ville. Edifié dans la nuit du 13 août 1961, il a encerclé sur 155 km et 302 miradors les trois districts anglais, américains et français… Plus de 40.000 personnes ont cependant réussi à s’enfuir de Berlin Est, principalement dans les premières années… Les personnes tuées ou blessées sont estimées à plusieurs centaines.

Le mur a aussi ses héros, ses légendes, notamment celle du soldat Vopo qui a essayé de grimper le mur pour passer à l’Ouest. Ses collègues Est allemands lui ont tiré dessus. Blessé, dans le No man’s land, les soldats occidentaux ne pouvaient pas le secourir. Il a fini par être récupéré par les soldats Est allemands. Aussitôt tout l’Ouest s’est mobilisé dans une manifestation gigantesque devant le Reichstag pour demander la destruction du mur mais il faudra attendre le 9 novembre 1989 pour que le mur tombe…


Papa et Bonne maman se rappellent leur précédente visite à Berlin, en 1977. Jacques, le bon papa, était militaire et à ce titre, ils avaient eu le droit de venir en train militaire de Strasbourg. Ils avaient traversé l’Allemagne de l’Est dans un train aveugle - les fenêtres et rideaux étaient fermés et scellés pur éviter tout contact avec les habitants de l’Est. Ils avaient pu traverser le fameux Charlie Check Point, en voiture militaire, pour quelques heures à Berlin Est. Ce voyage familial avait été d’une telle intensité qu’il est aussi, probablement à l’origine du virus paternel du voyage !


Aujourd’hui, Check Point Charlie, est un haut lieu touristique… où une enseigne de restauration rapide US a pris le relais des soldats américains… Autres temps, autres mœurs… Business oblige !

Check point Charlie
Nous découvrons Unter den Linden, et son université Humbolt qui a donné 23 Prix Nobel à l’humanité ! Elle débouche sur la Porte de Brandebourg, symbole de la guerre froide et aujourd’hui de l’Allemagne réunifiée. Tournée vers l’Est, le mur, à ses pieds, la coupait du Reichstag et des secteurs occidentaux…

Porte de Brandebourg vue du toit du Reichtag
La Porte de Brandebourg est coincée entre de grands bâtiments est notamment les ambassades US et Française. Malgré les milliers de touristes, l’émotion est forte… Surtout, qu’une « salle de silence » a été ouverte à ses pieds… Cette salle accueille tous ceux qui veulent réfléchir, méditer ou prier sur ce lieu symbolique… La charge affective est forte et nous découvrons une prière des Nations Unies….

« Seigneur, notre Terre n’est qu’une petite planète au milieu de l’univers. Il nous appartient d’en faire une planète dont les habitants ne seront plus tourmentés par la guerre, par la faim et la peur, où ils ne seront plus séparés selon la race, la couleur et l’idéologie. Donne-nous le courage et la force de commencer cette tâche dès aujourd’hui, afin que nos enfants et petits enfants puissent porter le nom « Homme » avec fierté ».

Mémorial aux victimes juives

Tout près se dresse le Mémorial aux victimes juives du nazisme. Il faut prendre le temps de descendre sous terre et de lire quelques témoignages et histoires de familles massacrées. A chaque fois, ces histoires sont déchirantes et il faut du temps pour reprendre la parole et reprendre le cours de la vie.

Le Reichstag, reconstruit par Norman Foster se visite et sa splendide coupole est le point idéal pour surplomber l’ensemble de la ville qui offre plein de sites superbes : Château de Charlottenbourg, résidence d’été de la famille des Hellenzoller, l’immense jardin Tiergarten, le quartier entièrement rénové de Potzdamer platz et les incroyables musées, notamment celui qui accueille l’incroyable autel de Pergame.



Quelle émotion de finir notre voyage dans l’histoire face à de telles civilisations mésopotamiennes !

Autel de Pergame

Ce soir, nous montons dans notre dernier train… direction Paris…



Château de Charlottenbourg


Reichstag


Philarmonique de Berlin
Porte de Brandebourg


Sony center - Postadam platz

Coupole du Reichstag

jeudi 4 juillet 2013

Avant dernière étape à Varsovie et déjà… nostalgiques…

A la lente allure du train entre Vilnius et Varsovie… nous entrons dans notre dernière semaine de voyage, partagés entre la joie de revoir les uns et les autres et déjà la nostalgie du voyage et surtout d’être tous ensemble…



Nous sommes heureux de faire ces dernières étapes européennes avec le filleul Nicolas et la grand-mère, Monique… un peu comme un dernier témoignage de ce que notre voyage a pu être…
Cousin, cousines...

Aujourd’hui, les étapes européennes sont les plus faciles à organiser : pas de frontière, pas de visa, des changes de monnaie simplifiés, proximité culturelle, facilité pour se faire comprendre, pour voyager, pour découvrir…

Pour nous européens convaincus, il est très émouvant de voir tous ces pays se côtoyer autour d’un projet commun sur un même territoire alors qu’ils se sont combattus des siècles durant.

Aujourd’hui d’ailleurs, nous célébrons l’entrée dans l’UE de la Croatie, même si ça manque de ferveur de part et d’autre. Et pourtant, l’Union Européenne est une réalité en marche. Elle vit actuellement une crise identitaire et une crise de légitimité… mais elle est la plus révolutionnaire et généreuse idée du siècle dernier. Elle a probablement grandi trop vite ces dernières années, mais pouvait-on laisser de côté ces pays qui se sont libérés seuls du totalitarisme, en leur demandant de patienter quelque temps dans la salle d’attente ?

Unique vestige du guetto
La ville de Varsovie offre bien moins de choses à voir qu’une autre capitale. Presque totalement détruite pendant la guerre, son centre ville, et sa fameuse place du marché, a été reconstruite à l’identique.

Nous découvrons une super guesthouse qui fête justement sa première année d’opération avec Martin le plus dynamique des polonais. Durant nos voyages en Europe, nous descendons souvent dans ces guesthouses, appartements en centre ville rénovés et pouvant accueillir une vingtaine de routard à des prix très abordables… Chaleureux et bien situés à mi chemin entre un hôtel et le fameux coach surfing qui se développe à toute vitesse partout dans le monde.
Synagogue Nozik

Nous profitons du retour du beau temps pour parcourir à pied la Voie Royale du relie les deux châteaux royaux, dont l’un est toujours le siège de la Présidence polonaise.

La Pologne a fourni de grands hommes, et notamment le moine Copernic qui a mis en doute l’héliocentrisme et ainsi ouvert la voie à Galilée. Les enfants découvrent avec bonheur l’incroyable musée interactif Copernic, complètement orienté vers les enfants et leur initiation ludique à la science à travers plus de 300 expériences… Ils se sont régalés !

Mais Varsovie c’est aussi pour nous la dramatique histoire de son ghetto de 1941 à 1943 qui a accueilli plus de 300.000 juifs. Il ne reste rien qu’une unique synagogue, la synagogue Nozik que nous visiterons recueillis et émus. Elle est la seule à avoir été préservée et rouverte.

Il faut pourtant imaginer qu’avant la Shoah, un tiers des habitants de Varsovie était juif. Le ghetto s’est révolté en 1943 avec une insurrection intense mais malheureusement impuissante. La totalité de ses habitants a été exterminée dans les différents camps de concentration.

Copernic

Nous trouvons d’ailleurs que les sites de « mémoire » sont trop rares dans la ville comme si la Pologne voulait effacer toute trace physique de ce génocide. Nous percevons « un déni de mémoire », les communautés juives ashkénazes ayant pourtant profondément et durablement contribué aux développements des nations européennes.







Orgue de la cathédrale - Chopin y aurait joué dessus

lundi 1 juillet 2013

Vilnius... la baroque

Après Tallinn l’Hanséatique, Riga et son Art Déco, nous découvrons, sous la pluie, Vilnius la baroque. Vilnius est la ville baroque la plus au Nord, bien éloignée de ses racines transalpines…


Premier pays catholique de notre itinéraire, la Lituanie et sa riche histoire de 800 ans a été le dernier pays européen à être christianisé au XIIIème siècle.
En 1386, un mariage entre le grand-duc de Lituanie, Jogaila et la princesse de Pologne, Hedwige crée ainsi l’Union de Pologne-Lituanie qui aboutira en 1569 à la création de la République des Deux-Nations. Cette union conduit à une forte acculturation polonaise. Le Grand Duché de Lituanie perd alors peu à peu de son autonomie dans la fédération jusqu'à être complètement intégré à la Pologne en 1791. A la fin du XVIII, avec le partage de la Pologne, la Lituanie est alors intégrée à l’empire russe jusqu'à son indépendance en 1918.
La nouvelle république disparaît une nouvelle fois en 1940 par l'occupation de l’URSS au début de la Seconde Guerre Mondiale et conformément au pacte germano-soviétique d'août 1939. Puis pendant quatre ans (1941-1944), le pays sera sous occupation allemande de quatre ans qui exterminera la totalité de la communauté juive, une des plus importantes d’Europe. Au XVII et XVIIIème siècles, Vilnius était un des centres d’études hébraïques les plus réputés du monde. Vilnius était d’ailleurs appelée la « Jérusalem du Nord ».
La Lituanie est ensuite à nouveau absorbée par l'URSS de 1944 à 1990. Sa résistance au communisme a été tragique et exemplaire. Pendant huit ans plusieurs dizaines de milliers de militants vont se battre contre l’occupant, en espérant en vain, une aide de l’Occident. Epuisés, vaincus, les survivants seront exilés en déportés en Sibérie.
Prison du KGB
Centre d'écoute du KGB
Le musée du Génocide, unique musée dans un des anciens pays de l’URSS qui revient sur cette période, raconte cette occupation et la résistance nationale. Il est d’ailleurs logé dans l’ancien bâtiment du KGB et a préservé en l’état les pièces, et les cellules et a pu reconstituer quelques archives. L’Eglise catholique lituanienne a payé un très lourd tribut à la répression.

L’édifiante « Colline aux croix », où nous n’irons pas par manque de temps nous le rappelle. Régulièrement les soviétiques détruisaient cette colline centenaire, recouverte de milliers de croix de toutes sortes, et le lendemain, les croix réapparaissaient toujours plus nombreuses.
En 1989, La Lituanie est le premier pays, membre de l’URSS, a se lancer dans la reconquête de son indépendance, pacifiquement et aussi en chantant ! La fameuse chaîne humaine qui a rassemblé un million et demi de baltes sera initiée de Vilnius… Il faudra cependant attendre la chute de l’URSS pour que son indépendance soit reconnue par Moscou.

A cet égard, leur épique victoire en Basketball – sport national - en 1992, aux Jeux Olympiques de Barcelone, pour la médaille de bronze contre… la Russie a valeur de symbole national et a été fastueusement fêtée.
La République de Lituanie est membre de l’Union Européenne depuis 2004 et fait partie de Schengen depuis fin 2007. Elle devrait adopter l’Euro dans les années à venir. Quelle revanche sur l’histoire récente !

Nous avons la chance de découvrir la ville avec Leva, une bonne amie de la famille élargie, croisée dans notre Aveyron. Les retrouvailles se font devant l’imposante cathédrale baroque. On en pouvait rêver mieux pour nous faire découvrir quelques authentiques recoins de Vilnius. Son sourire si contagieux compense largement la pluie qui redouble !

Pétillante, généreuse et francophone, nous commençons notre découverte avec Leva par les restes du château sur la colline d’où s’offre la plus jolie vue de la ville. Une multitude de clochers et de façades pastels, que les lituaniens comparent à Florence. La très rare église Saint Anne de style gothique en brique rouge. Une amicale pensée à la si unique marraine de Timothée !

Puis, nous visitons l’université, les trésors cachés des églises, des rues dédiées aux artistes, et notamment la République d'Uzupis - assez pâle copie de Christiansen à Copenhague - et enfin la porte de l’Aurore qui abrite une vierge dorée miraculeuse, haut lieu de pèlerinage.

Pour finir, nous nous régalons de la savoureuse et nourrissante cuisine lituanienne, notre préférée des pays baltes.
Au petit matin, nous sommes tous réveillés en sursaut par un bruit sourd puis par des hurlements… Justine vient de tomber sur la tête du lit superposé qu’elle partageait avec Augustin. Pendant tout le voyage, la répartition des lits s’est bien passée. Justine préférant les hauteurs ! Cette nuit là, elle révait qu’elle volait comme les cigognes aperçues sur les clochers dans ces pays baltes ! Visage bien tuméfié… Belle inquiétude mais le soir même elle remonte sur le même lit ! Pas de traumatisme donc !

Nous passons découvrir la collection de petites voitures de Rimas, le mari de Leva. Une cinquantaine de petits modèles en miniatures des plus belles voitures européennes et américaines du siècle dernier. Augustin reste sans voix !

Avec Leva et son mari Rimas, nous partons visiter un musée ouvert qui regroupe et protège les habitats des différentes régions de la Lituanie. Splendide parc, bien paisible, où campent plein de groupes de jeunes scouts lituaniens. Puis nous partons découvrir l’incroyable château de Traikai, qui date du XIVè et qui a été entièrement reconstruit et restauré il y a quelques années. Il est situé sur une belle île à une vingtaine de kilomètres de Vilnius, ce qui en fait un des spots les plus appréciés par les lituaniens et les touristes. Magnifique et instructif !

Merci vivement à Leva et Rimas pour leur disponibilité et leur amitié. Découvrir une ville dans ses conditions, c’est idéal pour avoir envie d’y revenir et de vous recevoir là où nous serons !

Nous partons, en train, à Varsovie… 10 heures de train, deux changements entre ces deux capitales ! L’Europe est en marche !









vendredi 28 juin 2013

Riga et son splendide patrimoine Art Déco

L’histoire de la Lettonie au XXème siècle a été tragique. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle est tour à tour occupée par les russes, en 1940, - 15.500 Lettons sont alors déportés dans les goulags - puis, en 1941, par les Allemands – 15.000 juifs lettons seront alors exterminés par les sauvages Einsatzgruppen, à travers l’épouvantable Shoah par balles.

La Shoah par balle est relativement moins connue en Europe de l’Ouest parce qu’elle a sévi plutôt sur le front Est. Créés dès l’Anschluss, les Einsatzgruppen - unités allemandes mobiles – avaient comme mission de tuer tous les opposants à la politique d’assimilation allemande, tout particulièrement les juifs, les tsiganes, les handicapés et les différents fonctionnaires et l’élite locale… Le nombre de victimes de ces tueries de masse est estimé entre 1.000.000 et 1.400.000..

Après son annexion en 1944 par l’URSS, la Lettonie connaît une phase de répression stalinienne qui enverra près de 2% de sa population dans des camps en Sibérie. Les autorités soviétiques lanceront en même temps une phase de russification intensive.


La Lettonie acquiert son indépendance en 1991, avant l’effondrement de l’URSS, puis après une période difficile du fait du sevrage avec l’URSS, elle rebondit assez bien pour figurer aujourd’hui parmi les bons élèves de l’UE. Elle devrait adopter l’Euro l’année prochaine.

Comme ses voisins baltes, entre 1991 et 2011, le pays a perdu presque un quart de sa population à cause d’un taux de fécondité extrêmement faible et un solde migratoire négatif.

Nous apprécions particulièrement cette ville avec ses splendides bâtisses Art Déco du début du siècle. Les plus belles sont l’œuvre du père du glorieux cinéaste russe, Eisenstein ! Sacrée famille !



L'Art déco est un mouvement artistique né au cours des années 1910 et qui a pris son plein épanouissement au cours des années 1920 avant de décliner à partir des années 1930. Il fut extrêmement vivace surtout dans les Arts décoratifs, l'architecture, le design, la mode et les costumes, mais concerna en fait plus ou moins toutes les formes d'arts plastiques. Il est le premier style à avoir eu une diffusion mondiale. Sans leader véritable ni théorie, ce style fut critiqué dès ses premières années pour sa superficialité. Il était particulièrement employé pour tous les édifices devant valoriser l'image de son commanditaire ou évoquant les loisirs : l'architecture commerciale (boutique, siège social, etc.), les théâtres et cinémas, mais aussi l'architecture domestique (le décor servant de signe de distinction sociale). Touchant d'abord les classes les plus aisées, il se propagea rapidement dans l'ensemble du corps social et devint très populaire.  (Sources Wikipedia).


La ville a su préserver ce patrimoine exceptionnel, un des plus riches du monde !

Riga c’est aussi pour nous, les retrouvailles tant attendues avec Bonne Maman (Mam’s) et le filleul Nicolas, venus nous retrouver pour nos derniers jours de voyage… Les enfants attendaient ce moment depuis quelques semaines.

A peine débarquée, Mam’s veut déjà tout voir… Riga est déjà trop petite ! Infatigable, elle enchaine les monuments, guide à la main et elle a toujours une anecdote à raconter aux enfants. Merveilleux !


Le lendemain, nous partons en bus local, à 70 km de Riga, découvrir le superbe château baroque de Rundale, magnifiquement restauré : un petit Versailles, dessiné en 1736 par le même architecte que l’Hermitage de St Petersburg, un italien bien sûr, Rastrelli, pour qu’un conte retrouve discrètement sa maitresse russe, qui n’était autre que l’impératrice Anna Ivanovna ! Splendide et romantique ! 





lundi 24 juin 2013

Tallinn l’hanséatique…


Nous prenons donc à Moscou, le train direction Tallinn (14 heures). Nous passons la nuit dans des sièges assis. Timothée s’endort épuisé dans la dernière valise ouverte qui nous reste ! La nuit et courte mais le passage de frontière est assez facile. Nous rentrons « chez nous », dans l’espace Schengen. Sacrée invention Schengen et l’Union Européenne !

Après l’immense Russie, notre périple se poursuit en train et bus donc entre les capitales européennes des pays baltes puis Varsovie et Berlin.



L’Estonie est indépendante depuis 1991. Leur révolution a été pacifique et chantante ! Les innombrables chansons en Estonie appartiennent au patrimoine culturel. Elles ont survécu aux multiples occupations au cours de l’histoire estonienne (occupation danoise, russe, suédoise, polonaise ou allemande). Elles avaient donc été « tolérées » par le régime soviétique. En 1989-1991, les Estoniens se regroupaient donc sur les places publiques pour chanter et demander… l’indépendance. Astucieux ! Qui pourrait interdire des dizaines de milliers de personnes qui chantent leur patrimoine de façon pacifique… Avec les deux autres pays baltes, la Lettonie et la Lituanie, ils ont formé une chaine humaine de 600 km et de 1,5 million de personnes pour demander le départ des russes. Les images ont fait le tour du monde et à la chute de l’URSS, L’Estonie devient « gaiement » indépendante.

Ils ont intégré très rapidement l’OTAN, l’UE, Schengen et l’Euro ! C’est actuellement un des rares bons élèves européens en matière de croissance et de dépenses publiques. Avec un taux de taxation le plus bas d’Europe, ils continuent à attirer quelques investisseurs. Ils connaissent cependant un solde migratoire négatif malgré un chômage assez faible et une incontestable qualité de vie !

Leur langue est très proche du Finlandais, dont ils arrivaient à écouter, en cachette et à leur risque et péril, les radios et télévisions pendant l’occupation soviétique. Helsinki est seulement à 80 km de Tallinn. Leur hymne national est d’ailleurs le même que celui de Finlande, avec des paroles en plus !

Peuplée de 1,3 million seulement, l’Estonie est « l’E-country » par excellence. Le Wifi est disponible, même en pleine forêt et ils sont les inventeurs et développeurs de Skype (ce qui explique ce nom étrange et difficilement prononçable !).

 
Seulement 13% se disent luthériens, 12% orthodoxe (minorité russe) et le reste se revendique athée. Sur Tallinn, dans le centre ville classé au Patrimoine mondial de l’humanité, les plus beaux les plus grands bâtiments sont les églises des différentes confessions !

Tallinn est petite, entourée de beaux remparts, très bien conservée malgré des bombardements russes en 1944 (elle était alors occupée par la Wehrmacht). C’est une ancienne cité hanséatique. Cette incroyable ligue de commerçants du Nord de l’Europe, qui date du XII au XVIIè siècle, est l’ancêtre du Marché commun ! La croissance de la ligue hanséatique a lieu dans un monde où colonisation et évangélisation vont de pair. Elle est particulièrement liée à la montée des Chevaliers teutonique, ordre militaire chrétien.

Ligue hanséatique et royaumes teutoniques

Nous profitons avec bonheur de ces marches dans une ville pittoresque. Nous louons aussi vélo et trottinette locale… L’intrépide Augustin se « mange » un abri bus, trop curieux d’admirer de beau jumeaux en poussette ! Vélo crevé et plus vraisemblablement cassé.        On fini donc les derniers kilomètres les uns sur les vélos des autres, avec d’autres belles chutes sur le chemin ! On accroit donc notre belle collection de « bleus ». Formidable !
Maman pendant ce temps  visitait et priait dans les églises de Talinn.

Pour découvrir le reste du pays, nous louons un minibus et nous partons à l’Est (Parc National de Laheema) et le lendemain à l’Ouest pour constater l’incroyable respect du pays pour son patrimoine naturel et pour nous plonger dans la Baltique, pas aussi fraiche que le lac Baïkal. Les enfants se régalent… et les Estoniens aussi. Ces plages étaient rigoureusement fermées au public pendant l’ère communiste… Il y avait donc, tout autour de cette Baltique, un autre rideau de fer, sur les plages.
 

Nous avons la chance d’être dans les pays baltes pour la Saint Jean, véritable fête millénaire fériée dans les trois pays baltes. Nous assistons donc, dans un splendide musée traditionnel en plein air, au immense feu de bois de la Saint Jean, autour duquel, évidemment tout le monde… chante !